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Dossier-2004 : Descendants d’anciens dignitaires hutu menacés

Le CLIIR constate que les anciens dignitaires et leurs descendants sont réellement menacés par les extrémistes tutsi, véritables détenteurs du pouvoir occulte qui contrôlent et paralysent toutes les institutions de l’Etat Rwandais.

Relevé des persécutions et des actes de vengeance collective dirigées contre les anciens dignitaires hutu et leurs descendants

1) Introduction :
Bien avant le génocide rwandais de 1994, les associations rwandaises de défense des droits humains avaient relevé, dans certaines régions du Rwanda, toute une série d’assassinats visant des anciens conseillers et membres du MDR PARMEHUTU et du MRND (Mouvement Révolutionnaire National pour le Développement, parti-état du président hutu Juvénal Habyarimana). Le MDR (Mouvement Démocratique Républicain) est l’ancien parti unique de fait sous le régime du premier président hutu élu, Grégoire Kayibanda, qui a conduit le Rwanda à son indépendance le 1er juillet 1962. C’est le MDR qui a provoqué la chute de la monarchie tutsi et réalisé la révolution sociale et politique de 1959 qui a conduit à l’émancipation de larges couches des masses paysannes appelées « Rubanda rugufi (c’est-à-dire : le bas peuple) » en Kinyarwanda.
Pour illustrer ces assassinats, citons les cas suivants :
a) Monsieur MURASANGABO Théoneste (63 ans), ancien Président du parti MDR Parmehutu dans la région de BWANACYAMBWE, tué dans la nuit du 17 au 18 septembre 1993 par un commando identifié comme étant celui du Front Patriotique Rwandais (FPR) qui visait à provoquer la colère des extrémistes hutu à cette époque déjà. Son propre père Edouard Habakurama (80 ans) et cinq de ses enfants seront assassinés aussi par les troupes du FPR en mai 1994. Il s’agissait de Nsengiyumva Xavier (44 ans), Kwizera Claver (38 ans) plus sa femme et ses cinq (5) enfants ; Mudaheranwa (36 ans), Zilimwabagabo (30 ans), Marthe Dukuzemariya + son mari Gatete Azarias et leurs trois (3) enfants. Sa vieille femme Nyirabundoyi Emilienne fut arrêtée, torturée et emprisonnée plusieurs fois parce qu’elle était :

  • l’épouse d’un ancien chef du Parti MDR PARMEHUTU à Bwanacyambwe (Kigali-rural) considéré comme étant la cause de l’exil des monarchistes tutsi dès 1959 ;

  • la mère de M. Côme BIZIMUNGU, ancien préfet de Gisenyi et Kigali-Rural ;

  • la mère de M. Théoneste Ntawugayumugabo, mécanicien qui réparait les bus loués par les militaires des ex-Forces Armées Rwandaises (FAR) pendant la guerre du FPR ;

  • la propriétaire des biens meubles et immeubles occupés par certains dignitaires militaires du régime FPR

b) Dans la nuit du 17 au 18 novembre 1993, 37 personnes ont été sauvagement massacrées par un commando inconnu dans les communes KIDAHO, NKUMBA, NYAMUGARI, et CYERU (préfecture Ruhengeri). Parmi ces victimes se trouvaient de nombreux enseignants et conseillers communaux hutu membres du MRND, censés représenter l’élite hutu dans ces communes.
Tous ces assassinats sélectifs à connotation politique ont fortement enragé les extrémistes hutu qui estimaient que les Accords de Paix d’Arusha, signés le 4 août 1993, favorisaient les tutsis du Front Patriotique Rwandais (FPR). Les auteurs de ces assassinats n’ont jamais été identifiés et poursuivis en justice. Ces crimes sont restés impunis.
3) Le langage violent et incitateur des hautes autorités rwandaises expose à la vengeance les anciens leaders hutu des années de l’indépendance du Rwanda en 1962.
L’actuel Président rwandais, le Général Paul KAGAME ne cesse de répéter que le génocide des tutsis a commencé avec la révolution sociale et politique de 1959 qui a chassé du pouvoir la monarchie tutsi. Dans tous ses anciens discours, son prédécesseur l’ancien Président hutu, Pasteur BIZIMUNGU, ne cessait de souligner que le génocide est cyclique depuis les années où des tutsis furent tués en 1959, 1963-1964, 1966, 1972-1973, 1990, 1992, au cours des représailles sanglantes provoquées par les principales attaques des Inyenzi (exilés tutsi) déclenchées successivement dans le BUGESERA en décembre 1963, au BUGARAMA (Cyangugu) en janvier 1964 et en novembre 1966 à NSHILI et à BWEYEYE (Gikongoro).
