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Com106/2007 : Justes condamnés, génocidaires libérés pour être utilisés par le FPR

Le CLIIR dénonce, pour la 8ème fois, la détention arbitraire du courageux Abbé NDAGIJIMANA qui a sauvé de nombreux Tutsis et Hutus menacés pendant le génocide de 1994. Il croupit en prison-mouroir depuis plus de 12 ans.

Rwanda: Les justes sont condamnés, les génocidaires en aveux sont libérés et autorisés à calomnier les cibles désignés du FPR
Le cas de l’Abbé Joseph NDAGIJIMANA, « coupable » d’avoir sauvé des centaines de personnes menacées pendant les massacres

« Pour le régime du président rwandais, le Général Paul KAGAME, mieux vaut être un génocidaire en aveux qu’un juste qui a sauvé des centaines de personnes menacées pendant les massacres d’avril à juillet 1994. Ceux qui sont « coupables » d’avoir sauvé de nombreux tutsis sont maintenus en prison tandis que les détenus en aveux sont libérés à condition qu’ils calomnient les personnes désignés par la DMI1 (Directorate of Military Intelligence) », commentent des rescapés tutsi du génocide rwandais.
Le Centre de Lutte contre l’Impunité et l’Injustice au Rwanda (CLIIR)* dénonce, pour la 8ème fois, la détention arbitraire de l’Abbé Joseph NDAGIJIMANA connu pour avoir évacué, sauvé et nourri de nombreux Tutsi et Hutu menacés pendant le génocide rwandais de 1994. Ce prêtre courageux croupit dans la prison mouroir de Gitarama depuis plus de 12 ans.
En effet pour la 8ème fois, le plus long simulacre de procès Gacaca de l’Abbé Joseph NDAGIJIMANA a été reporté au lundi 17 septembre 2007. Pourtant l’Abbé Joseph et d’autres détenus, qui devaient être jugés par le tribunal Gacaca de Byimana lundi 6 août 2007, se sont déplacés mais ce procès a été reporté sous prétexte qu’un seul détenu, devenu « subitement indispensable » et surnommé « TAMBYA » était absent. En effet, Monsieur TAMBYA est un ancien propriétaire d’un home pour étudiants situé devant la Cure de la paroisse Byimana où vivait le curé, l’abbé Joseph NDAGIJIMANA.
Multiplication de nouveaux témoins « menteurs » à chaque simulacre de procès Gacaca :
Les connaisseurs des stratégies criminelles de la DMI soupçonnent que Monsieur TAMBYA aurait été « négocié » ou forcé par la DMI pour calomnier ce prêtre choisi comme un « bouc émissaire » afin d’accuser l’église catholique d’avoir participé au génocide via ses religieux. Monsieur TAMBYA serait ainsi un « nouveau témoin à charge » choisi pour faire condamner ce prêtre innocent. Si le détenu Tambya a fait des « aveux marchandés avec la DMI », il devra calomnier toutes les cibles qu’on lui désignera. Rappelons que lors du 1er simulacre de procès GACACA du 1er septembre 2005, tous les témoins avaient confirmé unanimement que l’Abbé Joseph NDAGIIMANA avait évacué, nourri et logé des centaines de personnes et qu’il n’avait commis aucun crime. Les agents de la DMI, infiltrés dans le Service National des Juridictions GACACA (SNJG) ont ensuite choisi une veuve députée, Madame Alphonsine MUKAMUGEMA et l’ancienne sous-préfet et maire de Gitarama Madame MUKANSANGA Marguerite comme « témoins à charge ». Mais les deux femmes n’ont pas été « utilisées » jusqu’au bout suite à nos divers communiqués de dénonciations. Rappelons que, sur demande du parquet de Gitarama, Mme Mukansanga Marguerite avait refusé de comparaître dans le procès de l’abbé Joseph devant la Chambre spécialisée du Tribunal de première instance (Tribinstance) de Gitarama en 2000-2001, car elle avait été évacuée et sauvée par l’abbé Joseph.
