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Com105/2007 : L’Abbé Joseph NDAGIJIMANA face au pouvoir du mensonge

« Le monde est dangereux à vivre non à cause de ceux qui font mal, mais à cause de ceux qui regardent et laissent faire ». Cette affirmation s’adresse particulièrement aux évêques catholiques du Rwanda.

L’église catholique confrontée au pouvoir du mensonge : Le cas de l’Abbé Joseph NDAGIJIMANA, héros du génocide

« Le monde est dangereux à vivre non à cause de ceux qui font mal, mais à cause de ceux qui regardent et laissent faire ». Cette affirmation s’adresse particulièrement aux évêques catholiques du Rwanda et à Sa Sainteté le Pape Benoît XVI ainsi qu’à tous les hommes de bonne volonté qui devraient se mobiliser pour défendre l’Eglise catholique menacée de destruction par un groupe de criminels Tutsi impliqués dans les crimes de génocide et des crimes contre l’humanité commis au Rwanda, en Uganda et au Congo (RDC).

Pourtant il faudra bien qu’un jour tous les évêques, tous les religieux ainsi que tous les chrétiens du monde entier reconnaissent la réalité des persécutions d’ordre ethniques et politiques qui frappent injustement l’Eglise catholique du Rwanda et qui sont orchestrées par le Président rwandais et président du FPR (Front Patriotique Rwandais), le Général Paul KAGAME.

Ces persécutions se traduisent par l’emprisonnement arbitraire de nombreux religieux et religieuses catholiques qui croupissent dans les prisons mouroirs du Rwanda. Depuis plus de 12 ans, ces religieux et ces religieuses sont détenus parce qu’ils sont Hutu et Catholiques et non pour des crimes qu’ils auraient commis. Ayant été incapable de les juger équitablement devant les tribunaux ordinaires, le régime du président Kagame tente de les faire condamner arbitrairement par les tribunaux GACACA qui utilisent de nombreux « syndicats de délateurs ». La « délation institutionnalisée » au plus haut niveau de l’Etat rwandais est orchestrée par la DMI[1] (Directorate of Military Intelligence) qui a détourné les GACACA de leur mission initiale qui devait rétablir la vérité par des témoins présents sur les collines pendant le génocide.

C’est pour combattre ce « détournement criminel » de la justice que le Centre de Lutte contre l’Impunité et l’Injustice au Rwanda (CLIIR)* dénonce, pour la 7ème fois, la détention arbitraire de l’Abbé Joseph NDAGIJIMANA connu pour avoir évacué, sauvé et nourri de nombreux Tutsi et Hutu menacés pendant le génocide rwandais de 1994.

En effet pour la 7ème fois, le plus long simulacre de procès Gacaca de l’Abbé Joseph NDAGIJIMANA a été reporté au lundi 6 août 2007. Pourtant l’Abbé Joseph et d’autres détenus, qui devaient être jugés par le tribunal Gacaca de Byimana le lundi 23 juillet 2007, se sont déplacés et n’ont trouvé personne pour les juger pour le 6ème round de ce procès. Quelqu’un, qui n’a pas jugé bon de prévenir la direction de la prison de Gitarama afin d’empêcher le déplacement inutile des détenus, a demandé qu’un communiqué soit diffusé pendant la messe du dimanche 22/07/2007 à la paroisse Byimana pour annoncer le report du procès au 6 août 2007. Le 5ème round de ce procès tenu le 24 mai 2007 s’était clôturé sur l’échec de neuf témoins à charge qui n’ont pas « bien menti » car ils se sont tellement contredits jusqu’au point de mettre en colère leur propre avocat qui les a engueulés parce qu’ils racontaient souvent des « oui dires » malgré l’entraînement intensif reçu.

La volonté de nuire à l’Abbé Joseph NDAGIJIMANA n’est pas prête à prendre fin, car c’est l’Eglise catholique du Rwanda qui est visée à travers ce « bouc émissaire ». Il est emprisonné arbitrairement depuis 12 ans car il croupit dans la prison de Gitarama depuis le 14 juillet 1995. Condamné à perpétuité le 19 janvier 2001 sans aucune preuve sérieuse, il a interjeté appel devant l’ancienne Cour d’Appel. Après 13 remises d’audiences devant la Cour d’Appel de NYANZA, les magistrats ont décidé de renvoyer l’Abbé Joseph NDAGIJIMANA devant les juridictions GACACA où seuls les « syndicats de délateurs », recrutés et entraînés dans « l’art de mentir » par la DMI, ont droit à la parole.

