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Com090/2006 : L’ex-préfet BAGAMBIKI Emmanuel face à l’art du mensonge du FPR

Le Centre attire l’attention des autorités du TPIR et des autorités judiciaires tanzaniennes sur la capacité des autorités rwandaises à «travestir la vérité» pour prolonger la détention arbitraire de M. Bagambiki.

L’art de mentir contre l’ex-préfet Bagambiki Emmanuel acquitté à deux reprises par le TPIR

Le Centre de Lutte contre l’Impunité et l’Injustice au Rwanda (CLIIR)* attire l’attention des autorités du Tribunal Pénal International pour le Rwanda (TPIR) et des autorités judiciaires tanzaniennes sur la capacité des autorités rwandaises à « travestir la vérité, donner le change, manier l’intrigue et le mensonge » pour nuire à Monsieur Bagambiki Emmanuel et prolonger sa détention arbitrairement. Emmanuel Bagambiki était, pendant le génocide de 1994, préfet de Cyangugu (au sud-ouest du Rwanda).
Depuis la création du TPIR, consciemment ou inconsciemment, ses procureurs et ses magistrats se sont laissés manipuler par des extrémistes TUTSI rompus dans l’art de mentir comme l’affirmait en 1958 un authentique prêtre tutsi, l’Abbé Stanislas BUSHAYIJA, curé de la paroisse catholique de Kamonyi, dans son article intitulé « Aux origines du problème Bahutu au Rwanda » publié dans la Revue Nouvelle, Tome XXVIII, N° 12 de décembre 1958, pp. 594-597. Il dénonce « l’art du mensonge » au Rwanda dans ses termes : «… A vrai dire, les principes d’équité que les Belges voulaient faire prévaloir dans le domaine de la justice, de la propriété, de la liberté et des droits de la personne humaine quelle qu’elle fût, déroutèrent le Mututsi et le firent douter de la finesse de l’Européen. Celui-ci lui parut plus un technicien, une sorte de magicien qu’un diplomate, comme le prouvent les expressions kinyarwanda encore courantes : Abazungu ntibazi ubwenge (les Européens ne sont pas malins), ubwenge bw’abazungu (intelligence européenne). Si le Mututsi reconnaît à l’Européen ses compétences dans le domaine technique, – électricité, physique, mathématique, etc., – s’il lui reconnaît l’intelligence du livre (ubwenge bwo mu gitabo), il déplore son absence de finesse d’esprit. Savoir travestir la vérité, donner le change sans éveiller le moindre soupçon est une science qui fait défaut à l’Européen et que le Mututsi est fier de posséder ; le génie de l’intrigue, l’art du mensonge sont à ses yeux des arts dans lesquels il s’enorgueillit d’être fort habile : c’est là le propre du Mututsi et, par contagion et par réflexe de défense, de tout Munyarwanda… ».
Faute de pays d’accueil, l’ex-préfet de Cyangugu (sud-ouest), Emmanuel BAGAMBIKI, est hébergé dans une maison sécurisée après que la Chambre d’appel ait confirmé le 9 février 2006 son acquittement pour des crimes de génocide et des crimes contre l’humanité. Au lendemain de ce jugement en appel, le représentant du gouvernement rwandais auprès du TPIR, Monsieur Aloys Mutabingwa a annoncé que la justice rwandaise ouvrait des poursuites contre Emmanuel Bagambiki pour viols, des crimes pour lesquels il n’a été jugé au TPIR.
Selon le diplomate rwandais, une copie du mandat d’arrêt contre l’ex-préfet a été remise au TPIR le 10 mars 2006. L’ex-préfet Emmanuel Bagambiki avait été acquitté en même temps que l’ex-ministre des Transports dans le gouvernement intérimaire en place pendant le génocide, André Ntagerura. Mais, c’est seulement contre M. Bagambiki que le régime de Kigali a annoncé l’ouverture de nouvelles poursuites.
Les autorités rwandaises ont demandé, jeudi le 25 mai 2006 au TPIR de remettre à la Tanzanie, pays hôte de la juridiction de l’ONU, l’ex-préfet Emmanuel Bagambiki acquitté déjà deux fois par ce tribunal mais contre lequel Kigali a annoncé de nouvelles poursuites. "Bagambiki se trouve entre les mains des responsables du TPIR, ils doivent le remettre aux autorités tanzaniennes", a indiqué Aloys Mutabingwa selon PANAPRESS du 25 mai 2006.
Interrogé par la PANA, le porte-parole du tribunal, Timothy Gallimore a confirmé que le tribunal avait bien reçu le mandat d’arrêt. Il a, cependant, ajouté qu’il n’était pas en mesure de dire quelle suite les responsables du tribunal réserveraient à la demande rwandaise.
"Si le TPIR ne veut pas remettre l’accusé à la Tanzanie, la police tanzanienne est en droit de l’arrêter comme elle arrête tous les criminels en fuite sur le territoire tanzanien", a estimé le représentant du gouvernement rwandais Aloys Mutabingwa qui a, par ailleurs, annoncé qu’il allait rencontrer les autorités du TPIR et celles de la Tanzanie à ce sujet.
1) Le nouveau mensonge contre Bagambiki a été lancé dès mars 2006 :
D’après le Communiqué du représentant du Rwanda auprès du TPIR, Monsieur Aloys MUTABINGWA, repris par l’Agence Hirondelle du mardi 7 mars 2006 à Arusha en Tanzanie, le gouvernement rwandais avait manifester sa volonté de poursuivre pour viol l’ancien préfet, Emmanuel Bagambiki, acquitté définitivement le 18 février 2006 par le TPIR pour d’autres crimes dont celui de génocide.