Rappelons également que lors du 6ème simulacre de procès du jeudi 24 mai 2007, neuf (9) témoins à charge et deux témoins à décharge avaient été auditionnés par les juges du tribunal Gacaca de BYIMANA. Une chaîne de complices se relayait régulièrement pour renseigner les témoins à charge en attente (isolés pour la forme) sur le contenu des auditions qui venaient de se dérouler afin de les aider à appuyer ou à réadapter leur propre version des faits. Ainsi ils pouvaient s’exercer à répéter « les speeches qu’on leur avait appris ».
Les neuf témoins à charge (choisis par la DMI) étaient : NKOMEZAHABI Michel, NYIRIMPUHWE Télesphore, KANKINDI Languida, MUNYANDAMUTSA Vivens (tous les quatre prétendent aux dédommagements). KANAMUGIRE Callixte, KAYIGAMBA Narcisse, NYIRAFURERE Krinsesiya de Kirengeri, et NYIRABAGENZI Adèle (épouse de Nkomezahabi Michel, 1er témoin à charge) et MUKANSANGA Marguerite (ancienne S/préfet et maire de la ville de Gitarama) ne réclament pas les dédommagements. Cette ancienne maire de Gitarama a été appelée « en renfort » pour remplacer probablement la députée Alphonsine chargée d’encadrer les rescapés Tutsi prétendants aux dédommagements.
Les quatre témoins à décharge sont tous religieux : un prêtre et trois sœurs catholiques qui font partie des nombreuses personnes évacuées, aidées ou nourries par l’abbé Joseph Ndagijimana pendant les massacres de 1994.
Déroulement de l’audience du 6 août 2007 reportée au 17 septembre 2007 :
Lundi le 6 août 2007 vers 8h30 le véhicule de la prison de Gitarama a amené l’abbé Joseph Ndagijimana et d’autres détenus sur le lieu habituel du procès Gacaca dans le secteur de Byimana, district de Ruhango dans la Province du sud
Vers 9h00, les trois juges GACACA sont arrivés sur les lieux du procès. Il s’agit de Messieurs NDINDA Julien (Président du tribunal), KATIGWA Laurien et KABARIRA ainsi qu’une greffière dont nous n’avons pas pu connaître le nom. Le Ministère public (l’accusation) était représenté par Monsieur RUBERWA Bonaventure. Avant de commencer le procès, ils ont attendu, un certain détenu surnommé « TAMBYA », probablement un nouveau « témoin à charge » sur qui semblait reposer la suite de ce long procès reporté déjà 7 (sept) fois en deux ans. L’abbé Joseph et ses co-détenus ont demandé de poursuivre le procès en attendant l’arrivée de ce nouveau témoin « qualifié d’indispensable » ce jour. Tout en manifestant leur mécontentement, les juges Gacaca ont tellement insisté pour que ce procès soit tenu ce jour là. Mais le représentant du Ministère public, Monsieur RUBERWA Bonaventure, et les avocats des parties civiles (surtout les avocats de ceux qui réclament les dédommagements) ont demandé et obtenu le 8ème report de ce procès (qui traîne depuis 2 ans) au 17 septembre 2007.
