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Com104/2007 : Sixième report du pseudo-procès Gacaca contre l’Abbé Ndagijimana

Après les contradictions des « témoins » à charge, le plus long simulacre de procès Gacaca contre l’Abbé Joseph NDAGIJIMANA a été reporté (pour la 6ème fois) au 23/07/2007.

Du 1er septembre 2005 au 23 juillet 2007 : le simulacre de procès GACACA contre l’Abbé Joseph Ndagijimana est reporté six fois

Pour la 6ème fois, le plus long simulacre de procès Gacaca de l’Abbé Joseph NDAGIJIMANA a été reporté au lundi 23 juillet 2007. Après l’échec de neuf témoins à charge qui n’ont pas « bien menti » car ils se sont tellement contredits jusqu’au point de mettre en colère leur propre avocat qui les a engueulés parce qu’ils racontaient souvent des « oui dires » malgré l’entraînement intensif reçu. Le 5ème round de son procès devant le tribunal GACACA de Byimana date du Jeudi 24 mai 2007. Ce procès a tourné au ridicule avec certains nouveaux témoins choisis et entraînés dans « l’art de mentir » par la DMI1 (Directorate of Military Intelligence) qui a détourné les GACACA de leur mission initiale qui devait rétablir la vérité par des témoins présents sur les collines pendant le génocide.
La volonté de nuire à l’Abbé Joseph NDAGIJIMANA n’est pas prête à prendre fin, car c’est l’Église catholique qui est visée à travers ce « bouc émissaire ». Le plus long procès devant le tribunal GACACA est certainement celui de ce prêtre catholique, véritable héros du génocide qui a évacué, sauvé et nourri des centaines de personnes menacées pendant le génocide rwandais. Il est emprisonné arbitrairement depuis 12 ans car il croupit dans la prison de Gitarama depuis le 14 juillet 1995. Condamné à perpétuité le 19 janvier 2001 sans aucune preuve sérieuse, il a interjeté appel devant l’ancienne Cour d’Appel. Après 13 remises d’audiences devant la Cour d’Appel de NYANZA, les magistrats ont décidé de renvoyer l’Abbé Joseph NDAGIJIMANA devant les juridictions GACACA où seuls les « syndicats de délateurs », recrutés et entraînés dans « l’art de mentir » par la DMI, ont droit à la parole.
Les simulacres de procès GACACA ont été déjà reportés 6 (six) fois :
Le 1er septembre 2005 : Le 1er round de ce procès GACACA, qui a eu lieu à cette date, n’a pas été clôturé par un jugement parce que les témoignages à décharge furent de loin plus nombreux contre un seul témoin à charge qui n’a même pas su convaincre les juges présents. Le procès fut reporté au 19 janvier 2006 sous prétexte que les rescapés n’étaient pas très nombreux ce jour-là.
Le 19 janvier 2006 : le procès a été reporté parce que la député Alphonsine et les rescapés tutsi prétendant aux dédommagements n’avaient pas trouvé un avocat pour les représenter.
Les 29 juin 2006, il était prévu une descente des magistrats de la Haute Cour de la République de Nyanza sur les lieux du crime dans le secteur BYIMANA.
Le 12 octobre 2006 : le nouveau simulacre de procès fut reporté au 17 mai 2007 parce que le juge, le mieux informé sur ce procès, était malade tandis qu’un autre était absent pour des raisons qui n’ont pas été exposées ce jour-là.
Le 17 mai 2007 : faute de temps matériel pour le clôturer, le procès fut suspendu à 16h et reporté au jeudi 24 mai 2007 en commun accord avec les parties civiles.
Le 24 mai 2007 : Neuf (9) témoins choisis par la DMI ont témoigné à charge en essayant de de mentir et de déformer les événements d’une façon tellement pitoyable et contradictoire qui a mis leur avocat en colère, malgré l’encadrement et la complicité dont ils jouissent même pendant ce procès. Quatre témoins à décharge (un prêtre et trois sœurs) n’ont pas pu s’exprimer tous sous prétexte que les juges ne disposaient plus de temps pour les écouter. Une sœur et un prêtre ont pu innocenter l’accusé en expliquant comment l’Abbé Joseph les avait évacué de Ruhango vers l’évêché de Kabgayi et les approvisionnements qu’il a continué à leur apporter pendant la durée du génocide. Ce procès a été reporté au lundi 23 juillet 2007
Voici le déroulement du simulacre de procès du 24 mai 2007 :