Selon Aloys Mutabingwa : « Les éléments de preuve sont assez suffisants pour porter de nouvelles charges contre Emmanuel Bagambiki, particulièrement le crime de viol et de violence sexuelle, en tant que crime contre l’humanité. Emmanuel Bagambiki sera jugé au Rwanda ou ailleurs pour viol en tant que crime contre l’humanité commis à Cyangugu, en 1994 et répondra de ces charges pour sa responsabilité pénale individuelle » et en tant que supérieur hiérarchique, soulignant qu’ « il y a des éléments de preuves pour appuyer cela». L’ex-préfet Bagambiki a été jugé par le TPIR sur la base d’un acte d’accusation de 1997 qui ne mentionnait pas le crime de viol, « une omission fatale et hautement préjudiciable » selon Aloys Mutabingwa. Le TPIR a établi une jurisprudence selon laquelle le viol était, en 1994, une arme de l’extermination des Tutsis.
Les autorités rwandaises appelaient déjà en mars 2006 le TPIR à « coopérer dans le processus visant à remettre l’accusé (l’acquitté Bagambiki) à l’autorité rwandaise des poursuites. Le mandat d’arrêt devait être transmis à l’accusé (Bagambiki) à travers les structures appropriées du TPIR » et les autorités tanzaniennes devaient recevoir également une copie.
C’était la première fois que le gouvernement rwandais annonçait l’ouverture de nouvelles poursuites contre une personne acquittée par le TPIR. Bagambiki et Ntagerura André (ancien Ministre des transports) sont, avec l’ex-maire Ignace Bagilishema, les trois personnes acquittées à ce jour par le TPIR qui a prononcé 24 condamnations.
Le diplomate rwandais avait souligné que le but de son gouvernement n’était pas de s’en prendre systématiquement aux personnes acquittées. C’est faux, puisque Mgr Augustin MISAGO, évêque du diocèse catholique de Gikongoro acquitté au Rwanda le 15/06/2000 et le célèbre chanteur compositeur MASABO Nyangezi sont régulièrement harcelés dans un rapport du Parlement rwandais et dans les médias proches du gouvernement rwandais
C’est ainsi que par l’intermédiaire de son représentant auprès du TPIR, l’ambassadeur Aloys MUTABINGWA, le régime du FPR (Front Patriotique Rwandais) a pu démontrer sa capacité dans « l’art de mentir, l’art de manipuler, l’art d’exercer le chantage sur les institutions des Nations Unies et de l’Union Européenne, sur les magistrats et les enquêteurs nationaux ou étrangers, l’art d’intoxiquer et de manipuler l’opinion publique et les médias nationaux ou internationaux. Cette capacité de mentir et de manipuler a été largement dénoncée dans les trois livres parus fin 2005. Il s’agit d’un témoignage de 494 pages publié par un militaire Tutsi, le Lieutenant Abdul Joshua RUZIBIZA intitulé: « Rwanda : L’Histoire secrète » le 2ème livre de 544 pages intitulé « Noires Fureurs, Blancs menteurs » et publié à Paris en novembre 2005 aux éditions « Mille et une nuits ». comprend l’enquête du journaliste français Pierre PEAN. Le troisième livre de 480 pages est celui du journaliste camerounais, Charles ONANA, intitulé «Les secrets de la Justice internationale : enquêtes truquées sur le génocide rwandais » publié le 30/11/2005 à Paris aux éditions Duboiris. La publication de ces trois livres sur le Rwanda fin 2005 a complètement perturbé « l’histoire truquée » que les médias nationaux et internationaux avaient érigée en « Evangile » sur le génocide rwandais.
Le Centre de Lutte contre l’Impunité et l’Injustice au Rwanda (CLIIR)* dénonce et condamne ce nouveau harcèlement judiciaire qui fait partie de l’éternelle stratégie de délation institutionnalisée au plus haut niveau de l’Etat Rwandais. Nous attirons l’attention des magistrats du TPIR et de la justice tanzanienne pour qu’ils ne se laissent pas manipuler par le gouvernement rwandais qui a été toujours caractérisé par sa soif de vengeance vis-à-vis des anciens cadres Hutu. Nous sommes persuadés que, depuis 12 ans, beaucoup d’enquêteurs et de chercheurs internationaux se sont retrouvés désarmés et incapables de faire face à cette « culture du mensonge » telle qu’elle est pratiquée au Rwanda. L’art de mentir est un « nouveau mode de vie » réintroduit et entretenu au Rwanda depuis 12 ans par les dirigeants extrémistes Tutsi qui exploitent le génocide rwandais à des fins sociopolitiques et socioéconomiques avec le concours de la Junte militaire du président Paul KAGAME. L’utilisation des « syndicats de délateurs rwandais (composés de rescapés tutsi et hutu) et leurs relais occidentaux », ainsi que leur introduction dans le système d’accusation du TPIR et des autres juridictions internationales, se sont traduites par l’emprisonnement arbitraire de plusieurs anciens cadres et intellectuels Hutu. Depuis l’arrivée du FPR au pouvoir en juillet 1994, « l’art de mentir a été « revalorisé pour redevenir un comportement ordinaire imposé aux citoyens ordinaires » par l’actuel régime militaro-ethniste du Rwanda.
2) L’habituelle stratégie de brouiller les enquêtes et les cartes administratives :
L’acharnement des autorités rwandaises contre l’ex-préfet Bagambiki est dû à son habituelle stratégie d’éliminer, de récupérer et de neutraliser, par tous les moyens, les anciennes autorités préfectorales et communales pour plusieurs raisons :

