Catégories
1996 - 2000 Afrique : RDC/BDI/UGA/TZA/etc COMMUNIQUES TOUS Violences sur la population

Com007/1996 : Réfugiés rwandais et burundais massacrés au Sud-Kivu (Zaïre)

Le CLIIR reste très indignée face à l’inertie des grandes puissances devant la tragédie qui frappe les réfugiés installés au Kivu et les populations zaïroises du Sud et du Nord Kivu.

Massacres de réfugiés rwandais et burundais dans les camps du SUD-KIVU au ZAÏRE (dans les régions d’UVIRA et BUKAVU)

1) Dans les régions d’UVIRA et BUKAVU, les camps de réfugiés rwandais et burundais ont été encerclés, bombardés et mitraillés autour du 20 octobre 1996. Certains réfugiés, qui se sont éparpillés et qui tentaient d’échapper à l’étau des Armées Rwandaises et Burundaises, ont été abattus comme du gibier, selon les témoignages de quelques femmes rescapées des sept camps cités ci-dessous sur les douze installés dans la plaine de Ruzizi
Les camps de réfugiés qui ont été plus touchés que les autres sont :
– RUNINGO             – RUBALIKA        – BWEGERA             – KAMANYOLA
– RUVUNGI              – LUBELIZI           – KILIBA

Après l’attaque, tous ces camps étaient jonchés de plusieurs centaines de cadavres et ce sont les quelques survivants arrivés au Rwanda qui ont donné ces témoignages.
Entretemps l’accès à ces camps démantelés est interdit aux journalistes. Les réfugiés burundais ont été les plus touchés dans la région d’Uvira.
Il est rapporté que le petit frère de Nyangoma, le Dr BATUNGWANAYO, qui dirigeait l’hôpital de LEMERA, n’a pas été tué lors de l’attaque du 6/10/96 des “Banyamulenge” sur l’hôpital où certains employés et tous les malades blessés ont été massacrés (car soupçonnés être des guerriers de Nyangoma blessés dans les affrontements avec l’armée burundaise).

2) La guerre du Sud-Kivu a pour objectif d’anéantir les  ex-Forces Armées Rwandaises et se venger sur les interahamwe. Aujourd’hui dans la Capitale Kigali, les extrémistes tutsi font la fête et affirment qu’ils n’attendent que le rapatriement de “ces interahamwe” pour les finir. En effet les réfugiés forcés de rentrer au Rwanda sont triés avant d’arriver sur leurs collines.

3) Les Commandants des troupes, qui ont coordonné les opérations de l’Armée Rwandaise au Sud Kivu, sont essentiellement les mêmes qui se sont illustrés dans les massacres de civils hutu à l’intérieur du Rwanda même:
– Le Colonel IBINGIRA (responsable des Massacres de Kibeho en Avril 1995)
– Le Major GUMISILIZA (Responsable du secteur militaire de Cyangugu)
– Le Major KARERA (qui dirige la Zone Sud de Cyangugu-Bugarama). Celui-ci a conduit 30 camions “de marque Tata” remplis de soldats de l’Armée Patriotique Rwandaise (APR) qui ont été acheminés au Sud-Kivu depuis le 21/9/96 par la province burundaise de CIBITOKE. L’APR leur assuré la couverture en bombardant BUKAVU les 22 et 23 septembre 1996 et les unités zaïroises ont été défaites à Kitutu et ont ouvert une brèche à 600 soldats de l’APR.
Les autres soldats de l’APR, notamment les descendants des Banyamulenge, étaient déjà infiltrés depuis Juin 1996 à MULENGE.

4) Quelques victimes massacrées avec toutes leurs familles dans ces camps ont été identifiées par les réfugiés rescapés qui sont rentrés au Rwanda:
– NTISABIRWA Marcel, ancien Bourgmestre de Gishoma avant le génocide
– KAMANZI Meschac, ancien Bourgmestre de Bugarama pendant le génocide
– BIMENYIMANA, commerçant de Bugarama
– MABWIRE, ex-Comptable de Bugarama
– Pasteur MULINDABIGWI Philippe de l’Eglise de Pentecôte
-GATABAZI Vénuste, ancien député du Mouvement Révolutionnaire National pour le Développement (MRND). Des milliers d’autres victimes seront identifiées par une enquête.

