La persécution contre l’Église Catholique du Rwanda par le « pouvoir occulte » des extrémistes tutsi (Note pour Information)
Introduction :
Tout le mois d’Avril 1999, soit environ cinq ans après l’arrivée au pouvoir du Front Patriotique Rwandais (FPR), les extrémistes au pouvoir au Rwanda ont réussi à humilier non seulement l’Église Catholique du Rwanda mais aussi ils ont affiché publiquement leur mépris vis-à-vis de toutes les Églises Chrétiennes du monde entier en décidant d’emprisonner arbitrairement Monseigneur Augustin MISAGO, Évêque du Diocèse de Gikongoro (sud-ouest du Rwanda). En effet, depuis juillet 1994, le noyau dur des extrémistes tutsi a décidé de se venger sur l’Église Catholique du Rwanda qu’ils accusent d’avoir contribué à la chute de la monarchie tutsi en 1959 avec l’appui de la Belgique. Pour réussir le projet de déstabilisation de l’Église catholique, ils ont programmé d’exploiter tous les voies et moyens possibles pour démanteler le clergé et surtout éliminer progressivement tous les religieux hutu en assassinant, le 5 juin 1994, l’Archevêque de Kigali, l’Évêque de Kabgayi et celui de Byumba ainsi que Monseigneur Innocent GASABWOYA, ami et ancien Vicaire tutsi de Monseigneur André PERRAUDIN pendant plus de 20 ans. Nous y reviendrons plus loin dans cette note.
Parmi ces moyens, l’élimination physique, l’exil et la délation sont devenus des armes redoutables pour casser les religieux indésirables et considérés comme des ennemis potentiels du régime actuel. Ces moyens sont également utilisés dans l’anéantissement des intellectuels, des hommes d’affaires et des paysans progressistes hutu. A part les assassinats opérés par les escadrons de la mort, la délation transite surtout par les «nouveaux médias de la haine » sponsorisés par le régime du FPR au même titre qu’il planifie l’invasion des pays limitrophes
L’Église est un grand « témoin gênant » pour les extrémistes qui continuent de massacrer des civils innocents sous plusieurs formes. Pour illustrer cette soif de démanteler l’Église Catholique en vue de l’empêcher d’aider spirituellement, moralement et matériellement le peuple rwandais, le Centre de Lutte contre l’Impunité et l’Injustice au Rwanda a relevé les faits suivants :
1) La persécution contre les religieux :
1.1. Les missionnaires d’Afrique (ou Pères Blancs) sont persécutés par les extrémistes tutsi et leurs nouveaux médias de la haine (voir en annexe les extraits de la « Nouvelle Relève n°s 361 et 362):
a) Depuis la prise du pouvoir par le Front Patriotique Rwandais (FPR), les extrémistes tutsi, véritables détenteurs du « pouvoir occulte » n’ont jamais cessé de s’attaquer à l’Église Catholique en général et plus particulièrement à la Congrégation des Missionnaires d’Afrique (Pères Blancs). Ce « pouvoir occulte », qui constitue une sorte de « gouvernement parallèle » au gouvernement officiel, contrôle et paralyse toutes les Institutions de l’État Rwandais (Gouvernement, Parlement, Magistrature et Armée). C’est ce pouvoir qui gère les massacres, la terreur d’État, les assassinats politiques, les enlèvements, la torture, les emprisonnements arbitraires, le squattage et le pillage des biens publics et privés. Les Pères blancs sont les cibles de ces extrémistes à travers les nouveaux médias tant publics que privés et surtout dans le journal gouvernemental « La Nouvelle Relève » édité par l’ORINFOR (Office Rwandais d’Information) et dirigé par le Major Wilson RUTAYISIRE, nouveau sponsor des « nouveaux médias de la haine » encouragés par les extrémistes au pouvoir.
b) Dans « La Nouvelle Relève n° 361 du 15 juin 1998 à la page 5, plus de 30 rwandais dont 14 députés ont adressé, en mai 1998, une lettre ouverte très virulente aux Supérieurs de la Congrégation des Missionnaires d’Afrique pour les accuser en six points suivants :
– D’avoir systématisé et accentué les divisions ethniques;
– D’avoir, de connivence avec le pouvoir colonial, fait massacrer des tutsi en 1959 sous le couvert d’une prétendue révolution sociale hutu (pourtant elle fut acceptée et reconnue par le FPR dans son Manifeste politique de 1991 après que 25 hauts cadres du FPR aient été convaincus par leur nouveau recrue Seth SENDASHONGA!);
– De protéger abusivement des prêtres religieux accusés du crime de génocide;
– D’empêcher l’Église du Rwanda de reconnaître sa culpabilité dans le génocide;
– D’avoir inventé la propagande de la persécution de l’Église au Rwanda;
– De ne pas reconnaître que l’évangélisation du Rwanda est un échec;
En conclusion, les signataires de la lettre déclarent : « Nous vous suggérons de vous retirer momentanément de ce pays, quitte à y revenir plus tard avec un personnel ayant l’avantage de n’avoir jamais été mêlé au drame rwandais ».