  • les anciens préfets et bourgmestres sont les seuls anciens dignitaires capables de reconstituer les anciennes fiches de recensement de l’Etat civil que les chefs militaires et politiques du FPR ont détruit pour fausser toutes les enquêtes qui pourraient déterminer le terrible bilan de civils Hutu massacrés par le FPR. En effet, depuis le déclenchement de sa guerre contre le Rwanda le 1er octobre 1990, le FPR a massacré des centaines de milliers de civils sur toutes les collines du Rwanda avant de s’emparer ou de détruire les fichiers communaux de l’Etat Civil.

    • Les anciens préfets et bourgmestres sont les seuls cadres Hutu qui peuvent déterminer les frontières des anciennes entités administratives dont les autorités Tutsi du FPR ne cessent d’embrouiller les cartes (le pays est subdivisé en 5 provinces et 30 districts). En effet, depuis plusieurs années, ces autorités redessinent régulièrement de nouvelles entités administratives en vue de dérouter toute commission d’enquête qui tenterait de rétablir les anciennes fiches de recensement des populations exterminées par les deux blocs de belligérants Hutu et Tutsi.

    3) Antécédents :

    Ce n’est pas la première fois que les autorités rwandaises refusent d’accepter un verdict d’acquittement par le TPIR. Dans son édition du 10 février 2006, le journal le Monde annonçait que : « L`acquittement en appel prononcé mercredi (08/02/2006) par le Tribunal pénal international pour le Rwanda (TPIR) en faveur de l`ex-ministre rwandais des Transports, André Ntagerura et de l`ex-préfet de Cyangugu (sud ouest) Emmanuel Bagambiki risquait de conduire à une autre rupture de coopération entre cette juridiction et le gouvernement rwandais », a appris jeudi 9/02/2006 la PANA, de source judiciaire dans la capitale rwandaise.

    Les deux présumés génocidaires relâchés par la chambre d`appel du TPIR avaient auparavant été libérés sous condition le 25 février 2004, en attendant le jugement de l`appel interjeté par le procureur, et qui a été prononcé mercredi le 08/02/2006 au siège du TPIR à Arusha, dans le nord de la Tanzanie. Le procureur général de la République à Kigali (et ancien Ministre de la Justice rwandaise), M. Jean de Dieu MUCYO avait déclaré, en février 2004, que cet acquittement constitue un acte "ridicule et triste", puisqu`il y a des preuves tangibles qui démontrent que ces deux anciens dignitaires du gouvernement intérimaire d`avril à juillet 1994, faisaient partie des architectes du génocide. "Des milliers de personnes sont mortes à cause de leur responsabilité", a indiqué M. Mucyo. "Cet acte est du théâtre. Une telle décision décourage les témoins à charge qui contribuent à la recherche de la vérité sur les tragédies rwandaises" a, de son côté, affirmé le représentant du gouvernement rwandais auprès du TPIR à Arusha, Aloys Mutabingwa dans une interview passée sur les ondes de la BBC, programmée en Kinyarwanda et diffusée mercredi soir le 8/02/2006. "Toute personne qui s`est rendue à Cyangugu connaît très bien la responsabilité des deux hommes pour avoir commandé le nettoyage ethnique dans cette région", a-t-il ajouté.

    Sur 19 ministres membres du gouvernement intérimaire mis en place le 9 avril 1994, douze ont été arrêtés, deux sont en fuite après avoir été mis en accusation. Leur chef, le Premier ministre Jean Kambanda, a été condamné à perpétuité après avoir été victime d’une séquestration et d’une escroquerie judiciaire de la part des enquêteurs du TPIR et il purge actuellement sa peine au Mali.