Plusieurs députés tutsi de l’actuel Parlement Rwandais, dont Monsieur Deus Kagiraneza (député du FPR et Sergent dans l’APR réfugié actuellement à Tournai en Belgique) ont déclaré à maintes reprises que le génocide des tutsis avait été planifié par l’Eglise Catholique, les Pères blancs et Mgr André Perraudin qui ont soutenu les leaders hutu depuis 1959. C’est probablement pour décapiter l’Eglise catholique que les soldats du FPR ont massacré le 05/06/1994 trois évêques hutu ainsi qu’une dizaine de prêtres qui n’avaient pas voulu abandonner environ 35.000 tutsis et hutus réfugiés à l’Evêché de Kabgayi (au centre du pays à Gitarama).
Des journaux rwandais qu’on pourrait qualifier de « nouveaux médias de la haine » se sont aussi attaqués à la Révolution de 1959 en qualifiant le premier président intérimaire de la République Rwandaise (de janvier à octobre 1961), Monsieur Dominique MBONYUMUTWA, de premier génocidaire de l’histoire du Rwanda. Son fils, Monsieur Mbonyumutwa SHINGIRO (actuellement réfugié en Belgique) continue d’être la cible des médias proches du FPR et des extrémistes tutsi en général. Les journaux proches du FPR : UMUSEMBURO n° 4 de novembre 1995 (pages 3 à 5) et GOBOKA n°17 (pages 24 à 26) se sont attaqués à la mémoire de son père Dominique Mbonyumutwa, de l’ancien président de la république Grégoire KAYIBANDA ainsi qu’aux anciens adhérents du parti MDR Parmehutu originaires de l’ancienne Chefferie de Ndiza (Gitarama) où Dominique Mbonyumutwa exerça les fonctions de Sous-Chef de NDIZA en 1959.
4) Une répression particulière vise les parents et les descendants des anciens dignitaires hutudes deux républiques précédentes :
Plus de 18.000 morts dans la seule préfecture de Gitarama (témoignages de Monsieur Seth Sendashonga, Ministre de l’Intérieur et de Monsieur Faustin Twagiramungu, Premier Ministre du Gouvernement d’Union Nationale mis en place par le nouveau régime du FPR) :
La préfecture de Gitarama est le berceau de la Révolution sociale et politique de 1959. Elle comptait le plus grand nombre d’adhérents de l’ancien parti état, le MDR PARMEHUTU, qui avait établi son Secrétariat national à Kabgayi (Gitarama). Après la mort du Roi Mutara Rudahigwa le 25/07/1959, l’introduction de la violence politique fut matérialisée par la publication de listes de leaders hutu accusés d’être des instruments du joug colonial et des ennemis de la nation et qui devaient de ce fait, être tués par tout bon citoyen. Les meetings incendiaires du parti UNAR (Union Nationale Rwandaise) organisés à Nyamirambo (Kigali) le 13 septembre 1959 et à Butare, alors appelée Astrida, le 20 septembre 1959 firent monter les tensions par leurs appels à la haine ethnique. La première révolte des paysans hutu contre les chefs tutsi se déclencha dans le massif montagneux de NDIZA (situé au nord de Gitarama) début novembre 1959 et se propagea très rapidement dans tout le pays et aboutit à la chute de la monarchie tutsi. Dans leur politique de revanche, les extrémistes Tutsi ont massacré plus de 18.000 personnes originaires de Gitarama en six mois seulement après leur victoire militaire sur les FAR. Parmi ces victimes on trouve de nombreux anciens adhérents du MDR PARMEHUTU tués à l’âge situé entre 60 et 70 ans parce qu’ils sont supposés avoir chassé du pouvoir les tutsis en 1959.
L’ancien Ministre de l’Intérieur, Seth SENDASHONGA a écrit plus de 700 lettres au Général Paul Kagame entre le 15/10/1994 et le 25/08/1995 portant sur le cas d’environ 60.000 personnes persécutées. Il n’a enregistré aucune réaction. Il a décidé de démissionner le 28/08/95 et d’entrer dans l’opposition. Il a été assassiné à Naïrobi le 16 mai 1998 probablement par un commando du FPR. Le planificateur de son assassinat, MBAYIRE Alphonse, chargé d’affaires à l’Ambassade du Rwanda à Naïrobi (Kenya) a été assassiné dans un bar à KIGALI le 8 février 2001 par un jeune militaire qui lui a vidé tout son chargeur dans la poitrine.