c) Dans « La Nouvelle Relève » n° 362 du 30 juin 1998 de la page 12 à 16, l’ancien prêtre Privat RUTAZIBWA, Directeur de l’ARI (Agence Rwandaise d’Information, une agence privée financée par les caisses noires du FPR et chargée de désinformer pour le compte du « pouvoir occulte » des extrémistes tutsi et véritables maîtres du Rwanda), s’attaque de manière virulente aux Missionnaires d’Afrique appelés aussi « Pères blancs ». Dans sa lettre du 7 Juin 1998 intitulée « Missionnaires de l’évangile ou apôtres de la haine: Lettre ouverte aux responsables de l’ASUMA/Rwanda », Privat RUTAZIBWA tente de prouver que ce sont les missionnaires qui ont mis sur pied l’idéologie basée sur l’ethnie, qui sont les promoteurs des « régimes hutistes et génocidaires », et qu’ils continuent à afficher la même complicité surtout à travers « le négationnisme rampant ». Privat Rutazibwa termine sa lettre en suggérant aux Pères blancs deux choses « ...il est temps que les missionnaires pensent eux-mêmes à s’effacer ou à s’occuper d’un apostolat réellement constructif, sans devoir obliger les rwandais à les y contraindre ». Il estime que « le changement des équipes serait la dernière alternative: les missionnaires, qui ont passé un certains nombre d’années au Rwanda devraient se faire remplacer par de tout nouveaux, sans passé idéologique et politique de compromission et de parti pris ».
Dans ce même numéro 362, les journalistes de l’État s’attaquent, dans un amalgame étonnant, à la revue DIALOGUE, à certains pères blancs et à toutes les organisations qui osent dénoncer et condamner les crimes commis par le régime de Kigali. A la page 15, même le Centre de Lutte contre l’Impunité et l’Injustice au Rwanda y est attaqué comme toutes les organisations des droits humains qui dénoncent les crimes du régime rwandais tel qu’Amnesty International ou les observateurs de l’ONU chassés fin juillet 1998. Tous ceux qui critiquent ce régime sont qualifiés « de complices des génocidaires ou des révisionnistes et négationnistes, etc… ». Les accusations sont nombreuses dans la lettre de Privat RUTAZIBWA: « De nombreux organes de presse proches des milieux missionnaires rivalisent de Zèle dans la diffusion des idées révisionnistes, négationnistes et ethnistes ainsi que dans la désinformation systématique orchestrée contre le nouveau Rwanda ». Dans la « Nouvelle Relève n° 330 page 16 et le Magazine français GOLIAS n° 48-49-Spécial été 1996 », la Revue DIALOGUE et son ancien Directeur le Père blanc Guy TEUNIS ont été traités de négationnistes lorsqu’ils ont osé écrire « une dictature est remplacée par une autre dictature plus intelligente… »
2) Persécutions contre Mgr Augustin MISAGO et trois de ces collaborateurs:
D’après son mémorandum rendu public le 9 avril 1999, Mgr Augustin MISAGO relate les différentes dates où il a saisi toutes les occasions pour expliquer qu’il n’a aucune responsabilité dans les massacres qui ont endeuillé notre pays depuis octobre 1990. Il se résume comme suit:
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Le 8/09/1995: Mgr Misago a adressé une lettre aux Évêques catholiques du Rwanda, avec copie pour information au Saint-Siège, dans laquelle il exprimait son indignation et ses protestations face à des publications calomnieuses et diffamatoires parues dans certains journaux tel que : IMVAHO Nshya n°1082 de février 1995 (voir 1 – « Kiliziya Pawa », 2 – l’hebdomadaire du Parti du Travail Belge (PTB) n° 8 du 8 février 1995 et 3 – le Magazine français « GOLIAS » n° 43 de juillet-août 1995 (voir le Dossier spécial intitulé « Rwanda: La machette et le goupillon »).
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Le 20/01/1996: Mgr Misago a répondu aux questions des journalistes de l’ORINFOR (Office Rwandais d’Information), de la Télévision Rwandaise et du journal INGABO (édité par le Ministère de la Défense). Il s’agissait d’expliquer sa conduite pendant le génocide.
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Le 29/01/1996: il répondu à toutes les questions, généralement formulées à partir du livre de Mme Rakiya Omar d’African Rights (organisation proche du Front Patriotique Rwandais (FPR), lui soumis par des journalistes conduits par une britannique Mme LINDSEY Hilsum.
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Dimanche le 28 janvier 1996: L’Officier de Police Judiciaire (OPJ), Dieudonné RURANGIRWA, de la Brigade de gendarmerie de Gikongoro a interrogé pendant plus de 3 heures l’intéressé qui a expliqué longuement qu’il n’est pas mêlé au génocide rwandais.
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Le 5/04/1996, pendant la semaine de commémoration du génocide, Mgr MISAGO a participé dans une conférence-débat au cours de laquelle, il a répondu aux différentes et nombreuses questions concernant son comportement pendant le génocide d’avril 1994.
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Le 17 octobre 1996: Il a publié un mémorandum de 32 pages intitulé « Réaction aux accusations lancées contre ma personne par l’organisation AFRICAN RIGHTS » en 1995 dans son livre: « Rwanda, Death, Despair and Defience (London Août 1995). Ce mémorandum, qui répondait à cette campagne de délation parue sur les pages 899 et 900, a été diffusé très largement et les autorités concernées en avaient pris connaissance.
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En Novembre 1997, un Inspecteur de Police Judiciaire (IPJ) près le Parquet de Gikongoro est de nouveau venu l’interroger pour compléter l’interrogatoire de janvier 1996.