    4) L’élimination de l’intelligentsia Hutu, l’absence de justice et la délation institutionnalisée au Rwanda provoquent l’exil des rwandais hutu et tutsi :

    Les Rwandais de toutes les tendances et de toutes les catégories sociales continuent de fuir le pays : des anciens cadres Hutu et Tutsi de la haute administration du pays, tels que le président de l’Assemblée nationale, deux premiers ministres Hutu, des ministres, des députés, des juges, des officiers, des sous-officiers et des soldats ordinaires, des cadres supérieurs de l’État, des journalistes, des activistes des droits de la personne, des commerçants, et des citoyens ordinaires. Toutes ces personnes ne fuient pas la pauvreté comme le prétend le président rwandais, le Général Paul Kagame. Elles fuient plutôt la terreur, l’insécurité entretenue par le FPR, les assassinats, l’injustice, la prison et le mensonge qui sont devenus les nouvelles valeurs dominantes du Rwanda d’aujourd’hui.

    Les procès qui se sont déroulés au Rwanda ne respectaient pas les normes internationales en matière d’équité. Ils sont caractérisés par une présomption de culpabilité et par une grave baisse des exigences en matière de preuves. L’ingérence du gouvernement dans les décisions judiciaires représente une menace constante. En juin 2004, l’ancien chef de l’Etat, Monsieur Pasteur Bizimungu a été condamné arbitrairement à une peine de quinze ans d’emprisonnement pour incitation à la désobéissance civile, association de malfaiteurs et détournement de deniers publics. Au cours des douze jours de son procès, les témoins à charge se sont contredits et ont reconnu avoir fait de fausses déclarations sous la contrainte. En réalité, le motif sous-jacent de ce procès était la création d’un parti d’opposition par Pasteur Bizimungu, au mois de mai 2001. En effet, ce vendredi 18 février 2006, ces prisonniers politiques, accusés d’avoir tenté de créer leur parti et détenus arbitrairement depuis près de quatre (4) ans, ont vu leurs peines confirmées par la Cour Suprême du Rwanda comme suit : 15 ans pour Bizimungu, 10 ans pour Ntakirutinka. Les six coaccusés ont été acquittés.

    L’assassinat des anciennes autorités préfectorales et communales Hutu :

    Au Rwanda, le FPR a réussi à assassiner la majorité des anciens dignitaires et parfois avec leurs femmes et enfants. Les survivants sont emprisonnés ou se sont exilés :

    1. En août 1994, l’ancien préfet de Gitarama pendant le génocide, le Major Jean Damascène UKULIKIYEYEZU, a été assassiné avec sa femme et ses enfants ainsi que tous ses amis et voisins par le FPR dans le camp militaire de Gitarama. Il rentrait de la zone turquoise et avait reçu du gouvernement FPR des garanties de sécurité.

      • En 1994, l’ancien Sous Préfet de Rushashi et du Bugesera pendant la guerre, Monsieur Faustin SEKAGINA, a été tué par les militaires du FPR à Rushashi

      • Dans la soirée du 4 au 5 mars 1995, assassinat du Préfet de Butare, Pierre Claver RWANGABO, tué avec son fils aîné et son chauffeur, seul son garde de corps a survécu.

      • En Mars 1995, le Bourgmestre de GIKORO, TWAHIRWA Néhémie (du parti MDR) fut porté disparu près du marché de Rugende en commune Gikoro (préf. Kigali Rural).

      • Le 27/07/95 l’ancien S/Préfet de Ruhango, Placide KOLONI a été tué et brûlé avec sa femme, ses deux filles et sa domestique dans leur maison dans la ville de Ruhango (Gitarama).

      • Dans la soirée du 1er août 1995, le S/Préfet de Gikongoro Oreste HABINSHUTI a été enlevé à Gikongoro par des militaires du FPR et tué le 1/08/1995. Son cadavre fut retrouvé non loin de la terrible barrière de Cyizi où le FPR a intercepté et tué de nombreux Hutu qui rentraient de la Zone humanitaire Turquoise ;

      • Le Bourgmestre de KANAMA, Célestin SETAKO, son Conseiller communal du Secteur Kayove, Abraham RUKEBESHA, ainsi que plus de 110 paysans hutu (des secteurs Bisizi et Kayove) furent massacrés par l’APR dans la nuit du 11 au 12/09/1995, sous prétexte qu’un des leurs, le Lt RURAZA Jean-Claude fut tué dans une embuscade tendue par des éléments non identifiés.

      • Dans la nuit du 10 au 11 mai 1996, le Bourgmestre de KARENGERA (Cyangugu), Mme MUKANDOLI Anne Marie, fut abattue de plusieurs balles chez elle par un élément en uniforme militaire. Une semaine plus tard, dans la nuit du 18 au 19 mai 1996, le Bureau communal de Karengera fut attaqué et complètement incendié par des “individus armés non identifiés” qui auraient libéré 71 des 123 détenus du cachot communal.

      • Dans la soirée du 7 juillet 1996, assassinat du Bourgmestre de Rushashi, Vincent MUNYANDAMUTSA, du procureur de Rushashi, le Substitut Floribert Habinshuti, tué avec sa femme et ses enfants ainsi que du Directeur de l’Ecole secondaire de Rwankuba, Monsieur Laurent Bwanacyeye.