Voici un extrait du témoignage du Ministre Sendashonga dans le quotidien québécois, « La Presse de Montréal du samedi, 01/06/1996 : « Au-delà de ces crimes de vengeance, on a connu surtout, et c’est de cela dont je parle maintenant, de ces cas où l’armée va chercher des jeunes gens, généralement à partir de 15 ans jusqu’à des hommes vieux de 55 ans, qui sont pris de nuit et qui ne sont plus revus, que les familles passent leur temps à chercher dans toutes les prisons du Rwanda et qu’ils ne revoient jamais. Disons que le pattern général, c’est qu’on s’en prenait d’abord à des jeunes gens et à des hommes encore en âge d’activité. Mais aussi et surtout aux leaders, aux instituteurs, aux moniteurs agricoles, à tous ceux qui pouvaient jouer un rôle quelconque à titre d’intellectuel ou bien de leader local ….Pour asseoir sa suprématie sur le pays, ….il fallait absolument éliminer tout concurrent potentiel… ».
5) Les parents et les proches des anciens militaires des Forces Armées Rwandaises (FAR) sont devenus des cibles du FPR :
Lors de l’avancée des troupes du FPR, les familles qui avaient des membres de famille enrôlés dans l’armée gouvernementale ont été impitoyablement massacrées pour cette raison. Souvent c’est toute la famille élargie qui était décimée : c’est-à-dire que les oncles, tantes, neveux, grands parents et autres proches parents étaient tout simplement exécutés à cause de leur lien familial avec un militaire de l’armée gouvernemental (FAR). Le rapport de l’expert engagé par le Haut Commissariat aux Réfugiés (HCR), Monsieur GERSONY, mentionne le chiffre de 30.000 citoyens massacrés par le FPR entre juillet et septembre 1994 pour les seules régions du BUGESERA et du sud de la préfecture KIBUNGO.
Même certains officiers et sous-officiers des ex-FAR intégrés officiellement dans l’Armée Patriotique Rwandaise (APR) à partir du 25 janvier 1995 ont été emprisonnés dès le 9 février 1995. D’autres ont été enlevés des prisons et assassinés tel le cas du Major Lambert RUGAMBAGE. Des officiers et militaires ex-FAR rapatriés de force du Zaïre et de la Tanzanie furent pourchassés et assassinés partout dans le pays dès janvier 1997. Dans la nuit du 18 au 19/01/1997, le Major BIZABARIMANA Laurent fut tué à Nyarutovu (Ruhengeri) avec sa femme, ses enfants, ses parents et ses voisins pendant une petite fête organisée à l’occasion de sa libération provisoire. Le 20/01/1997, le caporal MBATUYIMANA Jean de Dieu fut tué par les gendarmes de Ruhengeri après l’assassinat de trois médecins espagnols qui travaillaient pour l’ONG Médecins du Monde (MDM) tués dans la soirée du 18 au 19/01/97. Le 21/01/97, le Colonel HAKIZIMANA Stanislas fut tué à Rucano, paroisse Muramba, commune Satinsyi, avec sa femme, ses deux enfants, ainsi que six personnes présentes dans la maison et ses douze voisins qui furent tués parce qu’ils ont été témoins de ce massacre. D’autres anciens militaires des FAR furent tués dans tout le pays.
(Voir la note publiée par notre Centre le 3 août 1997 sur la mort des familles hutu à Gisenyi).
Assassinats des proches parents de l’ancien Chef d’Etat-Major des Forces Armées Rwandaise, le Général Major Déogratias NSABIMANA:
a) Jeudi 16 octobre 1997, entre 7h et 8h, des militaires de l’APR se sont présentés au domicile de Mme Généreuse HAKUZIMANA (59 ans), soeur aînée du Général-Major Déogratias Nsabimana qui résidait avec son mari dans la cellule Gashara, secteur Ryinyo en commune NKULI, préfecture RUHENGERI. Ils lui ont intimé l’ordre de sortir et de les accompagner jusqu’au petit centre de négoce de Bikingi, situé au bas de la colline. Sur place, on lui a alors ordonné de s’agenouiller, avant qu’elle ne soit exécutée sur-le-champ au fusil-mitrailleur.
b) Son décès intervient à quelques semaines d’intervalle d’autres assassinats, exécutions sommaires et mauvais traitements dont divers membres de sa famille furent victimes au Rwanda, pour leur simple parenté avec le Général-Major Déogratias Nsabimana, qui a perdu la vie au cours de l’attentat du 6 avril 1994 contre l’avion du Président rwandais.
