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COM017/1997 : “Formule des infiltrés” à Gitarama pour massacrer les paysans hutu

Le Centre de Lutte contre l’Impunité et l’Injustice au Rwanda dénonce et condamne l’assassinat de 16 personnes en commune NYAKABANDA (préfecture Gitarama) dans la soirée du Samedi 5 juillet 1997.

Rwanda: Les extrémistes tutsis introduisent la “formule des infiltrés hutus” en préfecture GITARAMA pour inciter l’Armée à massacrer des paysans hutus dans des “opérations de représailles aveugles”.

Le Centre de Lutte contre l’Impunité et l’Injustice au Rwanda dénonce et condamne l’assassinat de 16 personnes en commune NYAKABANDA (préfecture Gitarama) dans la soirée du Samedi 5 juillet 1997. En effet, deux familles hutues ont été massacrées ainsi que leurs voisins ou amis qui étaient présents lorsqu’ils furent attaqués par des militaires APR. 

1) Mr MUSABYIMANA Thaddée, Directeur de l’école secondaire privée “La Fraternité de Ndiza”, tué avec toute sa famille et d’autres personnes venues à leurs secours.

2) Mr NKUNDABATWARE Jean-Baptiste, Coordinateur de l’A.S.B.L. “Compagnons Fontainiers Rwandais (COFORWA) tué lui aussi avec sa femme et ses cinq enfants.

3) Mr SEBAZUNGU Sylvestre, Inspecteur des Ecoles primaires de Nyakabanda.

4) Un certain SEBAZUNGU, un ami qui accompagnait Sylvestre Sebazungu et qui venait d’assister à des noces chez le nommé Musabyimana Théogène.

 

Voici le déroulement des faits:

a) Le Samedi 5 juillet, le Coordinateur de COFORWA, Mr NKUNDABATWARE J.B. avait travaillé avec ses voisins pour transporter des arbres au barrage situé sur la rivière Gatare où les habitants de la région veulent construire une centrale hydro-électrique.

Dans la soirée, il est allé prendre un verre de bière avec ses voisins dans une buvette située à 500 mètres de chez lui. Vers 20h, d’autres voisins vinrent signaler l’arrivée des militaires. Les buveurs se hâtèrent de vider leurs verres pour rentrer chez eux. Ces soldats de l’APR, disait-on, cherchaient un jeune homme du nom de Harelimana, voisin de Nkundabatware, pour lui reprendre sa carte d’identité qu’il avait reçue alors qu’il serait “rugara” (terme donné à celui qui a reçu un entraînement militaire).

b) Vers 20h30, les voisins entendirent des détonations chez J.B. NKUNDABATWARE. Des habitants, à 300 mètres de là, demandèrent à deux soldats qui étaient là “si ce n’était pas des coups de feu qui venaient de chez Nkundabatware”. Avant de s’en aller, ces soldats répondirent que ce bruit n’était pas celui des coups de feu mais qu’il s’agissait d’une porte qu’on ferme. Les habitants qui assuraient la “ronde nocturne obligatoire” sont allés voir ce qui avait fait ce bruit. Ils ont vu cinq cadavres au sol et le chef de famille Nkundabatware abattu dans son fauteuil. Son fils, BASENGE Eric, qui étudiait en 5ème année de la section médicale à Gitwe était venu visiter ses parents. Apparemment, il avait tenté vainement d’échapper au massacre, car son cadavre fut retrouvé non loin de la maison. Cela pourrait confirmer qu’une partie des tueurs avait encerclé le domicile de J.Baptiste Nkundabatware.

Les habitants ont alerté les militaires en poste non loin de là. Ils sont venus constater le carnage et sont restés sur les lieux du crime toute la nuit sans entamer les enquêtes.

c) Mr SEBAZUNGU Sylvestre et son compagnon, nommé SEBAZUNGU aussi, ont été assassinés dans la même soirée à 500 mètres du bureau communal de Nyakabanda. Ils furent tués tous les deux à l’arme blanche par un groupe de malfaiteurs. Néanmoins, un voisin, qui a requis l’anonymat, a déclaré avoir vu une vingtaine de militaires vers 20h. Ces militaires descendaient la route qui conduit chez Musabyimana Théogène (où s’était déroulé les noces) et dans laquelle Sebazungu et son ami ont été tués.

