DECLARATION DE CLIIR DU 25 mars 2014
OUGANDA : Les réfugiés rwandais sont en danger
Ces derniers jours, le Centre de Lutte contre l’Impunité et l’Injustice au Rwanda (CLIIR) a constaté une recrudescence inhabituelle de disparitions et d’assassinats politiques tant à l’intérieur qu’à l’extérieur du Rwanda. Les cas les plus récents sont ceux du Colonel Patrick Karegeya (un des dirigeants de la RNC, Rwandese National Congress) mort étranglé dans un hôtel en Afrique du Sud, de la énième tentative d’assassinat avorté contre le général Kayumba Nyamwasa (RNC).
Depuis 2010, le régime de Kigali a régulièrement envoyé ses escadrons de la mort pour assassiner ou enlever des réfugiés rwandais. Rappelons les cas de Joël Mutabazi kidnappé en Ouganda et aujourd’hui détenu en prison à Kigali. Il est accusé de haute trahison et d’atteinte à la sûreté de l’Etat. Celui de Charles Ingabire (rédacteur du Journal Nyenyeri news) mort décapité en Ouganda aussi.
N’oublions pas les disparitions de Nsabagasani Dominique et Gumisiliza Alexis ; la torture et la tentative d’éliminer Manirakiza Pascal, un jeune étudiant enrôlé de force dans la rébellion du M23 (opérant en République Démocratique du Congo). Manirakiza Pascal, qui a déserté les rangs et fui en Ouganda, a été enlevé et torturé avant d’être retrouvé à moitié mort devant un cimetière à Kampala.
Le point commun de toutes ces victimes : avoir osé fuir ou critiquer le pouvoir dictatorial du président rwandais Paul KAGAME.
Le Centre de Lutte contre l’Impunité et l’Injustice au Rwanda (CLIIR) est très préoccupé par l’ampleur que prend ce fléau orchestré par les autorités rwandaises avec la complicité ou l’indifférence des pays voisins. En permettant aux bourreaux du Président Paul KAGAME d’opérer sur leurs territoires pour y commettre des actes criminels consistant à tuer, kidnapper, torturer physiquement et psychologiquement les réfugiés rwandais, ils se rendent coupables également de crimes contre l’humanité par complicité ou par négligence.
Aujourd’hui, le CLIIR lance un cri d’alarme à toutes les personnes de bonne volonté et à toutes les organisations des droits humains de bonne foi pour secourir trois (3) autres personnes récemment enlevées en Ouganda. Il s’agit des adhérents du Parti Social Imberakuri (PSI) Mr Nsabimana Valens, Mr Siborurema Eugène et Mr Iyakaremye Jean Damascène.
Réfugiés en Ouganda depuis novembre 2013, ils ont disparu depuis le 16/03/2014. Ils ont été kidnappés en même temps à la sortie d’un bar appelé Mbuya situé à NAKAWA Division, Kampala City. Le jour de sa disparition le GSM de Mr Iyakaremye Jean Damascène était en activité sur WhatsApp et Facebook à 2h00 sans communiquer.
Par contre celui de Nsabimana Valens postait de temps à autres sur les réseaux sociaux quelques messages jusqu’au 18/03/2014. Le plus surprenant, c’est que parmi ces messages, aucun ne révélait à sa famille où et dans quel état il pourrait se trouver.
En plus de ces trois hommes disparus en Ouganda vient s’ajouter la disparition à Kigali, d’un conseiller du Parti politique PS Imberakuri Mr Bazimaziki Damien. Lui aussi à été enlevé et kidnappé le 18/03/2014 alors qu’il était dans la ville de Kigali devant l’immeuble CITY PLAZA.
Selon le communiqué 003/14/CR/FCLR-UBUMWE signé par Alexis Bakunzibake, 1er Vice-Président du parti politique PS Imberakuri, l’appartenance à sa formation politique de ces quatre disparues serait à l’origine de leur kidnapping. Par conséquent leur disparition est directement à imputer aux services de renseignements rwandais avec la complicité des services ougandais qui épaulent les agents rwandais à chasser sur son territoire les personnes considérées par le pouvoir de Kigali comme étant ses ennemis politiques. Le régime du président Paul Kagame s’est spécialisé à fabriquer des fausses accusations contre ses opposants politiques réels ou supposés.
Pourquoi affirmons-nous que l’Etat rwandais porte une responsabilité dans la disparition de ces quatre personnes ?