Il apparaît clairement qu’une machiavélique campagne d’extermination vise indistinctement la plupart des parents de cet ancien dignitaire. A titre d’exemple, cette chasse à ses proches parents a déjà coûté la vie aux parents suivants:
Le 13 juin 1997, sa soeur cadette, Astérie NIRERE (50 ans), paysanne et veuve de feu Léopold Rutebuka et deux de ses enfants ont été exécutés en commune Nyamutera.
– Mercredi le 4 juin 1997, son beau frère, Mr Célestin NGULINZIRA, instituteur, a été assassiné avec ses trois enfants. Il s’agit de:
– son fils Bernard Twahirwa (25 ans) qui était un agent de Air-Rwanda;
– sa fille Alphonsine Dusabemariya (22 ans) qui était une infirmière diplomée;
– son fils Jean de Dieu Ngulinzira (moins de 14 ans) qui était en 6ème primaire.
– Le 5 mars 1997, son beau frère, Mr Léopold RUTEBUKA (57 ans), fonctionnaire communal, fut abattu près de chez lui en plein jour le matin où il se rendait au travail au bureau communal de Nyamutera.
– Le 17 avril 1997, son oncle, Mr NTIBANYURWA (+/-60 ans) et le fils de ce dernier KATABARWA, enseignant de 37 ans, ont été assassinés à Ryinyo en commune Nkuli
– En décembre 1996, son neveu par alliance, Mr Fidèle KARANGWA, commerçant de 31 ans, a été enlevé à Kampala au moment où il était allé voir son camion. Il fut déporté vers le Rwanda, où il fut emprisonné et torturé dans la prison spéciale de Ruhengeri, jusqu’à ce que mort s’ensuive.
Au rythme actuel, c’est l’ensemble de la famille de l’ancien Chef d’Etat-Major des Forces Armées Rwandaises (FAR) qui est en passe d’être exterminée. Récemment encore la mère du Général Déogratias, Marcianne NYIRAMBONA (85 ans), a subi à deux reprises déjà la destruction de son logis par des militaires de l’APR, en plus de la torture morale qui lui est constamment infligée par les tueries sus-mentionnées, dans lesquelles ses enfants et petits-enfants lui sont enlevés un à un. En mars 1997 sa maison en tôles a été incendiée par les militaires de l’APR cantonnés au camp militaire de Mugogwe et venus en camionnette très tôt le matin dans le secteur Ryinyo. Actuellement cette octogénaire loge chez des voisins alors qu’elle possédait un logement décent.
Au chapitre d’autres persécutions: le Centre rappelle que:
– la nièce du Général Déogratias, Mlle DUKUZUMUREMYI Béatrice (25 ans) serait encore détenue depuis le 17 février 1996 sans enquête ou dossier judicaire. Elle avait déjà fait l’objet d’une détention arbitraire à Ruhengeri du début janvier au 7 février 1996 avant d’être relâchée sans explication.
– Jean KABERA (47 ans), son neveu par alliance et ancien capitaine des FAR, avait été arrêté et détenu dans un camp militaire de Gisenyi. Originaire de la commune KARAGO, Gisenyi, il fut emprisonné dans un lieu secret avant de réapparaître dans la prison militaire de Mulindi (Kigali-rural) suite à plusieurs actions urgentes d’Amnesty International.
– Le 16 octobre 1997, Mr Zachée RUTEBUKA, un Pasteur adventiste de 88 ans, a été assassiné par des militaires de l’APR dans le secteur BIHINGA, commune NKULI, préfecture Ruhengeri. Il a été tué en plein jour, chez lui dans sa maison, de trois balles dans la poitrine et de deux balles dans la tête. Il habitait tout près du camp militaire de Mukamira. Il laisse son épouse (du second mariage) et ses trois enfants en bas âge (deux garçons de 8 et 10 ans et un garçon de 12 ans). Bien que tutsi lui-même, il s’était rapatrié du Zaïre en Novembre 1996 du camp de Kahindo. Ce vieux tutsi avait marié toutes ses cinq filles (nées de son premier mariage avec leurs trois frères) aux hutus. Ses trois fils ont fait leurs études à l’extérieur du Rwanda.