Au total, neuf (9) témoins à charge et deux témoins à décharge ont été auditionnés par les juges du tribunal Gacaca de BYIMANA lors du procès de l’Abbé Joseph qui a eu lieu le jeudi 24 mai 2007. Une chaîne de complices se relayait régulièrement pour renseigner les témoins à décharge en attente (isolés pour la forme) sur le contenu des auditions qui venaient de se dérouler afin de les aider à appuyer ou à réadapter leur propre version des faits. Ainsi ils pouvaient s’exercer à répéter « les speeches qu’on leur avait appris ».
Les neuf témoins à charge sont : NKOMEZAHABI Michel, NYIRIMPUHWE Télesphore, KANKINDI Languida, MUNYANDAMUTSA Vivens (tous les quatre prétendent aux dédommagements). KANAMUGIRE Callixte, KAYIGAMBA Narcisse, NYIRAFURERE Krinsesiya de Kirengeri, et NYIRABAGENZI Adèle (épouse de Nkomezahabi Michel, 1er témoin à charge) et MUKANSANGA Marguerite (ancienne S/préfet et maire de la ville de Gitarama) ne réclament pas les dédommagements. Cette ancienne maire de Gitarama a été appelée « en renfort » pour remplacer probablement la députée Alphonsine chargée d’encadrer les rescapés Tutsi prétendants aux dédommagements.
Les quatre témoins à décharge sont tous religieux : un prêtre et trois sœurs catholiques.
Les principaux mensonges et contradictions ont été relevés le 24 mai 2007 :
Sur demande du procureur de Gitarama, l’ancienne Sous-préfet et maire de Gitarama, Mme MUKANSANGA Marguerite, avait refusé de comparaître dans le procès de l’abbé Joseph devant la Chambre spécialisée du Tribunal de première instance (Tribinstance) de Gitarama en 2000-2001. En réponse à une question lui posée par les juges Gacaca, elle a reconnu qu’elle est venue témoigner aujourd’hui « sur demande des rescapés ». Ce qui confirmerait l’existence des pressions exercées par certains rescapés « délateurs sollicités ou forcés » par la DMI. Cette témoin « de secours » se base sur les confidences lui faites par un ancien milicien Interahamwe, Alexandre, selon lesquelles l’Abbé Joseph lui aurait demandé de la pourchasser chez Madame Mukandinda Rosette. Cette dernière avait déjà innocenté l’Abbé Joseph et détaillé les actes héroïques de ce prêtre dans son 1er procès au Tribinstance.
NYIRABAGENZI Adèle (épouse du témoin à charge Nkomezahabi Michel) a menti en disant que sa fille a été tuée dans l’Église de Byimana alors que personne n’a été tué là-bas. La vérité c’est que les personnes menacées ont toutes été évacuées et accompagnées par l’Abbé Joseph jusqu’à l’évêché de Kabgayi. Elles sont toutes arrivées saines et sauves à destination dans des véhicules affrétés par l’abbé Joseph qui a continué à participer à l’approvisionnement des réfugiés de Kabgayi en nourriture et en produits de première nécessité avec la collaboration d’autres prêtres dont le père croate Curic Vjecko (économe du diocèse Kabgayi et curé de la paroisse de Kavumu assassiné par le FPR le 31 janvier 1998 devant l’économat général sis dans la procure de la paroisse Sainte Famille à Kigali).
A part les contradictions classiques relevées dans les mensonges de tel ou tel témoin à charge, la plupart des témoignages à charge avaient été balayées par de nombreux témoins à décharge jugés crédibles par le Tribinstance de Gitarama en 2000-2001. Le fusil que l’Abbé Joseph avait demandé fin mai 1994 lui a servi à protéger les réfugiés qu’il avait cachés dans sa curé ainsi qu’à dissuader les nombreux pillards qui rôdaient autour de la paroisse. C’est d’ailleurs pour dissuader les pillards qui s’attaquaient à la clôture de la cure que l’Abbé Joseph a dû probablement tirer en l’air le 2 juin 1994, le jour où le FPR a pris l’évêché de Kabgayi. Ceux qui parlent de ce fusil affirment tantôt que l’Abbé Joseph avait un fusil avec deux (2) chargeurs, tantôt avec trois (3) chargeurs. Certains disent qu’il a tiré sur la foule au marché mais qu’il n’y a pas eu de morts ou de blessés. Quant au gilet militaire qui a été retrouvé de son véhicule, le Sergent Major TURIKUMANA François (rescapé des ex-FAR) est venu témoigner à décharge dans le procès de Joseph devant le TRIBINSTANCE.
Tous les rescapés Tutsi et Hutu sauvés par Joseph NDAGIJIMANA, qui le reconnaissent comme leur héros qui les a sauvés, estiment qu’il est victime, en tant que prêtre catholique, des persécutions que le régime du président Paul KAGAME exercent depuis 13 ans contre l’Église catholique. Rappelons que les officiers supérieurs du Front Patriotique Rwandais ont décapité l’Église catholique du Rwanda en massacrant le 5 juin 1994 plusieurs religieux catholiques dont trois évêques sur ordre du Général Paul KAGAME. Le 4ème évêque catholique de Ruhengeri, Mgr Phocas NIKWIGIZE, fut enlevé et assassiné le 30 novembre 1996 par les militaires de l’Armée Patriotique Rwandaise à la frontière de GISENYI lors de son retour au Rwanda pendant les massacres de plus 200.000 réfugiés hutu dans l’ex-Zaïre.