      • Le 11 juillet 96, le Bourgmestre de Nyabikenke, Monsieur DUSABUMUREMYI Elie est tombé dans une embuscade de l’APR organisée par le Colonel Charles Kayonga. Depuis ce jour, il a disparu sans laisser de traces.

      • Dans la nuit du 27 au 28 Octobre 1996, le Bourgmestre de NYAKABUYE (Cyangugu), Madame MUKABARANGA Judith, a été abattue chez elle de plusieurs balles par l’APR.

      • Le 16 mai 1997 à 14h, le Sous Préfet de Ngororero, Maurice SEBAHUNDE a été assassiné avec deux de ses collaborateurs par des éléments de l’APR qui avaient érigé une barrière sur la route menant à la commune Ramba d’où ils revenaient.

      • En février 1997, entre 19h et 20h, le Bourgmestre de NDUSU, Monsieur Jean Pierre NIYONZIMA a été assassiné avec son domestique près de chez lui. Il rentrait du petit centre de négoce de Mubuga en commune Ndusu (Ruhengeri) ;

      • Le Bourgmestre de Nyamutera (Ruhengeri), Monsieur BUGINGO Jean Claude a été tué par balles en 1998 dans sa commune. Il avait été emprisonné après avoir protesté contre les massacres de l’armée rwandaise dans sa lettre n° 265/05.09.01/4 du 8 août 1996 adressée au Préfet de la Préfecture de RUHENGERI en déplorant le fait qu’il est difficile de connaître le nombre exact des victimes de ce ratissage aveugle, qui a eu lieu à l’insu et en l’absence des autorités administratives locales.

      • Le 24 avril 1998, l’ancien préfet de Kibungo nommé le 27 avril 1994, Monsieur Anaclet RUDAKUBANA a été enlevé chez lui et tué à Rusumo (Kibungo). Rapatrié de force de Tanzanie, il avait été emprisonné avec le colonel SEBAHIRE en 1996 puis libéré en août 1997. Ils ont été tués par le FPR tous les deux à un mois d’intervalle.

      • Le 5 mars 2000, l’ancien préfet tutsi de Kibuye, Assiel KABERA, fut assassiné devant son domicile à Kigali parce qu’il était soupçonné d’être monarchiste;

      • Plusieurs préfets et bourgmestres sont limogés et/ou emprisonnés depuis plus de 10 ans sans procès et dossiers judiciaires. Il s’agit de : Mr NYANDWI Justin, bourgmestre de Musambira emprisonné à Gitarama depuis janvier 1995 ; Mr BISHOKANINKINDI, bourgmestre de Nyabikenke reconduit par le FPR en juillet 1994 et arrêté lors de son départ pour un stage en Europe en 1995 ; Mr Anatole KARUGANDA bourgmestre de Nyabikenke (Gitarama), est emprisonné depuis 1996. Il avait pourtant, durant les massacres de 1994, combattu les miliciens et il n’a pas hésité à délivrer des cartes d’identité avec la mention «Hutu» à des Tutsis menacés. Mr NSABUMUGISHA Basile, préfet de Ruhengeri entre avril et juillet 1994, est emprisonné depuis 1997 après son retour forcé du Zaïre. Mr Ignace KARUHIJE, préfet de Ruhengeri de 1994-1997, fut limogé en mars 1997 avec le Colonel Alexis Kanyarengwe, président du FPR et ministre de la fonction publique, pour avoir protesté contre les massacres de civils Hutu à Ruhengeri pendant une attaque simulée du 2 mars 1997 à Ruhengeri.

    Assassinats des anciens préfets et dignitaires rwandais durant les massacres de réfugiés Hutu au Congo (RDC) :

    En République Démocratique du Congo, l’extermination des anciens dignitaires Hutu a été systématique. Tous les anciens préfets Hutu ont été exécutés sommairement par le FPR en RDC. Reprenons quelques exemples d’assassinat et d’enlèvement :

    1. Mademoiselle UZAKUNDA Annonciata fut Secrétaire Générale Adjointe de l’Association Générale des Etudiant de l’Université Nationale du Rwanda (AGEUNR), section de Ruhengeri. Elle fut arrêtée fin mars 1997 à Lula à sept kilomètres de Kisangani par l’APR. Elle disparut sans laisser de traces. Le 22 avril 1997 avant midi, Monsieur Jean Marie Vianney BAGEZAHO, qui a participé aux négociations d’Arusha fut écarté de la foule pour périr à coups de houe usagée. Ce jour-là, l’ancien procureur de la république à Gisenyi, Monsieur Anastase MUGEMANCURO fut repéré et tué avec son petit frère et toute sa famille (son épouse Christiane et ses enfants Bana Marcel et Senga René, Hirwa et Annita.