c) Des anciens dignitaires du MDR ou du MRND furent tués ou emprisonnés tandis que d’autres et leur descendance partent en exil :
Pour illustrer les persécutions dirigées contre les “pionniers de l’indépendance” au Rwanda, nous avons pris deux cas de figure. Il s’agit de Messieurs:
– SEZIRAHIGA François (62 ans) arrêté arbitrairement parce qu’il fut leader hutu en 1959;
– MBONYUMUTWA Dominique Président intérimaire de la République Rwandaise en 1961
Celui-ci, bien qu’il est décédé depuis longtemps, est victime d’une campagne diffamatoire orchestré par les nouveaux “Médias de la haine” financés et encouragés par les extrémistes.
a) L’emprisonnement arbitraire de SEZIRAHIGA François depuis le 12/04/1995:
Le vieux SEZIRAHIGA François (62 ans) a été arrêté le 12 avril 1995 à Kicukiro. Il était rentré de BUKAVU (ex-Zaïre) le 1er mars 1995 où il s’était réfugié en Juin 1994 suite à la guerre. Deux semaines après il réclame sa maison d’habitation occupée par sa voisine Mukandamage Vénantie, devenue veuve du génocide. Elle refusa, mais par la suite elle fut obligée de la libérer, sous la pression de leurs voisins communs qui estimaient que François n’avait pas trempé dans le génocide et que la veuve Vénantie pouvait regagner sa propre maison qui était intacte. Toutefois la dame abîma la maison avant de la quitter et pilla une bonne partie du mobilier. Le vieux François encaissa sans broncher!!
Arrêté le 12 avril 1995 très tôt le matin chez lui à Kicukiro (banlieue de Kigali-ville), il fut séquestré au camp militaire de Kacyiru jusqu’au soir. Il fut libéré grâce à l’intervention d’un haut responsable militaire qui avait enquêté sur son cas et qui l’avait trouvé innocent.
– Il fut tout de suite repris ce soir vers 18h par les mêmes militaires qui l’avaient embarqué de chez lui le matin même. Ces militaires ont laissé entendre qu’ils l’emmenaient à Butare pour confrontation de son dossier, mais le lendemain son fils Joseph Sezirahiga n’a pas pu le trouver à la Prison de Butare. Au contraire, il fut localisé dans sa commune d’origine de Kigembe (dont il fut Bourgmestre en 1960) où il fut séquestré par les soldats jusqu’au 15/4.
Tous ses biens meubles et immeubles qui se trouvent dans sa commune d’origine ont été squattés par les exilés tutsis qui sont rentrés du Burundi: Une grande et belle villa qu’il venait d’inaugurer à 400 mètres du Bureau communal dans sa propriété est occupée par un officier de l’Armée. Sa vieille maison d’habitation située dans la même propriété et son immeuble commercial situé au Centre de négoce de Nyaruteja sont occupés par des inconnus rentrés du Burundi.
Les occupants de ses biens, appuyés par un Syndicat de délateurs de Butare, sont parvenus à le faire jeter en prison parce qu’il fut un des leaders hutu qui ont cassé la Monarchie tutsie qui régnait sur le Rwanda depuis presque 400 ans. En effet, Mr François SEZIRAHIGA a occupé plusieurs postes de responsabilités depuis 1959 :
– En 1959, il était Chef de territoire intérimaire sous la Monarchie déjà;
– En 1960, il devint le premier Bourgmestre de KIGEMBE qui portait le nom de Gatete à cette époque là. Il avait été élu par la population qui aspirait à un changement de régime;
– En 1962, il fut nommé S/Préfet de la Préfecture BUTARE (toujours dans le Sud du Rwanda) puis Préfet de Butare dans la même année.
– En 1964, il fut nommé Préfet de la Préfecture GISENYI (au nord du Rwanda) pendant une courte période. Etre préfet à cette époque impliquait de lourdes responsabilités.
– De 1964 à 1985, il fut Chef du Protocole au Ministère des Affaires Etrangères;
– De 1985 à 1993, il fut chargé des Relations Publiques à la Brasserie et Limonaderie du Rwanda (BRALIRWA). Il avait toujours du tact et un sens social malgré son âge.
– Depuis 1993, il était pensionné et résidait chez lui à Kicukiro en attendant de retourner vieillir sur sa colline natale dans sa commune d’origine de Kigembe qu’il aimait bien.
– Depuis le 12/04/1995, il croupit en prison sans dossier, puisque toutes les enquêtes menées par le Parquet de Butare ou les Services de Renseignements militaires n’ont pas abouti à le faire incriminer et justifier un procès. Il risque ainsi de mourir en prison!