Les rescapés constatent « l’exploitation malhonnête de leur souffrance » par les Gacaca :
Les Gacaca, qui devaient servir à désengorger les prisons mouroirs rwandaises, ont surtout aggravé la surpopulation carcérale. Plusieurs bailleurs de fonds ont été trompés et continuent de financer ce nouvel « holocauste Gacaca » qui a déjà provoqué la fuite de plus de 100.000 Hutu qui se sont réfugiés dans les quatre pays voisins du Rwanda.
Des chiffres fantaisistes de nouveaux suspects sont régulièrement annoncés par les responsables du SNJG (Service National des Juridictions GACACA)
Au départ, il était question que les Gacaca jugent, dans un délai raisonnable,  +/- 100.000 personnes dont la plupart croupissent dans les prisons depuis 1994, et sans dossiers.
Au cours de 2004, les Gacaca pilotes lancés dans 118 secteurs ont enregistré plus de 500.000 suspects du génocide. Les autorités officielles des Gacaca ont alors estimé, avant que les enquêtes ne soient terminées, à 761.448 le nombre de personnes suspectées d’avoir pris part au génocide2. Au début de 2005, ce chiffre a été revu à la hausse. Au niveau de l’administration, un nombre de 650 personnes dont des cadres politiques et administratives et des députés, a été lancé ; les personnes ciblées ont été sommées de démissionner avant toute enquête sérieuse3.
L’année suivante, l’idée s’est précisée. Domitille Mukantaganzwa, responsable des Gacaca, a sorti des chiffres effroyables : ceux qui ont confessé leur participation au génocide non encore emprisonnés s’élevaient à 152.000 ; dans l’administration il y avait 47.000 fonctionnaires à arrêter; ceux qui étaient provisoirement détenus s’élevaient à 806; les juges Gacaca, « rattrapés par les soupçons » d’avoir trempé dans le génocide, s’élèveraient à 45.0004.
Ces chiffres sont lancés avec une légèreté déconcertante. En effet, comment, à moins de deux ans, des enquêtes fouillées peuvent-elles être menées pour déterminer la culpabilité d’un aussi grand nombre de prévenus ? Le coordinateur du CLIIR et activiste des Droits humains, Joseph MATATA, a recueilli un témoignage d’un rescapé tutsi qui a parlé d’un plan diabolique mis en place depuis 2002 par le biais des Gacaca. L’intéressé a fui le Rwanda après avoir été élu de force et refusé le rôle criminel que les agents de la Directorate of Military Intelligence (DMI) allaient faire jouer à plusieurs juges du Gacaca. C’est pour avoir rejeté ce rôle criminel ou parce qu’ils n’avaient pas la confiance de la DMI que plus de 45.000 juges élus par la population ont été « disqualifiés et exclus » des juridictions Gacaca sous divers prétextes : suspects du génocide parce que Hutu ou corrompus parce que Tutsi honnête.
Selon les dernières statistiques publiées par l’Agence Hirondelle le 4 juillet 20045, 108.732 personnes ont comparu devant les Gacaca jusqu’au 31 mai 2007 avec 100.507 condamnations et 18.930 acquittements. Il reste à juger 818.564 personnes (moins 87.063 déjà décédées), dont 98.055 personnes détenues dans les prisons rwandaises et 44.204 personnes vivant à l’étranger. Les personnes visées par la prison constituent une force vive dans bon nombre de secteurs de la vie nationale. L’économie rurale a en a particulièrement pris un sérieux coup6.
CONCLUSION :
Sous couvert de fausses accusations pour crimes de génocide, l’Abbé Joseph NDAGIJIMANA est persécuté pour des raisons politiques liées à la diabolisation et au démantèlement planifié de l’Église Catholique du Rwanda par les chefs militaires et politiques du Front Patriotique Rwandais (FPR).
L’emprisonnement arbitraire du père belge catholique Guy THEUNIS en septembre 2005, l’inscription début mai 2006 sur la liste des planificateurs du génocide du prêtre catholique français, l’abbé Gabriel MAINDRON, ainsi que la mise en accusation du père belge Bob GAUL pour « propos racistes », démontrent encore une fois la volonté des extrémistes TUTSI de persécuter l’Église catholique en vue de l’affaiblir avant de la récupérer.
5) RECOMMANDATIONS : Le Centre (CLIIR) recommande instamment :