      • Monsieur Frédéric KARANGWA, ancien préfet de Butare (limogé en 1989) fut arrêté fin mars 1997 à Lula à (7 km de Kisangani). Les militaires de l’APR demandaient pourquoi il n’était pas encore arrivé parmi les réfugiés Hutu qui avaient décidé de se rendre à l’APR. Lorsqu’il arriva pour s’inscrire, les militaires APR lui demandèrent d’installer sa famille dans le camp de rassemblement des réfugiés rescapés des massacres de l’APR au Congo et de revenir. Depuis il a disparu sans laisser de traces.

      • Monsieur André KAGIMBANGABO, ancien préfet de Cyangugu (pendant 12 ans sous la 2ème république) fut arrêté également à Lula (fin mars 1997 par les militaires de l’APR). Personne ne l’a plus revu. Après la disparition de l’ex-préfet André Kagimbangabo, les militaires du FPR fraternisent étrangement avec les réfugiés qu’ils massacraient en leur offrant de la bière, en demandant leurs filles en mariage, etc. Début avril 1997 dans ce camp de réfugiés de Lula, les soldats de l’APR recrutèrent plus de 3000 anciens soldats hutu et des jeunes gens hutu qui croyaient pouvoir tenter leur chance dans l’armée. Deux jours après le départ des recrues Hutu, les réfugiés survivants de TINGI-TINGI, Amisi et Lubutu furent acheminés vers KASESE où ils construisirent un nouveau camp qui comptait entre 60.000 et 100.000 personnes. Un rescapé des 3.000 recrues Hutu vint les prévenir que toutes les recrues avec leurs familles ont été massacrées par l’APR et que c’était leur tour. Le 22 avril 1997, l’APR les encercla et tira dans la foule pour la pousser vers le chemin de fer de Kasese. Après 8h de marche forcée, la file des réfugiés s’étendait sur plusieurs kilomètres le long du chemin de fer. Le 22 avril 1997 à 14h, l’holocauste commença, les mitrailleuses, les canons ouvrirent le feu sur les réfugiés, le sang coula et se mêla au repas des réfugiés et tout devint rouge. Ceux qui tentèrent de fuir dans la forêt y trouvèrent des militaires qui les achevèrent. Ces tueries ont duré 3 jours, les 2è et 3è jours les militaires pourchassèrent les réfugiés dans la forêt. Ils examinaient les cadavres et achevaient les blessés. Après le troisième jour, des camions amenèrent des citernes de carburant pour brûler les corps étendus le long du chemin de fer avant l’arrivée des humanitaires.

    CONCLUSION :

    La justice que les Rwandais attendaient s’est réduite aux discours vides et mensongers. Le président rwandais, le général Paul Kagame et sa Junte militaire ont préféré une justice basée sur le mensonge, une justice de parade visant uniquement la recherche de l’aide internationale, le harcèlement judiciaire et la diabolisation de tous ceux qui n’épousent pas leurs opinions (Voir la récente liste de 93 réfugiés hutu recherchés par la justice rwandaise et remise début mai 2006 aux chefs de missions diplomatiques en poste à Kigali).

    RECOMMANDATIONS : Le Centre recommande instamment :

    • que le TPIR rejette la demande d’extradition du gouvernement rwandais ;

      • que les autorités belges accordent immédiatement un visa d’entrée et de séjour à M. BAGAMBIKI Emmanuel afin qu’il puisse y rejoindre sa femme et ses enfants ;

      • que le gouvernement tanzanien rejette également la demande d’arrestation et d’extradition du gouvernement rwandais qui n’est motivé que par l’intention de nuire à Monsieur Bagambiki ;

      • que la communauté internationale reconnaisse et condamne la délation institutionnalisée au Rwanda et l’exploitation du génocide à des fins sociopolitiques et socioéconomiques;

      • que le TPIR et tous les pays démocratiques condamnent le comportement des autorités rwandaises qui cherchent à entraver la justice internationale depuis la création du TPIR.

      • que tous les rescapés du génocide rwandais (Hutu et Tutsi) combattent énergiquement la culture du mensonge et de la délation imposée par les autorités rwandaises soumises à la dictature du FPR.

      • que les organisations nationales et internationales des droits humains combattent la culture du mensonge entretenue au Rwanda et exigent la fin de l’impunité assurée aux génocidaires tutsi qui contrôlent et paralysent toutes les institutions officielles de l’Etat Rwandais dont la Magistrature rwandaise purifiée et soumise au FPR.

      • que tous les médias nationaux et internationaux dénoncent cette culture du mensonge qui est imposée au peuple rwandais comme un « nouveau mode de vie ».

      Pour le Centre, MATATA Joseph, Coordinateur.

      CLIIR* : Le Centre de Lutte contre l’Impunité et l’Injustice au Rwanda est une association de défense des droits humains basée en Belgique, créée le 18 août 1995. Ses membres sont des militants des droits humains de longue date. Certains ont été actifs au sein d’associations rwandaises de défense des droits humains et ont participé à l’enquête CLADHO/Kanyarwanda sur le génocide de 1994. Lorsqu’ils ont commencé à enquêter sur les crimes du régime rwandais actuel, ils ont subi des menaces et ont été contraints de s’exiler à l’étranger où ils poursuivent leur engagement en faveur des droits humains.