Malgré les fausses accusations du Syndicat de délateurs (que nous allons citer ci-après), le vieux Sezirahiga François attend toujours un “hypothétique procès” comme les 90.000 détenus qui croupissent dans les 250 prisons et cachots communaux du Rwanda. Les délateurs tutsis, qui sont impliqués dans son dossier vide de preuves tangibles, sont:
– Pascal GAKUMBA, commerçant à Kigali et originaire de Kigembe, il a le plus grand rôle.
– Le frère de Gakumba (nous n’avons pas son nom)
– Mme UWANTEGE Espérance, de Kigembe. Elle a deux fils dans l’Armée et elle est le principal témoin à charge alors que lors du génocide elle était, semble-t-il, hors du Rwanda.
– VERONIQUE, infirmière au Centre Hospitalier de Kigali (CHK) et soeur du Député SISSI Evariste. Elle a travaillé dans le temps au Centre de santé de Kigembe et a été locataire de la maison de Mr François SEZIRAHIGA. Pendant le génocide, elle résidait à Kigali.
– Vénantie MUKANDAMAGE, voisine de Sezirahiga François à Kicukiro (Kigali-ville). Elle avait investi sa maison au lendemain de la guerre et n’y est sortie qu’avec difficultés.
Le Procureur de la République près le Parquet de Butare, Kayibanda Célestin, qui commençait à découvrir la machination contre Sezirahiga, a été lui aussi arrêté et emprisonné arbitrairement depuis le 2 mai 1996 parce qu’il dénonçait l’ingérence de l’Armée dans l’Appareil Judicaire. Au Rwanda ce sont les Chefs militaires qui font la loi.
L’arrestation arbitraire de ces deux fils: ISIDORE et ALPHONSE Sezirahiga est relatée dans la correspondance du CLADHO (Collectif des Ligues et Associations de Défense des Droits de l’Homme au Rwanda) adressée au Chef d’Etat-Major de la Gendarmerie le 29/2/1996 (document trouvable dans les archives du Centre CLIIR).
b) La campagne de diffamation contre feu MBONYUMUTWA Dominique est apparu dans plusieurs journaux extrémistes: Le journal GOBOKA n°17, page 24 à 26, le journal Rwanda LIBERATION n° 21 du 28 décembre 1996 (dont un extrait est annexé à la présente note), etc… Dans ces nouveaux “Médias de la haine”, les journalistes donnent de longues interview aux anciens Chefs tutsi (chassés par la Révolution des hutus de 1959) pour qu’ils déversent leur haine et leur rancoeur afin de savourer une “revanche” qu’ils estiment méritée.
Mr MBONYUMUTWA Dominique, Président intérimaire de la République Rwandaise, est originaire de la Commune NYABIKENKE. Selon un extrait du journal “Rwanda Libération n° 21” du 28 décembre 1996, il est question de “Commémoration du 37è anniversaire du début du génocide des Tutsi ». Cette cérémonie qui a eu lieu le 8 décembre 1996 en commune Nyabikenke, consistait à l’enterrement dans la dignité des restes des victimes du génocide de 1994. L’ancien Sous-chef tutsi NKUSI Alphonse parle de ces “premiers démêlés avec les “premiers génocidaires de l’histoire du Rwanda”.
En écrivant des articles pareils et en assistant à des cérémonies pareilles, l’objectif des extrémistes est de “cultiver l’extrémisme, la haine et la division” en déformant l’histoire de notre pays. Les événements sanglants qui ont entaché la Révolution sociale de 1959 ont été provoqués par les “milices royales” qui voulaient se maintenir au pouvoir par la force.

  • L’ancien préfet, député et président du Parti MDR de Gikongoro dans les années 1960, André NKERAMUGABA, a été arrêté et torturé jusqu’à la mort en février 1999. Aujourd’hui, pour humilier le MDR, le FPR a imposé à ce parti de nouveaux dirigeants, de nouvelles structures, de nouveaux symboles (drapeau), et un nouveau projet de société. L’ancien président du MDR a été obligé à demander pardon publiquement au nom de ce parti qui a joué un rôle clé dans la chute de la monarchie tutsi et la révolution de 1959. La presque totalité des responsables communaux et préfectoraux du MDR ont été tués, ou emprisonnés depuis l’arrivée au pouvoir du FPR en juillet 1994 parce qu’ils sont considérés comme des acteurs et des témoins de la Révolution de 1959.