Antécédents : La peine de mort pour ce prêtre qui a sauvé des gens :
Rappelons qu’au cours du simulacre de procès Gacaca du 17 mai 2007, l’Abbé Joseph Ndagijimana a bien exposé devant les juges et le public tous les actes de sauvetage qu’il a accomplis pendant le génocide. S’estimant innocent, il avait interjeté appel. Personne n’a pu fournir la moindre preuve de culpabilité contre lui. D’autres détenus lui ont emboîté le pas pour s’expliquer devant le GACACA avant qu’une pause de 15 minutes soit accordée.
Après la pause, le représentant du Ministère public (umushinjacyaha), Monsieur RUBERWA Bonaventure a pris la parole. Il a expliqué que le Ministère public avait aussi interjeté appel, parce que, selon lui, la Chambre spécialisée du Tribinstance Gitarama n’avait pas tenu compte d’autres crimes reprochés au prêtre tels que : meurtres, association de malfaiteurs, etc… Pourtant, ce qui est étonnant, c’est qu’il n’a fourni aucune preuve contre l’Abbé Ndagijimana comme il l’avait pour d’autres détenus ce jour-là. Ce représentant de l’accusation, qui n’a présenté aucune preuve, si faible soit elle, estime que le prêtre mérite la PEINE DE MORT!!
CONCLUSION : L’Église catholique doit enrichir « l’industrie du génocide » :
Pour chaque prêtre condamné à tort ou à raison, « l’industrie du génocide rwandais » espère « se faire ouvrir les coffres forts du Vatican » sous prétexte de dédommager les seuls rescapés tutsi du génocide rwandais auquel des centaines de militaires Tutsi du FPR (Front Patriotique Rwandais) ont participé activement. Par contre l’Église catholique n’a ni commandité la guerre ni exécuté ou fait exécuté des massacres que ce soit avant, pendant ou après les massacres de 1994.
Les persécutions d’ordre ethniques et politiques qui frappent injustement l’Église catholique du Rwanda et qui sont orchestrées par le Président rwandais et président du FPR le Général Paul KAGAME, visent à enrichir un petit noyau dur de chefs militaires et politiques du FPR qui exploitent le génocide rwandais comme un véritable « fonds de commerce ». C’est ce petit noyau qui contrôle et paralyse toutes les institutions officielles de l’État rwandais (gouvernement, parlement, sénat, magistrature, services dits de « sécurité »).
Ces persécutions se traduisent par l’emprisonnement arbitraire de nombreux religieux et religieuses catholiques qui croupissent dans les prisons mouroirs du Rwanda. Depuis plus de 12 ans, ces religieux et ces religieuses sont détenus parce qu’ils sont Hutu et Catholiques et non pour des crimes qu’ils auraient commis. Ayant été incapable de les juger équitablement devant les tribunaux ordinaires, le régime du président Kagame tente de les faire condamner arbitrairement par les tribunaux GACACA qui utilisent de nombreux « syndicats de délateurs ». La « délation institutionnalisée » au plus haut niveau de l’État rwandais est orchestrée par la Directorate of Military Intelligence) qui a détourné les GACACA de leur mission initiale qui devait rétablir la vérité par des témoins présents sur les collines pendant le génocide.
Notre Centre recommande instamment :

