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Com001/1996 : Mise en garde contre « les Syndicats de délateurs »

Notre Centre, créé dans un souci de plaider pour une justice sereine et équitable pour tous les rwandais, met en garde tous les enquêteurs nationaux et internationaux contre les Syndicats de délateurs rwandais qui pullulent et sévissent tant au Rwanda qu’à l’Etranger.

Le climat de délation:
Notre Centre, créé dans un souci de plaider pour une justice sereine et équitable pour tous les rwandais, met en garde tous les enquêteurs nationaux et internationaux contre les Syndicats de délateurs rwandais qui pullulent et sévissent tant au Rwanda qu’à l’Etranger.
Sous le Régime du dictateur Habyalimana, la justice rwandaise n’a jamais été indépendante et neutre, mais les délateurs de cette époque étaient essentiellement et souvent des responsables administratifs et judiciaires inféodés au régime "pro-hutu" en place. Aujourd’hui sous le nouveau régime rwandais, des veufs, des orphelins, des militaires, des miliciens tutsi et des simples citoyens ont été sensibilisés (pour certains rescapés du génocide), forcés (pour d’autres rescapés de la guerre et la répression aveugle qui perdure encore), encouragés et sollicités pour se constituer en "associations ou syndicats de délateurs".
Ces "Syndicats de délateurs" sont couramment utilisés dans la constitution de faux témoignages et faux dossiers pour:
– permettre à l’Armée Patriotique Rwandaise (APR) et sa branche de renseignements militaires "Department of Military Intelligence (DMI) à sévir contre tous les hutus en général (considérés comme des ennemis du nouveau régime) et plus particulièrement contre des "anciens opposants hutus" rescapés du génocide, des massacres, de la guerre et de la répression aveugle de l’Armée Patriotique Rwandaise APR.
– faciliter et favoriser les arrestations et détentions arbitraires (±90% des 70.000 prisonniers rwandais n’ont pas fait l’objet d’une enquête préliminaire). Chaque militaire ou milicien tutsi (puisque le Front Patriotique Rwandais (FPR) en a créé aussi) est autorisé à arrêter et faire incarcérer des gens sans même les interroger ou les informer des motifs de leur arrestation. Les magistrats des Parquets n’ont aucun pouvoir de s’opposer à ces pratiques mafieuses de l’APR, des encadreurs politiques et miliciens du FPR présents et puissants dans les villes et les villages.
– permettre et faciliter la confiscation ou l’occupation illégale des biens appartenant aux personnes arrêtées injustement. Ce phénomène pousse aujourd’hui une bonne partie de hutu innocents et impuissants à s’exiler du pays et décourage la grande majorité de réfugiés hutus à retourner au Rwanda.
– intimider et éliminer des éventuels et futurs opposants au nouveau régime "pro-tutsi".
Ce climat de délation, encouragé et entretenu par les détenteurs du "pouvoir occulte", est responsable de la terreur qui s’exerce aux membres du Gouvernement, du Parlement et de la Magistrature sans "pouvoir réel". Toutes les "Institutions de l’Etat Rwandais” actuel (sauf l’APR) ne jouissent d’aucune autorité et souveraineté et restent paralysés et noyautés par les extrémistes tutsi. Ce sont en fait des Institutions de façade.
Le "pouvoir réel" est exercé par un tout petit "noyau de chefs militaires et hommes d’affaires" extrémistes qui n’ont qu’un seul objectif: garder le pouvoir et accéder à l’avoir.
Dans certaines régions du pays (comme dans les préfectures de Butare, Kibuye, Gitarama, Kigali, Byumba et Kibungo) parfois ces délateurs sont même entraînés et invités à "exécuter des scènes d’affliction et de pleurs" pour justifier des poursuites ou des arrestations arbitraires.C’est suite à des scènes pareilles que deux députés hutu, GASAMAGERA Evariste (Parti PSD) et SEBARAME J.Baptiste (Parti MDR) ont été suspendus et "qualifiés de génocidaires" parce qu’ils n’acceptaient pas les manipulations de lois visant à limiter les droits et libertés fondamentaux des personnes. C’est de cette façon que des extrémistes rwandais exilés à l’Etranger ont créé des associations ou des groupes de pression (lobby) chargés :
– de manipuler et désinformer l’opinion internationale sur la situation politique et des droits de l’homme au Rwanda;
– de mener une lutte sans merci contre des opposants aux régimes extrémistes rwandais (campagnes de diffamation par des listes noires, actions en justice, chantage, intimidations des services administratifs des pays qui ont accueilli les nouveaux réfugiés rwandais, etc…);
Conclusion et Recommandations:
Considérant ce qui est évoqué ci-dessus, la Communauté nationale et internationale se trouve en face de lobbyistes rwandais et étrangers sans scrupules et motivés par des intérêts partisans. Il résulte de ces attitudes partisanes (de la part des amis étrangers) une polarisation dévastatrice de la Société Rwandaise qui ne fait que nuire à la paix, la justice, la réconciliation et la reconstruction au Rwanda. Certains extrémistes rwandais vont même jusqu’à nier ou atténuer le génocide et les massacres (négationnistes et révisionnistes), tandis que d’autres banalisent le génocide en l’exploitant pour des fins sociopolitiques et socio-économiques. Le Centre met en garde tous les magistrats étrangers, qui se rendent au Rwanda pour conduire des enquêtes sur des présumés coupables du génocide arrêtés à l’Etranger, contre les délateurs (à la solde de certains responsables politiques et militaires) qui leur proposent leurs faux témoignages. C’est ainsi qu’au Rwanda ce qui est rumeur à la base peut finir par "servir de fausse preuve de culpabilité" et justifier toutes sortes d’abus ou de persécutions à l’encontre de personnes innocentes. Le Centre recommande "une grande perspicacité" à tous les Etats, aux Organisations internationales, et surtout aux Services qui s’occupent des réfugiés. En traitant des questions rwandaises, ils ne devraient pas se laisser influencer par des organisations ou des personnes non engagées d’une façon crédible dans la défense des droits de l’homme et de la démocratie.
Fait à Jodoigne, le 8 Mai 1996.
Pour le Centre
MATATA Joseph,
Coordinateur