La résistance pacifique pour survivre en tant que peuple rwandais
En plus de nos actions habituelles devant l’Ambassade du Rwanda (« Rwanda House »), le projet « Exister, c’est résister » consistait à organiser, à Bruxelles, une série de manifestations pacifiques d’environ 2h30 chacune (au rythme d’une manifestation tous les 15 jours, soit 24 pour toute l’année) devant les ambassades américaine et britannique et ainsi que devant le Conseil de l’Europe. Cette action était destinée à sensibiliser les gouvernements britannique, américain et leurs alliés européens afin qu’ils suspendent tout soutien à la dictature du président rwandais Paul Kagame.
Suite à l’admission du Rwanda au Commonwealth le 29/11/2009, alors que ce pays vivait la pire dictature militaire, le Coordinateur du CLIIR, MATATA Joseph a pris la responsabilité d’inviter à résister ensemble tous les rescapés Twa, Tutsi et Hutu ainsi que tous les témoins directs et indirects de ces crimes de masse. Où qu’ils résident : en Europe, aux USA, au Canada, en Afrique ou dans d’autres pays de la planète, ils étaient appelés à résister face à la détermination des forces économiques qui ont visiblement planifié le dépeuplement criminel du Rwanda et de l’Afrique des Grands pour mieux piller les richesses naturelles par la force, la terreur et la manipulation sous une nouvelle formule de colonisation déguisée. Le Commonwealth, réuni en sommet à Trinité-et-Tobago, dans les Caraïbes, a confirmé, le dimanche 29/11/2009, l’adhésion du Rwanda.
De tradition francophone, le Rwanda devient le 54ème pays du Commonwealth et il est le deuxième pays, après le Mozambique, à rejoindre le Commonwealth, sans avoir jamais été colonie britannique ni entretenir de lien constitutionnel avec la Couronne britannique. Cette admission forcée, aveugle, arrogante et non conditionnée au respect des valeurs prônées par le Commonwealth, démontre que le Gouvernement britannique vient d’obtenir l’intégration forcée non d’une nation souveraine mais d’une nouvelle colonie britannique déguisée en pays dit « indépendant ».
Depuis 1994, le Rwanda a été confié à une oligarchie conduite par l’actuel Président rwandais Paul Kagame et composé de chefs militaires et politiques du Front Patriotique Rwandais (FPR) formatés et entraînés en Ouganda. Ces militaires sont impliqués dans les crimes très graves y compris de génocide. Une quarantaine d’entre eux font l’objet de 40 mandats d’arrêt internationaux délivrés le 06/02/2008 par le juge espagnol Andreu Merelles et 9 autres délivrés le 17/11/2006 par le juge antiterroriste français Jean Louis Bruguière.
Tous ensembles, nous devons résister et survivre face aux réseaux de prédateurs africains et leurs alliés occidentaux qui se comportent comme à l’époque de l’esclavage et du colonialisme. Notre objectif est de les convertir à plus d’humanisme par des actions non violentes mais déterminantes et décisives.
En tant que peuple rwandais, menacé d’extermination, nous avons le droit et le devoir de résister et de survivre pour ne pas disparaître en tant que peuple agressé et exploité collectivement. Depuis près de 20 ans, nous subissons une guerre économique que des prédateurs britanniques et leurs alliés ont imposée à nos peuples pour nous piller, nous asservir, nous terroriser et dépeupler notre Région de l’Afrique des Grands Lacs (RAGL).
Ce système criminel de s’enrichir par l’extermination des autres peuples n’a été créé ni par la nature ni par Dieu, ce sont les hommes cupides qui l’ont fait, et nous pouvons donc le changer tous ensemble. Nous devons apprendre à résister à ces prédateurs tous ensemble, sinon nous allons disparaître tous ensemble comme des idiots. Une telle guerre qui créé le chaos chez des peuples pacifiques, Gandhi1 l’a définie dans ces termes :
« Un conflit armé entre nations nous horrifie. Mais la guerre économique ne vaut pas mieux qu’un conflit armé. Ce dernier est comme une intervention chirurgicale. Une guerre économique est une torture prolongée. Et ses ravages ne sont pas moins cruels que ceux que décrivent si bien les ouvrages sur la guerre. Nous nous préoccupons moins de la guerre économique parce que nous sommes habitués à ses effets mortels. (…) Le mouvement contre la guerre est juste. Je prie pour sa réussite. Je crains pourtant qu’il ne soit voué à l’échec s’il ne s’en prend pas à la racine du mal : l’avidité humaine ».