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Le 11 février 1998, Mgr MISAGO a comparu devant le Tribunal de Premier Instance de Gikongoro où il a répondu aux questions des juges, notamment à propos de la mort de l’Abbé Joseph Niyomugabo, curé de Cyanika tué là-bas pendant le génocide. Le 11 février 1998, l’Evêque de la Diocèse de Gikongoro, Mgr Augustin Misago et trois prêtres: Jean-Bosco GAKISI, J.M.V. KUMUYANGE et Edouard NTAGANDA sont allés témoigner dans le procès de Mr Joseph NTEGEYINTWALI, ancien S/Préfet de KADUHA (Gikongoro) avant et pendant le génocide de 1994.
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Invité à témoigner le 3/2/98, le courrier est arrivé en son absence et il ne l’a ouvert que le 8/2/98. Lorsque Mgr Misago s’est présenté devant le Tribunal, il a demandé d’abord qui l’avait cité comme témoin et dans quel procès. Les juges lui ont répondu que personne ne l’avait présenté et que c’est le tribunal qui a décidé de l’entendre dans le procès de Joseph., accusé d’avoir organisé le massacre des déplacés tutsi réfugiés à la Paroisse CYANIKA. Le curé de Cyanika, Joseph NIYOMUGABO, a été tué aussi à cette époque. Mgr Misago a été interrogé au sujet de la mort de l’Abbé Irénée NYAMASWA (ancien curé de Mubuga) et de l’Abbé Canisius MULINZI.
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Le 23 mars 1999, il a répondu par écrit à un long questionnaire qu’un journaliste de l’ORINFOR-Gikongoro lui avait laissé lors d’une interview manquée.
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Le 7 avril 1999, les attaques étant devenues trop virulentes, Mgr MISAGO a été livré à la vindicte des rescapés tutsis du génocide rwandais, lorsque le Président de la République a exigé que l’Eglise catholique « s’explique sur le cas de Mgr Misago » ou que les responsables de cette Eglise prennent leurs responsabilités « pour le muter ailleurs dans un autre pays s’il s’avérait innocent. Le Président a invité l’Eglise catholique à « reconnaître sa responsabilité dans le génocide rwandais » bien qu’aucune plainte n’avait été déposée contre Mgr MISAGO depuis bientôt cinq ans, malgré l’institutionnalisation de la délation.
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Le 11 février 1998, l’Evêque de la Diocèse de Gikongoro, Mgr Augustin Misago et trois prêtres: Jean-Bosco GAKISI, J.M.V. KUMUYANGE et Edouard NTAGANDA sont allés témoigner dans le procès de Mr Joseph NTEGEYINTWALI, ancien S/Préfet de KADUHA (Gikongoro) avant et pendant le génocide de 1994.
3) Agression et séquestration de Mgr Calixte TWAGIRAYEZU:
Monseigneur Calixte TWAGIRAYEZU est Vicaire Général à l’Archidiocèse de Kigali. Le 23 novembre 1998 aux environs de 10h, il a été agressé par un militaire de l’APR, le Lieutenant Paul dont personne n’a voulu révéler le nom de famille.
Mgr Calixte s’était rendu à la prison centrale de Kigali pour célébrer la messe dominicale en faveur des détenus. Notons qu’il en a l’autorisation. Il se tenait debout devant la porte de la sacristie pour attendre que les détenus entrent dans la chapelle. Un détenu s’est approché de lui et lui a dit bonjour. Tout de suite après ce geste, un militaire s’est présenté au Vicaire et lui a donné une gifle sur la joue et lui demanda s’il avait l’autorisation de parler au détenu. Le Vicaire a répondu qu’il fallait plutôt poser cette question au détenu. Le militaire gifla deux fois encore Mgr Calixte. Lorsque ce dernier voulut répartir, le militaire lui a donné l’ordre de le suivre à quelques mètres de la chapelle à côté d’une maisonnette abritant les militaires (il le menaçait d’emprisonnement). Il y a passé plus d’une heure sous la garde d’un autre militaire. Il a été relâché grâce à l’intervention d’un officier venu de la Brigade de Muhima alerté par un fonctionnaire de la Direction des Prisons au Ministère de la Justice qui avait assisté à la scène.
Il paraît que le Directeur de la prison a été informé de l’incident et qu’il aurait essayé d’en faire un rapport à transmettre aux autorités concernées. Sinon aucune autre enquête n’aurait été menée (Source: Rapport de l’association ARDHO fait à Kigali, le 25 novembre 1997).
4) Le Centre rappelle d’autres attaques et enlèvements
a) Le premier enlèvement d’un religieux catholique fut celui de Mgr Phocas NIKWIGIZE, Evêque de RUHENGERI, qui fut enlevé par les militaires de l’Armée Patriotique Rwandaise à la frontière de GISENYI lors de son retour au Rwanda le 30 novembre 1996. Il avait été conduit au Rwanda dans son véhicule par le père LUCETTA du diocèse de Goma qui fut refoulé vers la RDC (ex-Zaïre) par les militaires rwandais. Depuis cette date, Mgr Phocas NIKWIGIZE fut porté disparu et les responsables militaires rwandais, interpellés par l’Action urgente d’Amnesty International du 5 décembre 1996, sont restés muets sur son sort jusqu’aujourd’hui. Toutes les demandes de l’Episcopat rwandais et toutes les recherches menées par des organisations des droits humains sont restées vaines.