  • La libération immédiate et sans conditions de l’Abbé Joseph NDAGIJIMANA et la fin de toutes les persécutions dirigées contre les confessions religieuses au Rwanda.

    • La poursuite en justice de tous les magistrats et délateurs impliqués dans l’emprisonnement arbitraire de l’abbé Joseph NDAGIJIMANA depuis plus de 11 ans.

    • La libération d’autres héros du génocide comme les secouristes de la Croix Rouge Rwandaise qui ont sauvé des milliers de blessés et de réfugiés à Kigali et à Kabgayi.

Pour le Centre, MATATA Joseph, Coordinateur.
CLIIR* : Le Centre de Lutte contre l’Impunité et l’Injustice au Rwanda est une association de défense des droits humains basée en Belgique, créée le 18 août 1995. Ses membres sont des militants des droits humains de longue date. Certains ont été actifs au sein d’associations rwandaises de défense des droits humains et ont participé à l’enquête CLADHO/Kanyarwanda sur le génocide de 1994. Lorsqu’ils ont commencé à enquêter sur les crimes du régime rwandais actuel, ils ont subi des menaces et ont été contraints de s’exiler à l’étranger où ils poursuivent leur engagement en faveur des droits humains.
1 La DMI (Directorate of Military Intelligence) est une véritable « machine à tuer », une sorte de GESTAPO Tutsi créée et dirigée par le président rwandais et président du FPR (Front Patriotique Rwandais), le Général Paul KAGAME. La DMI a impunément assassiné, torturé, emprisonné et fait disparaître des milliers d’opposants politiques (réels ou supposés), des anciens dignitaires et intellectuels Hutu ainsi que de simples citoyens rwandais Hutu et Tutsi depuis plus de 12 ans.
2 D’après les reportages de la BBC et de la Voice of America (VOA) diffusés le 21 septembre 2004, cités par Joseph Matata, Centre de Lutte contre l’Impunité et l’Injustice au Rwanda (CLIIR), Communiqué n° 80/2005, « Les tribunaux Gacaca sont détournés, contrôlés et paralysés par les chefs militaires et politiques du FPR impliqués dans le génocide rwandais », Bruxelles le 18 mai 2005.
3 AFP du 15 mars 2005 ;Agence MISNA du 17 mars 2005.
4 Tiré du site : http://www.sireas.be/publications/analyse%202006/reconciliation_impossible.pdf
5 Agence Hirondelle, Kigali, 4 juillet 2007.
6 D’après l’article intitulé « Haro sur les tribunaux Gacaca » publié sur le site « musabyimana.be » de Gaspard.