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  • L’ancien adjoint du Service de renseignements civils, Bonaventure UBALIJORO, a été arrêté en février 1999. Il fut libéré en juin 2000 à moitié mort car il est devenu complètement paralysé et débile. Il ne reconnaît plus les gens et n’arrive plus à articuler les mots. Pourtant ces deux hommes venaient de passer une année dans des réunions dites de « réconciliation » dans le Village URUGWIRO sous la présidence de l’ancien Président de la République Rwandaise, Pasteur BIZIMUNGU qui a démissionné le 23 mars 2000.

  • Tous les descendants de l’ancien député du MDR, KAYUKU, leader hutu assassiné par les extrémistes tutsi de l’UNAR en 1961, sont aujourd’hui réfugiés en Belgique et en Suisse.

Mr Aloys BALIHE (61 ans environ), ancien Directeur au Ministère des Travaux Publics et de l’Energie, a été assassiné le 1er juillet 1997 à la prison de KABAYA par des militaires de l’APR. Il a été fusillé avec d’autres détenus. Résidant dans la cellule Gitaba, secteur RURAMBO, commune GASEKE, il avait été arrêté en janvier 1997 sans enquête et dossier judiciaire. Il s’était rapatrié en novembre 1996. Il était propriétaire de deux maisons cadastrées sises à Kigali et à Gisenyi: celle de Kigali était occupée par un officier de l’APR
5) C O N C L U S I O N S :
L’assassinat des présidents rwandais Juvénal HABYARIMANA et Cyprien NTARYAMIRA ainsi que leurs proches collaborateurs déclencha le génocide de 1994. Nous n’allons pas nous étendre sur la période du génocide rwandais qui a débuté en Avril 1994 et qui s’est prolongée jusqu’aujourd’hui. Les origines réelles de cette tragédie sont le résultat de la culture d’IMPUNITE qui s’est enracinée dans la région de l’Afrique des Grands Lacs depuis des décennies. Les régimes qui se sont succédés au Rwanda n’ont jamais voulu éradiquer cette impunité qui pourrait expliquer le cercle vicieux des sentiments revanchards qui ont caractérisé les régimes rwandais jusqu’à ce jour.
L’origine réelle de la tragédie rwandaise:
Beaucoup d’observateurs et de journalistes étrangers ont pris la mauvaise habitude de prétendre que le conflit rwandais trouve ses origines dans la haine et l’intolérance entre les communautés HUTU et TUTSI, comme si les deux communautés étaient incapables de cohabiter. Après de multiples analyses des événements sanglants qui se sont déroulés au Rwanda depuis la chute de la Monarchie Tutsi en 1959, notre Centre a fait le constat suivant:
La tragédie actuelle du peuple rwandais est le résultat d’une lutte sans merci entre les deux blocs d’extrémistes Hutu et Tutsi qui, en se battant pour garder ou conquérir le pouvoir, ont détruit et continuent de détruire le peuple rwandais. Il n’y a pas de haine ancestrale entre la communauté des Hutu et celle des Tutsi. Ce sont toujours les classes politiques, issus de ces deux communautés, qui planifient tous les massacres interethniques, la vengeance et l’exil des vaincus qu’a connu le Rwanda depuis 1959. Il est malheureux de constater que la « conception du pouvoir politique en Afrique est génératrice de conflits: la dichotomie du dominant et du dominé, du vainqueur et du vaincu, du seigneur né pour commander et du serviteur pliant l’échine pour obéir, exclut toute idée de partenariat dans une société humaine où les citoyens sont libres et égaux ».
Après chaque crise de changement violent du pouvoir, les auteurs des massacres ne sont jamais poursuivis. La seule façon de rompre l’impunité c’est sanctionner toujours les coupables, protéger des innocents et rendre une justice équitable aux victimes et aux auteurs des abus et autres violations des droits et libertés fondamentaux.
Après sa victoire militaire, le Front Patriotique Rwandais (FPR), comme son prédécesseur le Mouvement Révolutionnaire National pour le Développement (MRND), a utilisé la stratégie d’assurer l’IMPUNITE à ses responsables politiques et militaires pour encourager et favoriser sa campagne de représailles sanglantes et lancer des appels à la haine ethnique et à la vengeance véhiculés par une certaine presse nationale, visiblement cautionnée par des officiels du régime. Les extrémistes tutsis ont décidé de mener la guerre contre la population civile hutu qu’ils considèrent globalement comme le « nouvel ennemi » du régime actuel. Rappelons que la communauté tutsi fut longtemps qualifiée « d’ennemie » par certains dignitaires des précédentes républiques dominées par les Hutus.