En outre, le Centre rappelle que les éléments de l’Armée Patriotique Rwandaise « sous la couverture en rebelles Banyamulenge » venaient d’assassiner Mgr Christophe MUNZIHIRWA, Evêque de BUKAVU en RDC le 28 octobre 1996 pour avoir critiqué publiquement le soutien du Gouvernement Rwandais aux rebelles Banyamulenge de l’AFDL (Alliance des Forces Démocratiques pour la Libération du Congo du Président congolais Laurent Kabila). Le Centre rappelle également l’assassinat d’un autre religieux de la paroisse catholique de Burhale, l’Abbé Jean-Claude BUHENDWA, tué le 18 novembre 1996 à CHIMANGA au Sud Kivu. Il fut exécuté par les soldats rwandais de l’AFDL pour avoir tenté d’empêcher le massacre de plus de 500 réfugiés rwandais et burundais et des déplacés congolais-zaïrois, massacrés à CHIMANGA ce jour-là (voir AI, AFR 02/33/96 du 5/12/1996).
b) Enlèvement de deux pères blancs belges à Rwaza (Ruhengeri)
Le 21 juillet 1998, deux pères blancs belges ont été enlevés dans leur paroisse de RWAZA, commune Ruhondo, préfecture Ruhengeri (nord-ouest du Rwanda). Il s’agit des Pères Marc François et Jean Lefebvre. Les deux pères ont été libérés le 24/7/1998.
– Le déroulement des faits d’après les déclarations à l’AFP du 22/7/98 du Secrétaire de la Conférence Episcopale du Rwanda, l’Abbé Modeste MUNGWARAREBA :
« Les rebelles ont encerclé la paroisse, leur ont demandé de s’équiper pour la marche, et ont simplement volé certaines choses », a précisé l’Abbé Modeste.
« Ils sont également entrés dans le Couvent des Soeurs, proche de là où logeaient les missionnaires, mais n’ont fait que prendre ce qui les intéressaient et n’ont pas emmené de soeurs », a-t-il ajouté.
Interrogé sur le fait que les religieux sont de plus en plus la cible de la « rébellion, l’Abbé Modeste a répondu: « il s’agit à mon avis d’une stratégie des infiltrés pour faire leur publicité. Ils pensent qu’en enlevant des religieux, on parlera davantage d’eux ».
« Je ne suis pas particulièrement inquiet pour ces missionnaires, jusqu’à présent ils (les rebelles) n’ont pas tué les religieux qu’ils avaient enlevés, ils discutent avec eux, les logent, les traitent bien la journée, et les déplacent la nuit », a-t-il ajouté.
– La connaissance du Rwanda des deux missionnaires en fait des témoins gênants:
Les deux missionnaires belges parlaient couramment le Kinyarwanda car ils venaient de passer plus de 20 ans au Rwanda et connaissaient très bien la région et les habitants. Tous les deux avaient assuré le fonctionnement de la paroisse de JANJA avant le retour des prêtres rwandais réfugiés avec leurs fidèles au Congo-Zaïre avant décembre 1996. Ils connaissent la plupart des intellectuels hutus originaires de cette région et dont la majorité est porté disparue ou persécutés par l’APR aujourd’hui. Suite à l’insécurité, les prêtres rwandais de la paroisse de Janja ont dû se réfugier à l’Evêché de Ruhengeri depuis fin février 1998.
c) Enlèvements ans la nuit du 7 au 8 juillet 1998, trois religieuses de la Congrégation des Soeurs de Sainte-Chrétienne (dont la maison mère se trouve au Québec au Canada) ont été enlevées dans leur couvent de Bungwe en commune KIVUYE, préfecture BYUMBA par des hommes armés (une quarantaine selon les sources officielles). Il s’agit de la Soeur canadienne Gisèle ALLARD et de deux soeurs rwandaises EMMA et SUZANNE. Elles ont été libérées samedi le 11 juillet 1998 tel que confirmé à l’AFP par l’Evêque de la Diocèse de Byumba, Mgr Servilien NZAKAMWITA. Les trois soeurs avaient été retrouvées à la paroisse catholique de Nemba en commune NYARUTOVU (Ruhengeri). Le Centre de santé de BUNGWE, fondé et tenu par ces religieuses, fut attaqué et pillé (de touts les médicaments) ainsi que la Banque populaire de la commune KIVUYE qui fut cambriolée. Le Centre rappelle également que la soeur Gisèle ALLARD fait partie des 1ères soeurs fondatrices du Couvent de Bungwe et celui de RUNABA en commune BUTARO (Ruhengeri) ou se trouve une centrale catholique, il y a plus de 20 ans. Comme beaucoup d’autres religieux, Soeur Gisèle Allard connaissait bien la région de Byumba et Ruhengeri pour y avoir passé plus de 20 ans. Cette région est, depuis juin 1998, frappée par des « malfaiteurs non identifiés » que les autorités militaires et civiles s’empressent de qualifier «d’infiltrés hutu ». De l’autre côté du marais de Rugezi, en face et à 500 m (à vol d’oiseau) de BUNGWE, se trouve un centre de négoce de RUHUNDE. Dans la nuit du 15 au 16 juin 1998, des individus qualifiés « d’infiltrés » ont attaqué le Secteur RUHUNDE de la commune CYUNGO dans la préfecture de BYUMBA. Sur 8 cellules que compte ce secteur, 5 ont été attaqués. Il y a eu beaucoup de victimes et en date du 17 juin 1998, on venait de dénombrer 52 morts; les plus visés étaient le Conseiller de secteur, les responsables de cellules et les commerçants. Ce secteur est à moins de 5 Km de MIYOVE où se trouve la position militaire. Ces prétendus infiltrés ont détruit la maison du Bourgmestre et ses 20 vaches ont été emportées par ces malfaiteurs. Parmi les victimes se trouvent NDIKUYEZE Juvénal et son épouse.
