QUINZAINE DE LUTTE CONTRE LA CULTURE DU MENSONGE, DE L’INJUSTICE ET DE L’IMPUNITE AU RWANDA
"Le mensonge donne des fleurs, jamais des fruits"
Le 03 décembre 2014
#2 La décapitation de l’Eglise catholique
#1 Le mensonge d’Etat n’a pas épargné l’Eglise Catholique qui est la doyenne de la Société Civile Rwandaise. Les chefs de la rébellion Tutsi du Front Patriotique Rwandais (FPR) n’ont pas hésité à décapiter cette église afin de mieux déstabiliser la Société rwandaise en général et la Société civile en particulier. Cette église a connu de nombreux massacres et des dizaines d’assassinats dont ses quatre (4) évêques Hutus, des centaines de prêtres et religieux tant Hutus que Tutsis depuis 1994 jusqu’à ce jour. Pour justifier le massacre du 05 juin 1994 des évêques et religieux catholiques à Gakurazo près de l’Evêché de Kabgayi (Gitarama au centre du pays), le mensonge d’Etat a concocté des arguments pour cacher les motifs réels de ces massacres.
Avant de conquérir le pouvoir par les armes, de massacrer des populations hutues dans les zones conquises avant juillet 1994, le général Paul KAGAME avait ordonné à ses militaires d’éliminer le maximum de prêtres et de religieux catholiques. Cet acharnement contre l’Eglise catholique découle de la soif de vengeance politique qui animait les descendants des anciens dignitaires Tutsis qui croyaient que l’Eglise catholique avait contribué à la chute de la monarchie tutsi en 1960. En effet, ces dignitaires tutsis avaient d’immenses privilèges liés à cette monarchie qui avait régné sur le Rwanda pendant plusieurs siècles.
Une fois le pouvoir conquis en juillet 1994, le président Paul Kagame ordonna à ses principaux officiers supérieurs d’organiser les arrestations et les emprisonnements arbitraires des prêtres et des autres religieux catholiques. Parmi eux, Monseigneur Augustin MISAGO qui fut emprisonné pendant une année avant d’être acquitté le 15 juin 2000. Le juge président du Tribunal de Kigali qui l’a acquitté a été persécuté et obligé de s’exiler en France. Le procureur qui n’avait pas réussi à le faire condamner par un solide faux dossier, fut contraint aussi de s’exiler aux USA.
Le mensonge d’Etat a poursuivi les prêtres et religieux Hutus jusqu’en Europe et ailleurs dans le monde entier. L’on se souviendra du dossier monté de toutes pièces contre le prêtre Wenceslas MUNYESHYAKA exilé en France et qui fut condamné à perpétuité par contumace fin 2006. Ce dernier a subi plusieurs arrestations et a connu quelques séjours dans les prisons françaises alors qu’il est considéré, par certains rescapés de la paroisse Sainte Famille à Kigali, comme un véritable brave curé qui a nourri et soigné plus de 18.000 déplacés et réfugiés Tutsis et Hutus. D’ailleurs, le Tribunal de Grande Instance de Paris vient de condamner France Télévisions à verser 5000€ au prêtre Wenceslas Munyeshyaka en dommage et intérêts pour l’avoir présenté comme génocidaire dans l’un de ses reportages. De nombreux prêtres ont été arrêtés et emprisonnés en Italie (Abbé Emmanuel UWAYEZU) et au TPIR (Tribunal Pénal International pour le Rwanda). L’on se souviendra de l’Abbé RUKUNDO détenu au Mali, de l’abbé SEROMBA détenu à la prison de l’ONU à Arusha en Tanzanie.
En effet, depuis juillet 1994, le noyau dur des extrémistes tutsi a décidé de se venger sur l’Eglise Catholique du Rwanda qu’ils accusent d’avoir contribué à la chute de la monarchie tutsi en 1959 avec l’appui de la Belgique. Pour réussir le projet de déstabilisation de l’Eglise catholique, ils ont programmé d’exploiter tous les voies et moyens possibles pour démanteler le clergé et surtout éliminer progressivement tous les religieux hutu.