      Voici un des nombreux témoignages sur les massacres de réfugiés rwandais Hutu dans les forêts congolaises (ex-Zaïre). Il s’agit d’un extrait du témoignage de Monsieur Maurice NIWESE tiré de son livre intitulé « Le peuple rwandais, un pied dans la tombe, récit d’un réfugié étudiant » et édité dans la Collection « Mémoires Africaines » chez l’Harmattan en 2001 ; pages 159 à 162.

      Chapitre 9 : Kasese, 22 avril 1997 : ce qui nous attendait.

      L’odeur de la mort :

      Avant de relater les évènements qui commencèrent le 22 avril 1997, il y a un antécédent que j’aime toujours rappeler. Quelques jours avant le début des massacres de KASESE, je crois que c’était le 20 avril 1997, on a retrouvé tout près du camp des réfugiés de Kasese, 7 hommes décapités. Les corps sans têtes gisaient dans la rue. La disparition des têtes ne pouvait pas permettre de savoir s’il s’agissait des réfugiés rwandais ou des Zaïrois. Mais les témoignages concordent pour affirmer qu’il s’agissait des réfugiés rwandais. Ce ne fut cependant pas cela qui fut relayé par Radio Amani qui émettait l’opinion des rebelles de Kabila et de l’APR (Armée Patriotique Rwandaise du président Paul Kagame). Cette Radio diffusait qu’il s’agissait des Zaïrois, tués par les réfugiés rwandais. Ce fut une bonne propagande qui attisa la haine des Zaïrois contre nous. Nos relations s’envenimèrent. La tension et la panique gagnèrent le camp. Nous étions obligés de rester dans le camp. Celui qui sortait ne rentrait pas. Il était tout simplement tué.

      Le 22 avril 1997, c’était encore autour de 6h15, car nous suivions encore les informations en Kirundi et en Kinyarwanda de la Voix de l’Amérique (Vox of America). Nous avons entendu les détonations des coups de feu. Nous avons pensé que c’étaient des Zaïrois qui venaient piller les stocks de vivres. Nous nous trompions. Tout de suite, les détonations furent entendues de tous côtés du camp. On entendit les mitrailleuses, les armes lourdes et individuelles, … Le camp était complètement encerclé.

      Les militaires nous acheminèrent vers le chemin de fer. Ceux qui hésitaient, étaient fusillés et restaient sur place. Morts bien évidement. Jackson mourut dans ces conditions d’hésitations. Originaire de la préfecture Kibuye et ancien préfet de discipline de l’école secondaire au camp de Nyakavogo, Jackson fut mon camarade du campus universitaire de Ruhengeri. A Kasese, il travaillait dans un centre d’ENA (Enfants Non Accompagnés). Il fut fusillé en organisant le départ de ces enfants qu’il ne voulait pas laisser marcher de façon dispersée. Les militaires nous disaient que nous devions retourner à UBUNDU (toujours en RDC) pour prendre le train vers le Rwanda. Nous avons marché en allant dans la direction d’Ubundu. C’était dans le sens inverse de Kisangani.

      Vers 14 heures, c’est-à-dire après environ huit heures de marche à pied, les militaires nous demandèrent de nous asseoir et de préparer à manger. A cette heure-là, nous formions une ligne (une colonne) le long du chemin de fer que nous suivions. Nous n’étions plus entassés car huit heures de marche nous avaient espacés. Le long du trajet suivi, stationnaient les militaires bien armés. Nous pensions que nous étions bien gardés au coeur de cette forêt traversée par le chemin de fer.

      Jusqu’à 14 heures, il y avait eu des incidents mineurs. Mineurs par rapport à ce qui suivra. Nous avions tout perdu bien évidemment. Tout ce qui était habits, montres, chaussures, argent, … n’échappait pas aux barrages des militaires, renforcés par les Zaïrois. Nous restions avec des sacs de farine de maïs jaune et de petits pois. Nous voyions des femmes, mères de familles, mises à nu car tout leur était enlevé. Il y avait des hommes, pères de familles, en habits d’Adam,… Tous continuaient à marcher dans cette foule, sans pudeur, et sans penser que même leurs enfants les regardaient. Seulement, une chose est sûre : personne ne se souciait de leur nudité.

      Dans cet avant-midi (du 22 avril 1997), il y eut aussi des massacres sélectifs et ciblés. Celui qui se démarquait de la foule, par une apparence de bien-être, était écarté et disparaissait dans la forêt sans retour. On ne tuait pas encore avec des fusils. Tout fut fait à coups de couteaux et de houes usées. Les cris de personnes rendant l’âme parvenaient de part et d’autre du chemin de fer. Ces cris faisaient penser que nous défilions dans l’enfer.