  • la libération immédiate et sans conditions de l’Abbé Joseph NDAGIJIMANA, reconnu comme héros du génocide, et la fin de toutes les persécutions dirigées contre les confessions religieuses au Rwanda.

    • La poursuite en justice de tous les magistrats et délateurs impliqués dans l’emprisonnement arbitraire de l’abbé Joseph NDAGIJIMANA depuis plus de 12 ans et dans d’autres emprisonnements arbitraires de religieux et de religieuses.

    • La libération d’autres héros du génocide comme les secouristes de la Croix Rouge Rwandaise qui ont sauvé des milliers de blessés et de réfugiés à Kigali et à Kabgayi.

    • La suspension immédiate des tribunaux Gacaca qui ont perdu toute crédibilité et toute valeur judiciaire devant la population rwandaise victime de l’oppression et de l’arbitraire.

Pour le Centre, MATATA Joseph, Coordinateur.
Isubikwa ry’Urubanza rwa padiri Ndagijimana le 06/08/2007
Hari ku itariki ya 6 Kanama 2007 ubwo mu gitondo cy’uwo munsi abagororwa bo muri Gereza ya Gitarama basesekaraga ku Umurenge wa BYIMANA. Nyuma y’aho gato abacamanza ba Court d’appel ya Nyanza nabo baba barahageze uko ari batatu na Greffier wabo w’umukobwa. Hagati aho hakurikiyeho gutegereza undi munyururu uzwi ku izina rya TAMBYA. We akaba afungiye muri Gereza ya Nyanza (province y’Amajyepfo).
Barategereje isaha ya mbere ishira ataraza, nibwo umwe mu bacamanza aterefonnye kuri Gereza ya Nyanza abaza iby’itinda ry’uriya munyururu wagombaga kuza kuburana. Nyamara yasubijwe aya magambo akurikira : « urupapuro rutumira uwo munyururu Tambya rwatugezeho rwaratinze ku buryo nta modoka twabona yo kumwohereza bitewe nuko twari twarangije kuzipangira aho zagombaga kujyana abandi banyururu ba Gacaca kuburana, cyakora mube mwihanganye gato turebe ko twabona uko tumwohereza mu kanya », nyamara habaye kongerea gutegereza mu gihe cyingana n’isaha. Bongeye guterefonayo bavuga ko batabona uko bamwohereza.
Ubwo abacamanza binjiye muri salle bambaye ya myenda yabo, n’abandi bose barinjira. Ubwo batangiye babaza abanyururu n’ababunganira ndetse n’umushinjacyaha niba babona bakomeza urubanza uriya Tambya adahari.
Umushinjacyaha yavuze ko urubanza rwasubikwa ngo kuko uriya Tambya afite uruhare runini muri ruriya rubanza. Umuburanira nawe yavuze ko atamuburanira adahari. Nyamara Padiri n’abandi banyururu bo basabye ko urubanza rwaba, gusa habayeho guha abandi amagambo, bamwe bagashaka ko rwaba abandi nabo bakabyanga nk’uhagarariye abaregera indishyi.
Ubwo hakurikiyeho gushaka itariki rwakwimurirwaho. Gusa bamwe mu ba Avocats ndetse n’umushinjacyaha bagendaga bavuga ko bafite izindi manza. Ariko abacamanza baje kugaragaza uburakari ko batishimiye iyo myitwarire, maze bavuga batagomba kugendera kuri gahunda zabo, bavuga ko ruriya rubanza rugomba kurangira vuba. Nibwo noneho bafashe itariki ya 17/09/2007. Cyakora noneho wabonaga abacamanza bo bashaka ko urubanza rwashyirwa vuba kuko bo bashakaga ko rwasubukurwa kuwa mbere wari bukurikiyeho, gusa nyine haboneka icyo umuntu yakwita impamvu zidafashije zatangwaga n’abariya bandi. Iby’ibura ry’imodoka rya Gereza ya Nyanza byo nibyo kwibazwaho !!
CLIIR* : Le Centre de Lutte contre l’Impunité et l’Injustice au Rwanda est une association de défense des droits humains basée en Belgique, créée le 18 août 1995. Ses membres sont des militants des droits humains de longue date. Certains ont été actifs au sein d’associations rwandaises de défense des droits humains et ont participé à l’enquête CLADHO/Kanyarwanda sur le génocide de 1994. Lorsqu’ils ont commencé à enquêter sur les crimes du régime rwandais actuel, ils ont subi des menaces et ont été contraints de s’exiler à l’étranger où ils poursuivent leur engagement en faveur des droits humains.
1 La DMI (Directorate of Military Intelligence) est une véritable « machine à tuer », une sorte de GESTAPO Tutsi créée et dirigée par le président rwandais et président du FPR (Front Patriotique Rwandais), le Général Paul KAGAME. La DMI a impunément assassiné, torturé, emprisonné et fait disparaître des milliers d’opposants politiques (réels ou supposés), des anciens dignitaires et intellectuels Hutu ainsi que de simples citoyens rwandais Hutu et Tutsi depuis plus de 12 ans.