En avril 1994, pendant le génocide, tous les prêtres catholiques du diocèse de Byumba ont été assassinés. Le 05/06/1994, ils ont commencé par décapiter l’Eglise catholique par l’assassinat des évêques à Gakurazo, paroisse Byimana, non loin de l’évêché de Kabgayi dans l’ancienne préfecture de Gitarama.
1) Les évêques et prêtres catholiques assassinés le 5 juin 1994 par les soldats du FPR : Monseigneur Vincent NSENGIYUMVA, archevêque de Kigali, Monseigneur Joseph RUZINDANA évêque de Byumba, Monseigneur Thaddée NSENGIYUMVA, évêque de Kabgayi et président de la Conférence épiscopale du Rwanda. Les neufs prêtres assassinés sont tous du diocèse de Kabgayi sauf l’Abbé Denis MUTABAZI du diocèse de Nyundo et le Supérieur Général des Frères Joséphistes, Jean Baptiste NSINGA. Les prêtres sont Monseigneur Jean Marie Vianney RWABILINDA, vicaire général, Monseigneur Innocent GASABWOYA, ancien vicaire général ; les abbés Emmanuel UWIMANA, recteur du petit séminaire de Kabgayi, Sylvestre NDABERETSE, économe général, Bernard NTAMUGABUMWE, représentant préfectoral de l’enseignement catholique, François Xavier MULIGO, curé de la paroisse Kabgayi et les vicaires Alfred KAYIBANDA et Fidèle GAHONZIRE (qui est en même temps aumônier de l’hôpital de Kabgayi).
C’est tout le staff du diocèse de Kabgayi qui a été massacré et le diocèse fut ainsi décapité. Les auteurs de ces crimes sont tous connus mais protégés par la junte militaire du Président Kagame.
2) Le 30 novembre 1996, Monseigneur Phocas NIKWIGIZE, Evêque de RUHENGERI a été enlevé par les militaires de l’Armée Patriotique Rwandaise et porté disparu à la frontière rwando-congolaise de GISENYI lors de son retour au Rwanda. Il suivait ainsi les réfugiés rapatriés de la RDC après le démantèlement meurtrier de leurs camps au Kivu.
3) Les religieux espagnols catholiques assassinés par le FPR: le père Joacquim VALLMAJO SALA né le 21 mars 1941 et arrivé au Rwanda le 27 juin 1965 et tué le 26 avril 1994 à Byumba au nord-est du Rwanda, Le père Isidro UZCUDUN Pouso né le 24 janvier 1931 et tué à Mugina le 10 juin 2000. Les frères maristes tués par le FPR à Nyamirangwe (Congo) le 31 octobre 1996 sont : Servando MAYOR Garcia né le 20 juillet 1952 et arrivé au Rwanda en 1995, Julio RODRIGUEZ Jorge né le 20 octobre 1956 (14 ans dans la région), Miguel Angel ISLA LUCIO né le 8 mars 1943, Fernando DE LA FUENTE né le 16 décembre 1943.
Citons quelques autres assassinats de religieux par les soldats de Kagame:
1) Le 17/10/1994, le Père canadien Claude SIMARD, qui venait de passer 29 ans au Rwanda a été assassiné dans la soirée dans sa paroisse catholique de RUYENZI en préfecture de Butare (sud). D’après les enquêtes du Capitaine Tim ISBERG d’Edmonton, responsable de l’enquête sur cet assassinat, ce sont des soldats de l’Armée Patriotique Rwandaise (APR) qui l’ont tué à coups de marteau qu’ils ont abandonné sur place. Les assassins étaient venus à bord d’une camionnette Toyota bleue.
A cette époque, la responsabilité fut imputée au Capitaine ZIGIRA et au Lieutenant Colonel IBINGIRA promu Colonel à la publication du Rapport ONU sur les massacres des réfugiés hutu au Congo-Kinshasa et dans lesquels il a participé. Les deux hauts officiers de l’APR sont des criminels de guerre de 1990 à 1994. Le Colonel Fred Ibingira s’est illustré aussi dans les massacres de déplacés de guerre en Avril 1995 à KIBEHO.
2) Assassinat de l’Abbé Pie NTAHOBARI, Curé de la paroisse Kamonyi:
Le 1 août 1995, le Curé de la paroisse de Kamonyi, l’abbé Pie Ntahobari a été enlevé dans sa paroisse par des individus en tenue militaire. Il fut retrouvé mort dans une bananeraie située non loin de la paroisse. Il a été tué par balle dans la tête.