      C’est dans cet avant-midi que par exemple, monsieur BAGEZAHO Jean Marie Vianney qui a participé aux négociations d’Arusha et qui fut président du camp des réfugiés de Kashusha (RDC) fut écarté de la foule pour périr à coups de houe usée. Son jeune fils, NDIZEYE, qui assista à cette scène macabre, en fut troublé. Il mourut bien après en répétant : « Comment se fait-il que mon Papa meurt comme une chèvre ? ». Je reparlerai de Jean Marie Vianney par la suite.

      C’est dans cet avant-midi aussi que monsieur MUGEMANCURO Anastase, originaire de la commune de Kigembe en préfecture de Butare qui, en 1994, était Procureur de la République dans la Préfecture de Gisenyi, fut repéré pour être tué. Nous apprenions tout cela en marchant et nous fondions de peur. Mais l’homme essaie toujours de justifier la mort de l’autre pour éloigner la sienne. Nous nous disions que ces gens mourraient parce que la société leur avait, dans le temps, confié de grandes responsabilités. Celles-ci leur donnaient droit à la mort violente ! Mais cette explication ne tenait pas beaucoup. Ces personnes connues qui étaient tuées, ne partaient pas seules.

      Jean Marie Vianney fut tué avec son petit frère, un ancien étudiant. Hormis une de ses filles qui avait peut-être disparu dans la foule, le Procureur Anastase fut tué avec toute sa famille : son épouse Christiane et ses enfants BANA et SENGA, HIRWA et ANITA périrent avec lui.

      Si tuer un ancien conseiller du Ministère, si tuer un Procureur de la République, si tuer un ancien étudiant, … était compréhensible dans cette matinée, la mort d’une femme comme Christiane, de jeunes écoliers comme Marcel et René, d’une petite fille comme Anita, ne trouvait pas d’explication. Ces tueries sélectives mais accomplies sans discernement rappelaient à tout un chacun qu’il restait candidat à cette barbare sélection. Nous avancions en attendant notre tour.

      Revenons autour de 14 heures. Nous avons commencé à nous installer le long du chemin de fer et à chercher de quoi manger. Celui-ci cherchait du bois, celui-là de l’eau et cet autre fabriquait des foyers avec trois pierres. Nous étions devenus expéditifs en cette matière. Quelques minutes après, alors que nous étions encore épuisés par la soif et par la faim et stressés par l’angoisse de la mort, ce qui nous attendait arriva.

      Le début de l’holocauste :

      Devant nous s’installèrent ces militaires qui nous conduisaient avec leurs mitrailleuses et les caisses d’obus. Ils tournèrent les canons sur nous. Ils étaient tellement nombreux qu’il y en avait partout. Sans pitié, ils ouvrirent le feu. Les gens moururent par centaines. Le sang coula partout, se mêla au repas qu’on préparait et tout devint rouge. Je restais cloué par terre et attendais de recevoir une balle dans la tête. A côté de moi, parent, ami, voisin tombait. D’un coup, les gens blessés ou non, commencèrent à fuir vers l’intérieur de la forêt. Je suivis le mouvement et me lançait dans la forêt. Pas de chance là-bas non plus. Ayant tout prévu, les militaires y étaient. On échappait par hasard, sinon la mort était partout.

      Ces tueries durèrent trois jours. Les 2ème et 3ème jours, les militaires nous pourchassèrent dans la forêt. Ils examinaient également les cadavres pour achever ceux qui gardaient encore le souffle. Dans la forêt, l’homme attrapé était immédiatement tué. Les femmes, quant à elles, étaient emportées. Une femme rescapée me raconta par après qu’elles étaient sauvagement violées. On les tuait par après. Les militaires mettaient les canons des fusils dans leurs sexes pour déclencher le feu. Ce témoignage fut confirmé par les cadavres des femmes que nous avons découverts par la suite. Après le troisième jour, des camions commencèrent à transporter des citernes de carburant. On brûla les corps étendus le long du chemin de fer. Cette opération a précédé l’arrivée des humanitaires.

      J’ai erré deux semaines dans la forêt. Brièvement voilà comment j’y vécus : fuyant le lieu de carnage, j’entrai plus loin dans la forêt. Sans sheeting ni couverture ni nourriture. Les trois premiers jours, la peur m’empêchait de sentir la faim et la soif. Les avant-midi, il pleuvait abondamment et les après-midi, il faisait soleil. Pendant la pluie, je restais sur place et la pluie tombait sur mon corps sans protection. Lorsque j’étais enfant, je me demandais si les fauves sauvages n’avaient pas de problèmes de froid lorsqu’il pleuvait. La forêt m’a appris que je me posais une question enfantine. On s’habitue à tout, même au pire. L’après-midi, je continuais à marcher en cherchant comment sortir de la foret. J’avais l’ambition de retourner à l’Est du Zaïre, à plus de 600 kilomètres de là….

      Vous pouvez lire le livre-témoignage hallucinant de Monsieur Maurice NIWESE intitulé « Le peuple rwandais, un pied dans la tombe, récit d’un réfugié étudiant » et édité dans la Collection « Mémoires Africaines » chez l’Harmattan en 2001 ; pages 159 à 162.