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Réaction du CLIIR après l’énième discours irresponsable de Kagame à Nyabihu (Rwanda)

« Nous allons continuer à arrêter plus de suspects et si possible tuer en plein jour ceux qui tentent de déstabiliser le pays». Les propos chocs de Kagame sont une véritable déclaration de guerre.

DECLARATION DE CLIIR DU 10 juin 2014

NYABIHU : Le discours irresponsable de Kagame est une incitation à la violence punie par le droit international 

                                                                      

« Nous allons continuer à arrêter plus de suspects et si possible tuer en plein jour ceux qui tentent de déstabiliser le pays.» Paul Kagame (05/06/2014 à Nyabihu)

Ces propos chocs prononcés par le président rwandais Paul Kagame sont une véritable déclaration de guerre contre tous ceux qui critiquent ouvertement la gestion dictatoriale menée par le Front Patriotique Rwandais (FPR) au pouvoir depuis 20 ans.

Le Centre de Lutte contre l’Impunité et l’Injustice au Rwanda (CLIIR) dénonce ce genre de discours terroriste d’un régime obsédé par sa survie politique. C’est un discours inacceptable qui vise désespérément à justifier la politique exterminatrice  des citoyens rwandais considérés à tort ou à raison comme des opposants politiques ou des leaders d’opinion de la société civile rwandaise.  

Le président Paul Kagame n’en est pas à son premier discours haineux et belliqueux.

  • Le 31/03/2003, Paul KAGAME avait déclaré au peuple rwandais et en particulier aux opposants politiques « qu’il a suffisamment de moulins pour moudre le sorgho et le maïs pour ceux qui pensent en avoir beaucoup ». Il faut comprendre par cette déclaration cynique que le président lançait déjà  un avertissement à ceux qui se dresseraient sur son chemin qu’il a d’infinis moyens de les écraser ;
  • Le 07/04/2007 à Murambi-Gikongoro, Paul KAGAME avouait nourrir le regret, faute de moyens humains et matériels, de n’avoir pas pu assouvir sa colère sur les réfugiés hutus qui avaient entretemps trouvé refuge en RDC ;
  • Le 12/01/2014 à Kigali lors d’un déjeuner de prières avec les leaders du pays, Paul KAGAME déclarait : « Quiconque trahit notre cause ou souhaite du mal à notre peuple en subira des conséquences. Il reste seulement à savoir comment et à quel moment les conséquences s’abattront sur lui » Un énième dérapage qui prouve la volonté féroce et constante du chef de l’état d’éliminer à n’importe quel prix tout opposant ou toute autre personne désignée comme ennemie par son régime.

Depuis, il a été constaté une escalade d’enlèvements, de disparitions forcées, d’arrestations et emprisonnements arbitraires au Rwanda. Une situation recrudescente due aux propos intempestifs et incendiaires du président rwandais qui tient à museler toute voix dissidente à l’intérieur du pays.

A cet effet, CLIIR appelle les organisations nationales et internationales des droits humains à exercer sans relâches la pression pour exiger des autorités rwandaises le strict respect des droits fondamentaux du peuple rwandais ainsi que de toutes les conventions internationales ratifiées par le Rwanda. Il faut secourir et protéger davantage le peuple rwandais contre les dérives criminelles de Paul Kagame avant qu’il ne soit trop tard.

CLIIR demande à toutes les forces de l’ordre du pays de garantir la sécurité de tous les rwandais sans distinction aucune en rejetant tout ordre de détenir arbitrairement et illégalement des citoyens. Nul ne doit être inquiété d’exprimer librement ses opinions.

Aux opposants politiques et tout le peuple rwandais, nous vous encourageons à ne  pas succomber à la haine, à la terreur et au désespoir que souhaitent vous infliger le régime dictatorial de Paul Kagame. La construction d’une société rwandaise paisible et durable réside dans les voies de la non-violence.

Enfin, CLIIR rappelle aux autorités rwandaises, en particulier à Paul Kagame que ces types de discours d’incitation à la violence et  de mesures arbitraires contre la population ne sont pas seulement indignes d’un chef d’Etat, ils sont aussi condamnables par le droit international.

Fait à Bruxelles, le 10 juin 2014

Alain Duval MUSONI

Commissaire à la Protection des droits de l’Homme