3) Le 2 février 1997, le Père canadien Guy PINARD a été tué pendant la messe du dimanche vers 10h par un enseignant ex-militaire de l’APR nommé Dieudonné. Ce prêtre de la Congrégation des Missionnaires d’Afrique (Pères blancs), est né le 20 avril 1935 et ordonné prêtre à Carthage le 27/1/1961. Il a passé tous ses 35 ans de sa vie missionnaire au Rwanda. Lors des massacres au Rwanda en 1994, il avait plusieurs fois risqué sa vie pour aider les personnes menacées de mort. Tué sur le champ au moment où il distribuait l’Eucharistie dans sa paroisse de Kampanga, à 16 km de Ruhengeri.
Des témoins fiables rapportent que le meurtrier Dieudonné n’avait pas encore été arrêté 3 jours après son crime, alors qu’il n’avait pas fait beaucoup d’effort pour se cacher.
4) Le 25 février 1997, huit (8) prêtres catholiques et trois (3) religieuses rwandais réfugiés à KALIMA en RDC (ex-Zaïre) ont été assassinés. Ils avaient quitté la région de Bukavu pour fuir les massacres de réfugiés et les combats entre les troupes de l’ancien président MOBUTU et les rebelles de KABILA appuyés par l’Armée Rwandaise.
Les prêtres victimes sont les Abbés : Antoine Hategekimana, Emmanuel Munyakazi, Jean Uwizeyimana, Norbert Milimo, François-Xavier Muyoboke, Urbain Twagirayezu, Etienne Kabera, Augustin Nkulikiyumukiza et les soeurs Marie-Francine Nyirarukundo et Félicité Mukamihigo appartenant à la Congrégation des soeurs de Saint-François d’Assise, dont la maison mère se trouve à BRAKEL en Belgique, ainsi que soeur Clotilde Nyirabakungu, appartenant à la congrégation également belge « Abizeramariya ».
Quant aux responsables, écrit l’Osservatore Romano, on sait que deux jours avant le massacre, le village de Kalima était tombé sous le contrôle des rebelles Banyamulenge appartenant à l’ethnie Tutsi. A Kalima, avant qu’elle ne soit atteinte par le conflit, rappelait le journal, campaient environ 25.000 réfugiés qui, à cette époque, étaient dispersés dans la région (Voir AFP du 6/3/1997, Cité du Vatican).
5) Dans la nuit du 27 au 28 avril 1997 à 1h du matin, la Directrice Belge de l’Ecole catholique Secondaire de MURAMBA, Griet BOSMANS, a été tuée avec 17 élèves et quatre personnes (qui logeaient à l’Ecole de Tetero) par des malfaiteurs « non identifiés ». Comme pour tous les massacres de civils non armés, les autorités rwandaises se sont empressées d’attribuer ce crime aux « rebelles hutu ».
La population locale a soupçonné les éléments de l’APR suite à leur refus d’intervenir alors qu’il y avait deux positions tenues pas l’APR à quelque 300 mètres des deux écoles de Muramba. Lorsque les militaires APR sont intervenus la première fois vers 3h du matin, Griet BOSMANS respirait encore difficilement mais ils n’ont rien fait pour la transporter à l’hôpital. Ils ont exigé qu’on allume le générateur électrique de l’école, mais celui qui possédait la clé de l’abri où il se trouvait ne fut pas trouvable. Les militaires sont repartis pour revenir vers 5h du matin, juste au moment où Mlle Griet rendait son âme à Dieu. Le Major John KWIZERA, au lieu de rassurer la Directrice de l’Ecole des filles de Tetero, il s’est mis à l’injurier pour l’obliger à aller subir les interrogatoires sans pouvoir se changer.
