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Com048/1999 : MUSABE P. assassiné par un commando à YAOUNDE, Cameroun

Le Centre de Lutte contre l’Impunité et l’Injustice au Rwanda est consterné d’apprendre l’assassinat de Monsieur Pasteur MUSABE, survenu dans la nuit du 14 au 15 février 1999 à Yaoundé (CAMEROUN).

Assassinat de M. Pasteur MUSABE à YAOUNDE au Cameroun par un commando dans la nuit du 14 au 15/02/1999

Le Centre de Lutte contre l’Impunité et l’Injustice au Rwanda est consterné d’apprendre l’assassinat de Monsieur Pasteur MUSABE, survenu dans la nuit du 14 au 15 février 1999 à Yaoundé (CAMEROUN). Monsieur Pasteur MUSABE a été attaqué par un groupe de malfaiteurs qui l’attendaient devant son domicile, alors qu’il venait de passer une soirée avec des amis. Trois individus l’ont neutralisé, bâillonné, tordu le cou, et lui ont asséné plusieurs coups de couteau. Monsieur MUSABE a crié pour appeler au secours, mais les voisins qui ont voulu intervenir ont été menacés de mort par les assaillants.       
Monsieur Pasteur MUSABE est un ancien Directeur général de la Banque Africaine Continentale du Rwanda (BACAR) à Kigali. Il est né en 1949 à Rubari en commune Giciye, préfecture GISENYI dans le Nord-Ouest du Rwanda.

            Il avait été emprisonné au Cameroun le 29/03/1996, parmi les 12 rwandais présumés « génocidaires ». Il a été libéré suite à une décision rendue en date du 21/02/1997 par une juridiction camerounaise, tandis que quatre (4) de ses anciens co-détenus étaient transférés à Arusha au Tribunal Pénal International pour le Rwanda sis à Arusha en Tanzanie.

            Le beau-frère de Monsieur Pasteur Musabe, Monsieur Célestin SEBULIKOKO, s’est réfugié durant les événements de 1994 dans la zone de Byumba contrôlée par le Front Patriotique Rwandais (FPR). Il y a été tué par les militaires du FPR. Pasteur Musabe se préparait à prendre un vol le jeudi 18 février 1999 à destination de l’Europe, où son épouse a sollicité la reconnaissance du statut de réfugiée. Les proches parents et amis de Pasteur MUSABE soupçonnent les commandos de la mort du Front Patriotique Rwandais (FPR).
               
Les motifs de son assassinat sont divers :
Voici quelques unes des hypothèses avancées:
a) Monsieur MUSABE avait commencé à rassembler des documents et des témoignages sur la tragédie rwandaise, et venait d’achever le manuscrit d’un livre. Ses assassins auraient voulu en empêcher la publication.

b) Monsieur MUSABE est le petit frère du Colonel Théoneste BAGOSORA impliqué dans le génocide rwandais. Ne pouvant pas atteindre son grand frère Bagosora détenu par le Tribunal Pénal International d’Arusha, les commanditaires de cet assassinat auraient voulu se venger peut-être sur un autre membre de la famille comme cela arrive souvent au Rwanda.

c) Etant un ancien Directeur général de la BACAR,  Pasteur MUSABE a travaillé avec l’ancien Président du conseil d’administration et l’actuel actionnaire principal de la BACAR, M. Valens KAJEGUHAKWA, un des hommes les plus riches du Rwanda. Monsieur Pasteur MUSABE fut aussi un collègue de travail de M. Pasteur BIZIMUNGU actuel Président de la République rwandaise et Vice-Président du Front Patriotique Rwandais. Lorsque Messieurs Valens Kajeguhakwa et Pasteur Bizimungu fuirent le Rwanda en 1990, leurs biens immobiliers furent vendus aux enchères dont notamment l’ancienne maison du président Pasteur Bizimungu qui l’a « squattée » aussitôt que le FPR a pris le pouvoir au Rwanda en juillet 1994.
            Bien que cet assassinat pourrait constituer un règlement de compte économique, il n’est pas exclu qu’il pourrait aussi s’agir d’un assassinat politique, comme ceux qui l’ont précédé et qui ont emporté de nombreux intellectuels et cadres hutu au Rwanda et à l’étranger.