d) Dans la nuit du 22 au 23 mars 1998, sept religieuses de l’Ordre de la Charité Sainte-Anne avaient été enlevées dans leurs couvents de KIVUMU dans la préfecture de Ruhengeri par un groupe qualifié de « rebelles hutu». Il s’agissait de deux soeurs espagnoles et de cinq soeurs novices rwandaises. Les deux soeurs espagnoles avaient été relâchées samedi le 28/3/98 à GOMA (à l’Est de la République Démocratique du Congo-RDC) par leurs ravisseurs. Les cinq soeurs novices rwandaises avaient été libérées dans le courant de la semaine du 22 au 29/3/98.
Selon « différentes sources diplomatiques », elles auraient été enlevées par la rébellion hutu pour procurer des soins à ses blessés. Conduites à Kigali par l’Ambassadeur d’Espagne en RDC, José Antonio Bordarro-Huidobro, elles ont passé la nuit à la Nonciature avant de rentrer en Espagne « le plus rapidement possible pour se reposer » après la longue marche qui leur avait été imposée, selon l’Agence France Presse (AFP) du 31 mars 1998.
5) Pour ne citer que quelques assassinats de religieux dans le Conflit rwandais, le Centre rappelle ceci:
1) Le 17/10/1994, le Père canadien Claude SIMARD, qui venait de passer 29 ans au Rwanda a été assassiné dans la soirée dans sa paroisse catholique de RUYENZI en préfecture de Butare (sud). D’après les enquêtes du Capitaine Tim ISBERG d’Edmonton, responsable de l’enquête sur cet assassinat, ce sont des soldats de l’Armée Patriotique Rwandaise (APR) qui l’ont tué à coups de marteau qu’ils ont abandonné sur place. Les assassins étaient venus à bord d’une camionnette Toyota bleue. La responsabilité fut imputée au Capitaine ZIGIRA (actuellement promu Major) et au Lt Colonel IBINGIRA (promu Colonel à la publication du Rapport ONU sur les massacres des réfugiés hutu au Congo-Kinshasa et dans lesquels il a participé). Les deux haut officiers de l’APR sont des criminels de guerre de 1990 à 1994. Le Colonel Fred Ibingira s’est illustré aussi dans les massacres de déplacés de guerre en Avril 1995 à KIBEHO.
2) Assassinat de l’Abbé Pie NTAHOBARI, Curé de la paroisse Kamonyi:
Le 1 août 1995, le Curé de Kamonyi, Pie Ntahobari a été enlevé dans sa paroisse par des individus en tenue militaire. Il fut retrouvé mort dans une bananeraie située non loin de la paroisse. Il a été tué par balle dans la tête.
3) Dans la soirée du 31 octobre 1996, quatre (4) Frères Maristes espagnols ont été assassiné dans le camps de NYAMIRANGWE (au Sud Kivu) où ils s’occupaient des réfugiés rwandais et burundais. Voici leur dernier message qui est très significative : « Tout le monde a quitté le camp de Nyamirangwe, Nous sommes seuls. Nous nous attendons à une attaque d’un moment à l’autre. Si ce soir, nous ne téléphonons pas, ce sera mauvais signe. Le secteur est très agité. Les réfugiés fuient sans savoir où aller, et c’est le signe de la présence d’éléments violents qui se sont infiltrés ». Parmi les quatre victimes espagnols tués au Sud-Kivu parce qu’ils avaient été témoins des massacres de Réfugiés hutu et déplacés zaïrois, le Centre a relevé le nom de JULIO.
4) Le 2 février 1997, le Père canadien Guy PINARD a été tué pendant la messe du dimanche vers 10h par un enseignant ex-militaire de l’APR nommé Dieudonné. Ce prêtre de la Congrégation des Missionnaires d’Afrique (Pères blancs), est né le 20 avril 1935 et ordonné prêtre à Carthage le 27/1/1961. Il a passé tous ses 35 ans de sa vie missionnaire au Rwanda. Lors des massacres au Rwanda en 1994, il avait plusieurs fois risqué sa vie pour aider les personnes menacées de mort. Il a été tué sur le champ au moment où il distribuait l’Eucharistie dans sa paroisse de Kampanga, à 16 km de Ruhengeri. Des témoins fiables rapportent que le meurtrier Dieudonné n’avait pas encore été arrêté 3 jours après son crime, alors qu’il n’avait pas fait beaucoup d’effort pour se cacher.