6) Assassinat des prêtres de la Paroisse CYAHINDA (Butare):
Dimanche le 11 mai 1997 vers 18h30, une camionnette double cabine a été arrêté par deux personnes armées et en uniforme militaire, à moins de 500 mètre de la frontière entre la préfecture de Gikongoro et celle de Butare, dans la cellule GITARA, secteur COKO, en commune MUBUGA, préfecture Gikongoro. A bord de ce véhicule se trouvaient :
– Abbé HABAKURAMA Isaïe, Curé de la paroisse de CYAHINDA (préfecture Butare);
– Abbé YIRIRWAHANDI Pascal (paroisse Cyahinda);
– JEAN MARIE VIANNEY, assistant médical: nouveau responsable du Centre de Santé de Cyahinda, installé depuis seulement une semaine;
– Denise UWIZEYIMANA: nutritionniste au Centre de santé de Cyahinda;
– NYIRABAZUNGU, jeune fille originaire de Cyahinda;
– Une étudiante, stagiaire à l’Ecole primaire de Cyahinda;
– NYABUDARAZA, originaire de Cyahinda.
Ces individus armés ont fait sortir les sept personnes du véhicule et ont tué six personnes sur les sept qui étaient à bord. La seule rescapée de cette tuerie fut Nyabudaraza, qui a directement pris la fuite quand la camionnette s’est arrêtée. Les militaires de l’Armée Patriotique Rwandaise (APR) stationnés près du lieu du crime ne sont pas intervenus. Les corps des victimes furent évacués par des militaires basés à la S/Préfecture de MUNINI.
Rien n’a été volé dans le véhicule. Les victimes rentraient chez eux en provenance de NDAGO (commune Mubuga) où ils étaient allés aider au déménagement du nouveau Responsable du Centre de Santé de Cyahinda, Mr Jean Marie Vianney.
Selon les informations diffusées par la Radio Nationale (Radio-Rwanda), un ancien soldat des ex-Forces Armées Rwandaises (ex-FAR), qui aurait été arrêté après ce crime, aurait avoué qu’il faisait partie du commando ayant commis le crime. L’identité des assassins et le mobile du crime n’ont pas été connus de source indépendante au moment de l’enquête car les témoins oculaires auraient été arrêtés par les militaires.
7) Début août 1997, assassinat de l’Abbé Ignace MUBASHANKWAYA de la paroisse de MUSHAKA en préfecture Cyangugu.
8) Assassinat du Père Croate, VIJEKO Curic, à Kigali le 31/01/1998:
Le 31/01/1998 vers 20h30, le Père VIJEKO a été tué de huit balles en plein centre de la ville de Kigali par un homme armé qui, bien que blessé, a réussi à s’enfuir à pied. Le père VIJEKO était économe général de la Diocèse Kabgayi et curé de la paroisse de Kavumu. En collaboration avec CARITAS, il participait notamment à des programmes d’aides aux veuves du génocide rwandais. Il avait construit de nombreuses maisons d’habitation pour les veuves. L’enquête sur son assassinat n’a jamais été rendue publique jusqu’aujourd’hui si elle a eu lieu.
9) Assassinat du Curé de la Paroisse RUHENGERI, l’Abbé Boniface KAGABO, tué près de chez Rusingizandekwe dans la ville de Ruhengeri vers le 28 avril 1998. Il était rentré des camps de réfugiés du Zaïre en décembre 1996. C’était un des rares prêtres tutsis qui n’avait pas peur des militaires et qui était un grand ami de Mgr Phocas NIKWIGIZE. La première tentative de l’assassiner comme le père Guy PINARD, c’est-à-dire en pleine communion, avait échoué. En effet, un fidèle qui avait remarqué le tueur, a pu l’avertir et l’évacuer de l’autel. Il fut remplacé par un autre prêtre pour cette messe.
10) Assassinat des soeurs de BUSASAMANA dans la nuit du 7 au 8 janvier 1998 :
Dans la nuit du 7 au 8 janvier 1998, six (6) sœurs de la Résurrection du Christ ont été tuées dans leur couvent de Busasamana. Il s’agit d’Epiphanie Gasigwa, Félicité Benimana, Césarine Uwimana, Xavéra Mukagakwaya et Berthilde Mukamuhire. Géorgine Uwimana Rwangeyo est morte à l’hôpital de Kigali. Malgré l’insécurité dans le nord, elles avaient refusé d’abandonner la population civile à son sort pour se réfugier à Nyundo. D’après les autorités rwandaises, ces sœurs ont été tuées par des rebelles hutu. D’après d’autres témoins locaux, ce sont des militaires de l’Armée Patriotique Rwandaise.