            Les habitants déplorent qu’aucune enquête officielle n’ait été menée jusqu’à présent pour identifier les auteurs. Ce qui n’a pas empêché l’Agence de Presse Rwandaise d’attribuer ces crimes à des hommes armés “soupçonnés d’être des hutus” dans son communiqué du lundi 7 juillet 1997.

Trois autres personnes ont été tuées vendredi le 4/7/97 dans la commune Mushubati, près de la ville de Gitarama. Les autorités ont accusé les infiltrés. Le 13/9/96 et le 5/11/96, les Majors NKUBITO et KWIKILIZA avaient menacé les populations de Rutobwe et Runda des actes de représailles par l’APR si elles se permettent de cacher des infiltrés hutus.

Ces assassinats de Nyakabanda rappellent ceux de RUSHASHI du 7/7/1996 dans lesquels ont été tués: le Bourgmestre de Rushashi, le Procureur près le Parquet de Rushashi tué avec sa femme et ses deux enfants, ainsi que le Directeur d’une Ecole Secondaire et leurs compagnons, soit au total 18 personnes tuées dans trois embuscades attribuées aux éléments de l’APR dont le Capitaine Gakwerere (fils naturel du Colonel Ndugute). Après ces crimes, les extrémistes tutsis se sont livrés à l’épuration dans le communes Rushashi, Musasa et Tare.

 

ANTECEDENTS: Depuis son affectation, en remplacement du S/Préfet KOLONI Placide assassiné le 27/7/95 après avoir été nommé à la S/Préfecture de Kiyumba, le S/Préfet ZIMULINDA n’a jamais cessé d’introduire et d’entretenir l’insécurité dans cette région.

– Le S/Préfet Zimulinda est un extrémiste tutsi bien connu avant le génocide rwandais.

– Engagé comme militaire du FPR dès avril 94, il figure parmi les membres des escadrons de la mort impliqués dans d’autres crimes contre l’humanité comme:

1) Les massacres de civils hutus dans les régions de Bugesera et Gitarama-Sud en juin 94;

2) L’assassinat du S/Préfet Koloni Placide, son épouse, ses deux filles et sa domestique dans la nuit du 27 juillet 1995. Koloni venait d’être nommé comme S/Préfet de Kiyumba.

3) L’assassinat du Bourgmestre de Nyabikenke, Elie Dusabumuremyi, dans la soirée du 11/07/1996 par des militaires à bord de deux véhicules de l’Armée rwandaise. Les occupants d’un des deux véhicules venaient tout juste de s’entretenir avec le S/Préfet Zimulinda.

4) Dès l’arrivée de Zimulinda, l’insécurité s’est accrue en commune Nyabikenke:

·      Assassinat en Mai 1996 de Gasana François, responsable de la cellule Kabeza (secteur Ngoma, Nyabikenke) qui se préoccupait du sort des rescapés tutsis;

·      L’assassinat d’un autre membre de cellule, Rwubaka Benoît, tué en Juin 1996 le jour de sa nomination à l’issue d’une réunion dirigée par le Bourgmestre et le S/Préfet Zimulinda. Cette réunion faisait suite aux doléances des rescapés tutsis du secteur Kabuye.

5) Le S/Préfet Zimulinda est un des auteurs des tracts qui ont déstabilisé la population et incité les rescapés tutsis de Nyabikenke à se regrouper sur de petits centres commerciaux, alors qu’ils n’étaient pas menacés. Zimulinda, est un agent des chefs militaires extrémistes qui “noyautent” l’administration territoriale pour leur plan d’élimination lente des hutus.

 

Les tueries de Nyakabanda ont un double objectif visant à réduire la population de Gitarama:

·      Eliminer les intellectuels et personnalités influentes hutus susceptibles d’encadrer les paysans et réussir ainsi à réduire la communauté hutue dans la région de NDIZA (accusée d’être le berceau de la révolution de 1959 qui a provoqué la chute de la monarchie tutsie.

·      Introduire dans Gitarama la “guerre sauvage” semblable à celle que l’APR mène contre les hutus du Nord qui ont refusé d’être exterminés en silence et font la Résistance civile

Actions à mener de toute urgence:

1.    Révoquer les responsables civils et militaires qui déstabilisent la région et entretiennent l’insécurité par l’introduction de la formule des infiltrés hutus en préfecture Gitarama.

2.    Arrêter la politique des extrémistes tutsis qui prolongent le génocide rwandais par des massacres, assassinats politiques, tortures, délation et emprisonnements arbitraires.

Pour le Centre, MATATA Joseph, Coordinateur.