5) Le 25 février 1997, huit (8) prêtres catholiques et trois (3) religieuses rwandais réfugiés à KALIMA en RDC (ex-Zaïre) ont été assassinés. Ils avaient quitté la région de Bukavu pour fuir les massacres de réfugiés et les combats entre les troupes de l’ancien Dictateur MOBUTU et les rebelles de KABILA appuyés par l’Armée Rwandaise. Les prêtres victimes sont les Abbés : Antoine Hategekimana, Emmanuel Munyakazi, Jean Uwizeyimana, Norbert Milimo, François-Xavier Muyoboke, Urbain Twagirayezu, Etienne Kabera, Augustin Nkulikiyumukiza et les soeurs Marie-Francine Nyirarukundo et Félicité Mukamihigo appartenant à la Congrégation des soeurs de Saint-François d’Assise, dont la maison mère se trouve à BRAKEL en Belgique, ainsi que soeur Clotilde Nyirabakungu, appartenant à la congrégation également belge « Abizeramariya ». Quant aux responsables, écrit l’Observatore Romano, on sait que deux jours avant le massacre, le village de Kalima était tombé sous le contrôle des rebelles Banyamulenge appartenant à l’ethnie Tutsi. A Kalima, avant qu’elle ne soit atteinte par le conflit, rappelait le journal, campaient environ 25.000 réfugiés qui, à cette époque, étaient dispersés dans la région (Voir AFP du 6/3/1997, Cité du Vatican).
6) Dans la nuit du 27 au 28 avril 1997 à 1h du matin, la Directrice Belge de l’Ecole catholique Secondaire de MURAMBA, Griet BOSMANS, a été tuée avec 17 élèves et quatre personnes (qui logeaient à l’Ecole de Tetero) par des malfaiteurs « non identifiés ». Comme pour tous les massacres de civils non armés, les autorités rwandaises se sont empressées d’attribuer ce crime aux « rebelles hutu ». La population locale a soupçonné les éléments de l’APR suite à leur refus d’intervenir alors qu’il y avait deux positions tenues pas l’APR à quelque 300 mètres des deux écoles de Muramba. Lorsque les militaires APR sont intervenus la première fois vers 3h du matin, Griet BOSMANS respirait encore difficilement mais ils n’ont rien fait pour la transporter à l’hôpital. Ils ont exigé qu’on allume le générateur électrique de l’école, mais celui qui possédait la clé de l’abri où il se trouvait ne fut pas trouvable. Les militaires sont repartis pour revenir vers 5h du matin, juste au moment où Mlle Griet rendait son âme à Dieu. Le Major John KWIZERA, au lieu de rassurer la Directrice de l’Ecole des filles de Tetero, il s’est mis à l’injurier pour l’obliger à aller subir les interrogatoires sans pouvoir se changer.
7) Assassinat des prêtres de la Paroisse CYAHINDA (Butare):
Dimanche le 11 mai 1997 vers 18h30, une camionnette double cabine a été arrêté par deux personnes armées et en uniforme militaire, à moins de 500 mètre de la frontière entre la préfecture de Gikongoro et celle de Butare, dans la cellule GITARA, secteur COKO, en commune MUBUGA, préfecture Gikongoro. A bord de ce véhicule se trouvaient :
– Abbé HABAKURAMA Isaïe, Curé de la paroisse de CYAHINDA (préfecture Butare);
– Abbé YIRIRWAHANDI Pascal (paroisse Cyahinda);
– JEAN MARIE VIANNEY, assistant médical: nouveau responsable du Centre de Santé de Cyahinda, installé depuis seulement une semaine;
– Denise UWIZEYIMANA: nutritionniste au Centre de santé de Cyahinda;
– NYIRABAZUNGU, jeune fille originaire de Cyahinda;
– Une étudiante, stagiaire à l’Ecole primaire de Cyahinda;
– NYABUDARAZA, originaire de Cyahinda.
Ces individus armés ont fait sortir les sept personnes du véhicule et ont tué six personnes sur les sept qui étaient à bord. La seule rescapée de cette tuerie fut Nyabudaraza, qui a directement pris la fuite quand la camionnette s’est arrêtée. Les militaires de l’Armée Patriotique Rwandaise (APR) stationnés près du lieu du crime ne sont pas intervenus. Les corps des victimes furent évacués par des militaires basés à la S/Préfecture de MUNINI.
Rien n’a été volé dans le véhicule. Les victimes rentraient chez eux en provenance de NDAGO (commune Mubuga) où ils étaient allé aider au déménagement du nouveau Responsable du Centre de Santé de Cyahinda, Mr Jean Marie Vianney.
Selon les informations diffusées par la Radio Nationale (Radio-Rwanda), un ancien soldat des ex-Forces Armées Rwandaises (ex-FAR), qui aurait été arrêté après ce crime, aurait avoué qu’il faisait partie du commando ayant commis le crime. L’identité des assassins et le mobile du crime n’ont pas été connus de source indépendante au moment de l’enquête car les témoins oculaires auraient été arrêtés par les militaires.
8) Début août 1997, assassinat de l’Abbé Ignace MUBASHANKWAYA de la paroisse de MUSHAKA en préfecture Cyangugu.
9) Assassinat du Père Croate, VJEKO Curic, à Kigali le 31/01/1998:
– Le 31/01/1998 vers 20h30, le Père VIJEKO a été tué de huit balles en plein centre de la ville de Kigali par un homme armé qui, bien que blessé, a réussi à s’enfuir à pied. Le père VJEKO était économe général du Diocèse Kabgayi et curé de la paroisse de Kavumu. En collaboration avec CARITAS, il participait notamment à des programmes d’aides aux veuves du génocide rwandais. Il avait construit de nombreuses maisons d’habitation pour les veuves. L’enquête sur son assassinat n’a jamais été rendue publique jusqu’aujourd’hui si elle a eu lieu.