Le président rwandais, le général Paul Kagame, en personne se vante de venir à bout de tous ses ennemis réels ou supposés en utilisant les attributions du mandat présidentiel que le peuple rwandais lui aurait confié. C’est ce qui s’est passé dans une locution prononcée le 17/03/2014, au cours de la cérémonie de clôture de la formation des officiers de la police à Gishari, Rwamagana dans la province de l’Est. (Voir le document sur : http://youtu.be/Kt3Gki2thX0).
Au cours de cette cérémonie, Paul Kagame s’est encore vanté de ses actes criminels. Il a d’abord fait allusion à l’incident lié à ses gaffes au réseau social Twitter. En effet, il se cachait derrière le pseudo d’une personnalité reconnue mondialement (RICHARD Goldstone) pour harceler et s’attaquer à des journalistes comme Sonia Rolley de RFI, Jennifer Fieberg et bien d’autres voix critiques du régime de Kigali.
Le président Kagame a évoqué sans plus de détails le kidnapping de ces 4 hommes dont 3 réfugiés en Ouganda. Il a fini son allocution en manifestant son agacement à propos de la chanson du compositeur rwandais Kizito Mihigo qui appelle le président Paul Kagame d’arrêter sa machine à tuer. Dans une tentative ratée de se dissocier des rôles de tortionnaire et tueur qui caractérisent sa profonde personnalité, il se défend de n’être ni journaliste ni musicien pour plaire à tout le monde.
A partir du 20/03/2014, on assiste à une dégradation de la situation, la recrudescence des enlèvements dont trois en Ouganda et un à Kigali, est reconnue; on vient d’apprendre que ces quatre partisans de l’opposition rwandaise seraient détenus actuellement à Kigali probablement dans un centre de torture situé au camp militaire de Kami (banlieue de Kigali). Ils seraient entrain de subir des traitements inhumains et dégradants. On doute même s’ils seraient encore vivants à cette heure où nous lançons ce cri d’alarme et que nous dénonçons fermement ces enlèvements. Nous appelons toutes les organisations des droits humains à conjuguer toutes leurs forces pour contraindre le régime du président Paul Kagame à respecter et garantir les libertés d’association, d’expression et d’opinion au Rwanda.
Face à tous ces inacceptables crimes (torture, disparitions, tueries, etc.) commis contre les réfugiés et contre le peuple rwandais, nous appelons le peuple rwandais et les amis du Rwanda à se mobiliser pour dénoncer haut et fort toutes ces crimes contre l’humanité.
C’est dans ce cadre que le Centre de Lutte contre l’Impunité et l’Injustice au Rwanda choisit d’emboiter les pas de Mr ED Royce Président de la commission des affaires étrangères au parlement Américain qui a récemment écrit une lettre au Secrétaire d’Etat américain Mr John Kerry en lui faisant part des actes terroristes que le président Paul Kagame et son gouvernement mènent contre les rwandais ordinaires et les opposants politiques. Dans la même lettre, Mr Royce fait état de la main de fer avec laquelle le président Paul Kagame dirige son peuple. Il demande au Secrétaire d’Etat américain de mettre tout en œuvre pour mettre fin aux actes terroristes de Paul Kagame en appliquant des mesures et sanctions sévères afin que son régime change immédiatement de comportements.
De nouveau, le CLIIR recommande instamment ce qui suit:
1. Que le régime du président rwandais Paul KAGAME cesse de pourchasser et de persécuter les rwandais et particulièrement les opposants politiques dont le seul crime serait de proposer des solutions politiques alternatives à la dictature.
2. Que l’ONU, la Communauté Internationale et les gouvernements des pays voisins du Rwanda conjuguent leurs efforts pour protéger les rwandais ainsi que tous les réfugiés rwandais qui fuient le Rwanda sous divers motifs. Il faut partir du principe que «Les réfugiés rwandais ne sont pas dangereux, mais qu’ils sont en danger».
Le droit d’asile doit être garanti pour tous les réfugiés rwandais où qu’ils soient.
Le HCR et les gouvernements des pays d’accueil doivent continuer à protéger et à venir en aide à tous les réfugiés rwandais.
3. Le CLIIR demande à tous les réfugiés rwandais de rester solidaires et de défendre leur droit d’asile dans les pays respectifs qui les ont accueillis. Nous continuerons à les soutenir dans cette démarche.
Fait à Bruxelles, le 25 mars 2014
Alain Duval MUSONI
Chargé d’Information et Documentation
CLIIR