Les commandos de la mort du FPR ont déjà fait plusieurs victimes à l’Etranger:

            Le Centre a dénoncé à maintes reprises, l’envoi par le FPR, des commandos de la mort attachés à l’External Security Office (ESO) pour traquer tous ceux qui sont trop critiques à l’égard du régime rwandais. Rappelons entre autres :

1) Le 26/02/1996 : Tentative d’assassinat de l’ancien Ministre de l’Intérieur Seth Sendashonga par un membre de l’Ambassade du Rwanda au Kenya. Le coupable pris le pistolet chaud à la main, le diplomate rwandais Francis Mugabo fut arrêté et expulsé du Kenya.
Monsieur Seth SENDASHONGA a été abattu, avec son chauffeur, lors d’une seconde attaque survenue en plein jour à Naïrobi le 15 mai 1998 par un commando de deux hommes.
2) L’assassinat du Colonel Lizinde, Député hutu du FPR, et de son ami le commerçant Bugilimfura Augustin à Naïrobi les 6 et 8 Octobre 1996, après qu’ils aient été enlevés par des agents portant des uniformes semblables à ceux des policiers locaux.
3) La déportation et l’assassinat du commerçant Obedi SEBUTAMA enlevé en Uganda et assassiné au Rwanda avec son fils.
4) L’assassinat de SAFARI, (parent de feu le Colonel LIZINDE, député FPR). Cet ancien agent des Douanes a été tué en Ouganda, alors qu’il rendait visite à son épouse tutsi dont il vivait séparé.
5) L’assassinat de HABIMANA alias KINGI et fils du commerçant Gérard KALIMUNDA, lui aussi enlevé par le Lieutenant Adamo et porté disparu à Kigali en juillet 1994. HABIMANA a été tué par balles à Kawangwale (banlieue de Naïrobi) en décembre 1996.
6) La déportation, suivie de disparition de FIDELE, fils du commerçant Hitimana de Ruhengeri. Il a été arrêté en Uganda et déporté au Rwanda où il a disparu.
7) L’enlèvement de Léonidas FELESI, commerçant intercepté à Kampala au moment où il recherchait son camion confisqué par les agents ougandais. Il fut déporté et emprisonné au Rwanda. Il aurait été libéré et vivrait actuellement à Kigali.
8) Enlèvement de Mme Agnès NTAMABYALIRO le 27 mai 1997 à Mufulira en Zambie par un commando du FPR. Elle fut déportée au Rwanda où elle se trouve actuellement détenue dans la prison de Kigali sans l’espoir d’un procès équitable ou une libération proches.

RECOMMANDATIONS :
Le Centre attire l’attention de tous les Gouvernements qui accueillent les réfugiés rwandais sur le risque que d’autres assassinats visent tous ceux qui émettent la moindre critique sur le régime rwandais: militants des droits humains, opposants réels ou supposés. Le Centre a officiellement averti les autorités belges, notamment, de la mise sur pied sur le territoire belge de structures d’escadrons de la mort, dont la mission serait d’assassiner les rwandais perçus comme des opposants au régime et d’enlever et/ou assassiner les personnes soupçonnées par Kigali de participation au génocide.
Le Centre demande à tous les pays qui hébergent des réfugiés rwandais, de mieux assurer leur protection. S’il existe des personnes sur qui pèsent des charges sérieuses de participation au génocide et aux massacres, le Centre estime qu’elles ne peuvent être renvoyées au Rwanda où elles subiront des traitements inhumains, cruels et dégradants, mais qu’elles doivent être jugées par les tribunaux des pays d’accueil dont l’arsenal législatif le permet ou être déférées devant le Tribunal Pénal International. Le Centre recommande au Gouvernement Camerounais: 
– de mener les enquêtes nécessaires et sanctionner les coupables s’ils sont identifiés;
– d’accorder le statut de réfugié aux demandeurs d’asile rwandais vivant dans ce pays.

Pour le Centre, MATATA Joseph, Coordinateur.