8) Assassinat du Curé de la Paroisse RUHENGERI, l’Abbé Boniface KAGABO, tué près de chez Rusingizandekwe dans la ville de Ruhengeri vers le 28 avril 1998.
Il était rentré des camps de réfugiés du Zaïre en décembre 1996. C’était un des rares prêtres tutsi qui n’avait pas peur des militaires et qui était un grand ami Mgr Phocas NIKWIGIZE.
La première tentative de l’assassiner comme le père Guy PINARD, c’est-à-dire en pleine communion, avait échoué. En effet, un fidèle qui avait remarqué le tueur, a pu l’avertir et l’évacuer de l’autel. Il fut remplacé par un autre prêtre pour cette messe.
9) Assassinat des soeurs de BUSASAMANA dans la nuit du 7 au 8 janvier 1998 :
Dans la nuit du 7 au 8 janvier 1998, six (6) soeurs de la Résurrection du Christ ont été tuées dans leur couvent de Busasamana. Il s’agit de Epiphanie Gasigwa, Félicité Benimana, Césarine Uwimana, Xavéra Mukagakwaya et Berthilde Mukamuhire. Géorgine Uwimana Rwangeyo est morte à l’hôpital de Kigali. Malgré l’insécurité dans le nord, elles avaient refusé d’abandonner la population civile à son sort pour se réfugier à Nyundo. D’après les autorités rwandaises, ces soeurs ont été tuées par des rebelles hutus. D’après d’autres témoins locaux, ce sont des militaires de l’Armée Patriotique Rwandaise. (Voir Communiqué n° 49/99 sur l’arrestation de MISAGO)
10. Massacres de fidèles dans les lieux de culte (églises):
Fin Mai 1997, l’APR a massacré environ 300 fidèles d’une Eglise protestante dans le secteur NANGA et plus de 200 fidèles d’une Eglise adventiste dans le secteur MWIYANIKE au cours de leur office religieux. Toutes les victimes sont des civils innocents.
11. Expulsion de religieux et autres laïcs:
Mme BERNADETTE, française, employé de la CARITAS, a été expulsée en 1997.
L’Abbé LERUSSE a été expulsé du Diocèse de Gikongoro le 12 janvier 1998.
12. Emprisonnement arbitraire des prêtres
– Condamnation à mort des prêtres de Kibuye (voir communiqué n° 41/98)
Le 27 février 1998, la peine de mort avait été requise par la Chambre spécialisée du Tribunal de Première Instance de Kibuye en l’encontre des deux abbés Edouard Ntuliye et Emmanuel Kayiranga. Ils sont accusés d’avoir dirigé l’assassinat de 60 tutsi au Petit Séminaire de NYUNDO, commune Rubavu, préfecture Gisenyi (au nord-ouest du Rwanda).
En conclusion, le régime FPR continue de persécuter l’Eglise Catholique et tous ceux qui la servent.
Pour le Centre, MATATA Joseph, Coordinateur.
(*) Le Centre de Lutte contre l’Impunité et l’Injustice au Rwanda est une association de défense des droits humains basée en Belgique, créée le 18 août 1995. Ses membres sont des militants des droits humains de longue date. Certains ont été actifs au sein d’associations rwandaises de défense des droits humains et ont participé à l’enquête CLADHO/Kanyarwanda sur le génocide de 1994. Lorsqu’ils ont commencé à enquêter sur les crimes du régime rwandais actuel (le régime du Front Patriotique Rwandais), ils ont subi des menaces et ont été contraints de s’exiler à l’étranger où ils poursuivent leur engagement en faveur des droits humains.
CENTRE DE LUTTE CONTRE L’IMPUNITE ET L’INJUSTICE AU RWANDA
BP 2 – MOLENBEEK 4
1080 BRUXELLES
Tél/Fax: 32.10/81.58.17 Bruxelles le 5/02/1997
NOTE POUR INFORMATION A TOUS NOS PARTENAIRES
RWANDA: Assassinat du Père Guy PINARD, Curé de la Paroisse Catholique de KAMPANGA à RUHENGERI le 2 Février 1997.
1) Qui a tiré et tué le Père Guy PINARD pendant la messe?
Le Père Guy Pinard, de nationalité canadienne, est né le 20 avril 1935. Guy avait été ordonné à Carthage le 27 Janvier 1961. Il a passé toute sa vie missionnaire au Rwanda. Lors des troubles au Rwanda en 1994, il avait plusieurs fois risqué sa vie pour aider les personnes menacées par les massacres. Il a été tué alors qu’il célébrait l’Eucharistie dans la Paroisse de KAMPANGA, à 16 Kms de Ruhengeri. Un enseignant "ex-soldat de l’Armée Patriotique Rwandaise" nommé DIEUDONNE a tiré sur lui alors qu’il distribuait la Communion et il est mort sur-le-champ. Quand les chrétiens ont tenté de l’appréhender, le meurtrier Dieudonné a tiré en l’air pour les dissuader et a réussi à s’enfuir. Bien qu’il soit connu, l’on ignore le motif de son acte. Ce qui a poussé les gens à croire que Dieudonné serait un "déséquilibré". Considérant la façon de procéder et de s’enfuir, il n’a rien de déséquilibré!
– Le fait qu’il ne portait plus l’uniforme de l’APR, mais qu’il avait gardé son arme, pousse beaucoup d’observateurs à croire à un attentat "commandité".
