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#1 Le cas de Monsieur Eugène NGABWA, un veuf du génocide

Fils d’un ancien bourgmestre Hutu décédé avant le génocide. Initialement condamné à 27 ans de prison par le tribunal GACACA, il a finalement été condamné en appel à 25 ans le 15/02/2007

 

QUINZAINE CONSACREE AUX VICTIMES DU MENSONGE, DE L’INJUSTICE ET DE L’IMPUNITE 


Il est le fils d’un ancien bourgmestre Hutu décédé avant le génocide.
Le 5 octobre 2006, à l’issue de son procès en appel, Monsieur Eugène NGABWA (47 ans) a été condamné arbitrairement à 27 ans de prison par le tribunal GACACA du secteur de MUNANIRA, district GISAGARA, province du Sud au Rwanda. Il a interjeté appel et il fut condamné à 25 ans de prison le 15/02/2007.

Ce rescapé du génocide est un métis Hutu-Tutsi (de père hutu et de mère tutsi) qui a perdu sa femme Yvonne KABAGWIRA (30 ans) et ses trois enfants Germaine Uwamahoro (7 ans), Gakunzi (5 ans) et Gatsinzi (3 ans). Ils ont été noyés dans la rivière Nyabarongo le 21 avril 1994 par les miliciens Hutu du secteur Bugoba dans l’ancienne commune de Taba en préfecture Gitarama alors qu’ils avaient été bloqués depuis le 10/04/1994 chez le beau père d’Eugène Ngabwa, Monsieur BWANAKWELI François (père d’Yvonne).

Les détails concernant Monsieur Eugène NGABWA sont rappelés dans notre communiqué n° 98/2006 publié le 31 octobre 2006 sous le titre : « Un tribunal GACACA condamne à 27 ans de prison un rescapé qui a perdu sa femme et ses trois enfants pendant le génocide » .

Avec un avertissement libellé dans ces mots : « Savoir travestir la vérité, marchander des « aveux truqués », nouer et exploiter des intrigues, comploter et mentir sont des arts fort pratiqués dans les GACACA ».

Voici les recommandations envoyées aux autorités rwandaises lors de la publication de ce communiqué :

RECOMMANDATIONS : Le Centre recommande instamment :

1)      Que les autorités rwandaises respectent l’esprit et les principes de la juridiction traditionnelle Gacaca qui est fondée sur la recherche de la vérité. Elle est exprimée dans les proverbes suivants :
– « ukuri guca muziko ntigushye » (la vérité en sort intacte même si elle passe à travers un feu ardent).
– « ujya gukiza abavandimwe arararama » (celui qui est amené à trancher un différend entre deux frères, se garde de les regarder).
– « Ababurana ari babiri umwe abayigiza nkana » (dans un différend opposant deux personnes, l’une d’elles le fait exprès, elle sait qu’elle doit perdre)

2)      Que l’art de mentir et de manipuler les témoins du génocide et les détenus en aveux soit banni des juridictions GACACA avant qu’il ne provoque des nouveaux conflits au sein de la population.

3)      Que Messieurs Eugène NGABWA et son cousin Emmanuel IYAKAREMYE soient libérés immédiatement et sans conditions puisqu’ils n’ont commis aucun crime.

4)      Que Madame Astérie MUKAKIBIBI, président du tribunal Gacaca d’appel de Munanira, soit sanctionnée pour avoir couvert ouvertement un complot contre des innocents.

5)      Que tous les témoins à décharge soient protégés contre toute pression et contre le harcèlement des « syndicats de délateurs » et de toutes les forces négatives qui exploitent les tribunaux GACACA pour violer les droits humains et les libertés publiques.

Le CLIIR vous invite à prendre connaissance de tout le communiqué attaché au présent dossier.

Fait à Bruxelles, le 26/11/2017

Joseph MATATA, Coordinateur du CLIIR

CLIIR* : Le Centre de Lutte contre l’Impunité et l’Injustice au Rwanda est une association de défense des droits humains basée en Belgique, créée le 18 août 1995. Ses membres sont des militants des droits humains de longue date. Certains ont été actifs au sein d’associations rwandaises de défense des droits humains et ont participé à l’enquête CLADHO/Kanyarwanda sur le génocide de 1994. Lorsqu’ils ont commencé à enquêter sur les crimes du régime rwandais actuel, ils ont subi des menaces et ont été contraints de s’exiler à l’étranger où ils poursuivent leur engagement en faveur des droits humains.