5) D’après les témoignages de réfugiés rescapés qui sont arrivés à Kigoma en Tanzanie en passant par le lac Tanganyika, les gens qui se sont enfuis dès le matin du 25/10/96 de Uvira vers Kalemie, ont marché sur des cadavres d’enfants écrasés dans la panique. Pour aller à Kalemie, on passe par Mboka, Baraka et Fizi. Partout des patrouilles” bien armées de l’Armée Rwandaise sont signalées. L’attaque des armées tutsi semble continuer en direction de Fizi, Kalemie et Moba (à la porte du Shaba), et les réfugiés zaïrois arrivés à Kigoma affirment que la guerre ne s’arrêtera pas avant que la région du Shaba soit sous contrôle des Tutsi. Ce sont les “Bembe qui sont les plus nombreux parmi les réfugiés zaïrois.
Déjà à Lemera, dans la nuit du 5 au 6 octobre, l’abbé zaïrois KOKO a été torturé avant d’être assassiné par les Banyamulenge qui l’avaient forcé avec 12 autres personnes à transporter leurs bagages vers les montagnes. A Goma, les corps de soldats rwandais ont été retrouvés les 21 et 22 octobre, près du camp de Kibumba après plusieurs raids nocturnes sur ce camp.

6) Les témoignages de réfugiés rescapés décrivent aussi les techniques de guerre utilisées par les guerriers tutsi. Ils s’infiltrent dans une région, attaquent un petit centre ou tuent une personnalité locale. Ils créent une fausse alerte et renforcent la panique par la guerre médiatique. Ils s’infiltrent parmi les fuyards, avancent avec eux et établissent leurs positions. Les gens se calment un peu et se reposent croyant qu’ils sont en sécurité. Tout à coup, là où ils se trouvent, la même histoire recommence et leurs troupes en arrière ne font que conquérir un terrain vide. D’autres témoignages font état de désertions de soldats  zaïrois qui rejoignent les rangs des “agresseurs tutsi”. Il y aurait même des traîtres parmi les militaires zaïrois.

7) Le démantèlement militaire des Camps de Réfugiés rwandais et burundais a été planifié par les extrémistes tutsi qui sont au pouvoir au Rwanda et au Burundi. Ce n’est pas la première fois que l’APR lance des attaques et des incursions sur le territoire zaïrois et contre les camps de réfugiés. Déjà, la Société Civile zaïroise du Sud-Kivu, dans son Mémorandum adressée à Mme OGATA Responsable du Haut Commissariat aux Réfugiés (HCR) lors de sa visite d’inspection au Sud-Kivu en date du 5 Septembre 1995; avait dénoncé:
– l’attitude partisane de la communauté internationale qui ne favorise pas la réconciliation et la reconstruction des frères ennemis et le retour des réfugiés dans leur pays;
– les attaques et incursions perpétrées par l’Armée Rwandaise au Zaïre notamment contre les camps de BIRAVA, PANZI, KANGANIRO, MUGUNGA et KIBUMBA.
– les menaces de guerre proférées par les hauts responsables ougandais et rwandais.
– le désengagement progressif de la communauté internationale dans la prise en charge des réfugiés au Zaïre d’une part et le renforcement de l’appui financier et matériel au Gouvernement de Kigali d’autre part;
– la levée de l’embargo sur les armes en faveur des hommes au pouvoir à Kigali qui constitue une incitation à la guerre aux dépens de la recherche d’une solution pacifique et négociée;
– la manipulation des médias internationaux accusant injustement le Zaïre d’empêcher le retour des réfugiés chez eux, alors que c’est ce dernier pays qui subit plus de conséquences néfastes de la présence massive de ceux-ci sur son territoire.

            Compte tenu de ce qui précède, le Centre de Lutte contre l’Impunité et l’Injustice au Rwanda reste très indignée face à l’inertie des grandes puissances devant la tragédie qui frappe  les réfugiés installés au Kivu et les populations zaïroises du Sud et du Nord Kivu.

Pour le Centre MATATA Joseph, Coordinateur