La cupidité de nos agresseurs et actuels colonisateurs, par marionnettes interposées, a provoqué des crimes et des génocides.
Un constat très amer avait justifié la tenue de cette série de manifestations:
Le bilan macabre illustrant la complicité et/ou l’indifférence de l’ONU et de certains pays occidentaux :
– 4 présidents de la République, tous noirs africains et francophones, assassinés sur une période de 8 ans : le Président du Burundi Melchior Ndadaye, tué le 23 octobre 1993, les Présidents Juvénal Habyarimana du Rwanda et Cyprien Ntaryamira du Burundi tués avec leurs proches collaborateurs dans l’attentat aérien du 6 avril 1994, ainsi que le Président congolais Laurent Désiré Kabila tué le 16/01/2001 dans son palais à Kinshasa, en République Démocratique du Congo (RDC).
– 6 évêques et des centaines de religieux catholiques tués dans les trois anciens colonies et pays sous tutelle belge au Rwanda (4 évêques tous Hutu), au Burundi (1) et en RDC (1).
– Massacres de centaines de milliers de civils innocents (toutes ethnies confondues) depuis octobre 1990 qui ont atteint leur paroxysme avec le génocide du printemps 1994.
– Plus de 200.000 réfugiés rwandais tués dans les camps à l’Est du Congo en 1996 et 1997.
– Plus de 5 millions de citoyens congolais morts en RDC depuis les guerres de 1996 et 1998.
– Des dizaines de témoins gênants occidentaux et africains assassinés : dont 9 missionnaires et humanitaires espagnols, 2 prêtres catholiques canadiens, des observateurs de l’ONU (au moins 5 tués en 1997) et des humanitaires occidentaux, 1 prêtre catholique croate, etc…. ».
Sauf les seuls condamnés Hutu, jusqu’à ce jour, les auteurs Tutsi et autres de ce bilan macabre n’ont jamais été poursuivis ni par les tribunaux rwandais, ni par les tribunaux ad hoc de l’ONU. Et pourtant …, l’ONU a créé une commission spéciale pour enquêter sur l’assassinat de l’ancien Premier Ministre libanais Rafic HARIRI malheureusement assassiné 14/02/2005.
Chers compatriotes (toutes ethnies confondues), tous ensemble défendons nos droits et nos libertés publiques garantis par l’article 2 de la Déclaration des droits de l’homme et du citoyen du 26 août 1789 qui énumère les quatre droits naturels de l’homme : « Le but de toute résistance populaire est la conservation des droits naturels et imprescriptibles de l’homme. Ces droits sont la liberté, la propriété, la sûreté et, précisément, le droit de résister à l’oppression ».
C’est aujourd’hui qu’il faut réagir et arrêter le chaos, les guerres et les génocides qui déciment les peuples noirs de l’Afrique des Grands Lacs. Si nous sommes incapables d’agir avec détermination et abnégation pour arrêter le dépeuplement criminel de nos pays, les rares rescapés de ces crimes, qui sont perpétrés sous nos yeux ou avec notre complicité ou dans notre indifférence criminelle, apprendront dans les livres d’histoire la disparition de leurs peuples. Exactement comme nous apprenons aujourd’hui l’extermination tragique des aborigènes d’Australie, des Indiens, des Incas, des Mayas de l’Amérique ou des populations Héréros de Namibie.
Remarque : Sur les 24 manifestations prévues pour toute l’année 2010, nous en avons finalement réalisé quinze (15). Notre planification a été perturbée par l’emprisonnement de tous les chefs de l’opposition démocratique au Rwanda. Le CLIIR a dû tenir compte des agendas de ses partenaires pour renforcer le combat sur d’autres fronts.
« Ce n’est pas parce que les choses sont difficiles que nous n’osons pas les faire, c’est parce que nous n’osons pas les faire qu’elles sont difficiles » (Sénèque, écrivain et philosophe romain, 4av JC- 65).
« N’essayez pas de devenir un homme qui a du succès. Essayez de devenir un homme qui a de la valeur » (Albert Einstein, physicien allemand, 1879-1955).
Bruxelles, le 18 janvier 2010
Pour le Projet « 24 Manifs : "Exister, c’est Résister" » ,
MATATA Joseph, Coordinateur du CLIIR.
1 M.K. Gandhi dans « Non-violence – The Greatest Force », 1926. Gandhi est un homme d’État indien né en 1869 et assassiné en 1948 parce qu’il avait réussi à libérer son peuple du joug britannique, sans violence.