C’est de cette même logique que procède la culture de l’Impunité au Rwanda:
Institutionnalisée sous la monarchie, l’IMPUNITE est, sous la première république, inaugurée par la non répression des massacres des années soixante à l’encontre des Tutsis. Ces massacres furent la conséquence des assassinats de leaders politiques hutus tués par les extrémistes et monarchistes Tutsi à cette époque. Sous la deuxième république, cette culture a continué avec l’impunité des auteurs des événements sanglants de 1972-1973 et des assassinats de certains responsables de la première république ainsi que les auteurs des massacres ethniques (de 1990 à 1992 à Kibilira, Bigogwe, Bugesera et Kibuye) qui ont précédé le génocide rwandais. L’impunité est entretenue actuellement, sous le régime du FPR par la non répression des massacres des populations civiles d’ethnie Hutu, des assassinats politiques et des spoliations de biens d’autrui. L’IMPUNITE est, en définitive, l’un des facteurs qui ont conduit le peuple rwandais jusqu’à l’innommable crime dont certains citoyens (hutus et tutsis) en sont les auteurs et dont ce peuple est collectivement la victime.
On dit souvent que le sentiment d’injustice favorise les actes de vengeance et de revanche.
Le Centre de Lutte contre l’Impunité et l’Injustice au Rwanda confirme qu’il existe des menaces réelles contre les anciens dignitaires et leurs descendants qui sont menacés par les extrémistes tutsi, véritables détenteurs du pouvoir occulte qui contrôlent et paralysent toutes les institutions de l’Etat Rwandais. Les pays qui ont accueilli de tels réfugiés doivent comprendre leur situation particulière qui découle du contexte actuel et de l’histoire politique du Rwanda.
Aujourd’hui le fait d’être un intellectuel hutu semble constituer un crime devant les extrémistes tutsi qui ont remplacé les extrémistes hutu au pouvoir. Il est clair que les dignitaires des deux républiques hutu ainsi que leurs descendants n’ont plus de place dans leur propre pays. Ceux qui y survivent encore en se cachant ou adoptant un profil bas n’ont aucune garantie de jouir de leur sécurité ou de leurs droits dans les jours à venir.
Tant que les hautes autorités rwandaises, les médias publics et privés ainsi que les cadres politiques et militaires du FPR continueront à situer le génocide rwandais à partir de la Révolution de 1959, il sera extrêmement dangereux pour les leaders hutu de l’indépendance ainsi que leurs descendants de vivre au Rwanda.
L’épuration ethnique et politique continue de frapper toutes les structures de l’Etat. Des magistrats consciencieux et courageux ont été assassinés, portés disparus ou emprisonnés parce qu’ils ont travaillé pour les deux républiques hutu. Des fonctionnaires de l’Etat ont été écartés ou forcés de s’exiler pour la même raison.
Même les missionnaires occidentaux qui ont vécu au Rwanda depuis son indépendance ont été tués ou expulsés parce qu’ils étaient des témoins gênants. Les pères canadiens Claude SMARD tué à Butare le 17/10/94 et Guy PINARD tué à Kampanga (Ruhengeri) le 2/2/97 sont morts pour avoir vécu avec leurs paroissiens pendant plus de 25 ans et parce qu’ils dénonçaient les crimes du FPR. Le père croate Curic VJEKO tué à Kigali le 31/01/1998 et le père catholique espagnol Isidro UZCUDUN tué à Mugina le week-end du 10 au 11/06/2000 sont morts parce qu’ils avaient identifié les crimes du FPR dans plusieurs paroisses catholiques de la préfecture de GITARAMA où ils connaissaient presque tous les paroissiens depuis plus de 15 ans.
Le Centre constate que, cinq ans après la victoire du FPR, la tragédie rwandaise continue encore avec tout ce qui la caractérise : génocides, massacres des populations civiles, assassinats, disparitions forcées, terrorisme d’Etat, torture, emprisonnements arbitraires, délation institutionnalisée, pillage des biens publics et privés, squattage des biens d’autrui, famine entretenue, chantage, manipulation et désinformation de l’opinion publique nationale et internationale. Ce sont toutes ces raisons qui poussent de nombreux rwandais (toutes ethnies confondues) à continuer de s’exiler.
Pour le Centre, MATATA Joseph, Coordinateur.