2) Pourquoi la Gendarmerie n’a-t-il pas arrêté l’enseignant DIEUDONNE? Des témoins fiables rapportent que jusqu’au 5 février 1997, soit 3 jours après son crime, Mr Dieudonné n’avait pas encore été arrêté alors qu’il n’avait pas fait beaucoup d’efforts pour se cacher.
3) Le Père Guy PINARD aurait été tué parce qu’il était gênant, surtout dans ces moments où l’APR est accusée de massacrer de paisibles paysans au cours de "ses OPERATIONS et RIPOSTES musclées" contre des extrémistes hutu. Les observateurs se demandent souvent comment se fait-t-il qu’il y ait beaucoup de victimes civiles qui sont des paysans résidents et reconnus comme des villageois et qui ne prennent pas part au combat. Il est très rare d’enregistrer les morts ou les blessés parmi les "belligérants".
4) ANTECEDENTS: Le Centre rappelle que ce n’est pas la première fois que des "Religieux étrangers", qui ont passé de nombreuses années au Rwanda, soient la cible des militaires extrémistes:
a) Le 17/10/1994, le Père canadien Claude SIMARD, qui venait de passer 29 ans au Rwanda, a été assassiné dans sa paroisse catholique de RUYENZI en préfecture de Butare (dans le Sud du Rwanda). D’après les enquêtes du Capitaine Tim ISBERG d’Edmonton, responsable de l’enquête sur cet assassinat, ce sont des soldats de l’Armée Patriotique Rwandaise (APR) qui l’ont tué à coups de marteau qu’ils ont abandonné sur place. C’était vers le soir du 17 octobre 1994 et ils étaient venus à bord d’une camionnette Toyota bleue.
– La responsabilité de cet assassinat est imputée au Capitaine ZIGIRA qui était Préfet de la préfecture Butare (actuellement promu "Major" et affecté à l’Etat-Major de la Gendardmerie Nationale à Kigali) et au Colonel IBINGIRA qui était Commandant du Secteur militaire Butare-Gikongoro. Le Colonel IBINGIRA, criminel de guerre de 1990 à 1994, s’est illustré dans les massacres de déplacés de guerre en Avril 1995 à KIBEHO (préf. Gikongoro au sud du pays). Récemment, il a commandé les troupes de l’Armée Patriotique Rwandaise qui ont envahi la province zaïroise du Kivu en Septembre-Octobre 1996 aux côtés des dits "banyamulenge" et des troupes burundaises.
– Le Capitaine ZIGIRA, Préfet de Butare, et le Capitaine DANY, Commandant des opérations militaires à Butare en juillet 94, sont tous deux responsables des massacres massifs de civils hutu déplacés de guerre qui avaient été encerclés lors de la prise de Butare début Juillet 1994.
– Ces trois hauts responsables militaires de l’APR n’ont jamais été poursuivis pour leurs crimes, au contraire ils continuent d’en commettre d’autres au niveau de l’Etat-Major de la Gendarmerie Nationale, où le Capitaine DANY a été nommé Chef du Service de Renseignements à la Gendarmerie. Ainsi, il est devenu un des "ADJOINTS" du Colonel KAYUMBA Nyamwasa, qui est lui-même le numéro Deux du Régime militaire et dictatorial.
b) Le 24 juin 1996, en commune NTYAZO, préfecture Butare, le Père belge SIMOENS, responsable de l’orphelinat DON BOSCO à Cyotamakara, a failli être tué par un jeune soldat de l’APR du nom de NGABOYISONGA KIZITO. Ce jeune meurtrier, qui était en tenue militaire et armé, est un des nombreux orphelins que le Père SIMOENS a élevé dans son orphelinat de Nyanza avant son enrôlement dans l’APR.
– Le jeune meurtrier est arrivé peu avant la fin de la messe du soir dite par le Père Simoens. Quand son ancien compagnon à l’orphelinat de Nyanza, NIYIRORA Théogène, est allé le saluer, Kizito lui aurait dit qu’il venait pour "tuer un chien". Il a attendu la sortie de la messe près du réfectoire des orphelins. Le réfectoire est située à +/- 100 mètres de la chapelle. Il paraît que Théogène aurait soufflé à son collègue Jean-Baptiste d’aller avertir le Père à la Chapelle.
– C’est au moment où Jean Baptiste voulait entrer dans la chapelle, que le soldat KIZITO lui a tiré une balle dans le dos et dans les hanches. Kizito est ensuite entré dans la chapelle où il a trouvé un autre orphelin, Tito, sur lequel il a tiré. Il est ensuite sorti à la recherche des autres orphelins qu’il n’a pas pu trouvés parce qu’ils s’étaient tous cachés en entendant les coups de feu. Il serait revenu en arrière, aurait tiré plusieurs balles sur TITO et lui aurait troué un oeil à l’aide de sa baïonnette. Il est ressorti et s’est tiré, à son tour deux balles, l’une à la poitrine, l’autre à l’épaule, se blessant grièvement. Jean Baptiste est mort sur-le-champ, tandis que TITO est décédé quelques jours plus tard à l’hôpital universitaire de Butare, le 4/07/1996. Kizito était venu plusieurs fois réclamer au Père Simoens tantôt sa carte de baptême, tantôt la carte d’identité de son grand frère mort. Par après le militaire a dit qu’il avait un problème personnel à régler avec le Père SIMOENS mais qu’il n’a pas voulu révéler.
Pour le Centre, MATATA Joseph, Coordinateur