 

Les simulacres de procès GACACA ont été déjà reportés 7 (sept) fois :

Le 1er septembre 2005 : Le 1er round de ce procès GACACA, qui a eu lieu à cette date, n’a pas été clôturé par un jugement parce que les témoignages à décharge furent de loin plus nombreux contre un seul témoin à charge qui n’a même pas su convaincre les juges présents. Le procès fut reporté au 19 janvier 2006 sous prétexte que les rescapés n’étaient pas très nombreux ce jour-là.

Le 19 janvier 2006 : le procès a été reporté parce que la député Alphonsine et les rescapés tutsi prétendant aux dédommagements n’avaient pas trouvé un avocat pour les représenter.

Les 29 juin 2006, il était prévu une descente des magistrats de la Haute Cour de la République de Nyanza sur les lieux du crime dans le secteur BYIMANA.

Le 12 octobre 2006 : le nouveau simulacre de procès fut reporté au 17 mai 2007 parce que le juge, le mieux informé sur ce procès, était malade tandis qu’un autre était absent pour des raisons qui n’ont pas été exposées ce jour-là.

Le 17 mai 2007 : faute de temps matériel pour le clôturer, le procès fut suspendu à 16h et reporté au jeudi 24 mai 2007 en commun accord avec les parties civiles.

Le 24 mai 2007 : Neuf (9) témoins choisis par la DMI ont témoigné à charge en essayant de de mentir et de déformer les événements d’une façon tellement pitoyable et contradictoire qui a mis leur avocat en colère, malgré l’encadrement et la complicité dont ils jouissent même pendant ce procès. Quatre témoins à décharge (un prêtre et trois sœurs) n’ont pas pu s’exprimer tous sous prétexte que les juges ne disposaient plus de temps pour les écouter. Une sœur et un prêtre ont pu innocenter l’accusé en expliquant comment l’Abbé Joseph les avait évacué de Ruhango vers l’évêché de Kabgayi et les approvisionnements qu’il a continué à leur apporter pendant la durée du génocide. Ce procès a été reporté au lundi 23 juillet 2007.

Le 23 juillet 2007 : L’Abbé Joseph Ndagijimana et les autres détenus se sont présentés au procès et n’ont trouvé personne pour les juger à Byimana. Quelqu’un, qui n’a pas jugé bon de prévenir la direction de la prison de Gitarama afin d’empêcher le déplacement inutile des détenus, a demandé qu’un communiqué soit diffusé pendant la messe du dimanche 22/07/2007 à la paroisse Byimana pour annoncer le report du procès au 6 août 2007.

Notre Centre recommande instamment :

       la libération immédiate et sans conditions de l’Abbé Joseph NDAGIJIMANA, reconnu comme héros du génocide, et la fin de toutes les persécutions dirigées contre les confessions religieuses au Rwanda.

       La poursuite en justice de tous les magistrats et délateurs impliqués dans l’emprisonnement arbitraire de l’abbé Joseph NDAGIJIMANA depuis plus de 11 ans et dans d’autres emprisonnements arbitraires de religieux et de religieuses.

       La libération d’autres héros du génocide comme les secouristes de la Croix Rouge Rwandaise qui ont sauvé des milliers de blessés et de réfugiés à Kigali et à Kabgayi.

       La suspension immédiate des tribunaux Gacaca qui ont perdu toute crédibilité et toute valeur judiciaire devant la population rwandaise victime de l’oppression et de l’arbitraire.

Fait à Bruxelles, le 04 août 2007

Pour le Centre, MATATA Joseph, Coordinateur.

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CLIIR* : Le Centre de Lutte contre l’Impunité et l’Injustice au Rwanda est une association de défense des droits humains basée en Belgique, créée le 18 août 1995. Ses membres sont des militants des droits humains de longue date. Certains ont été actifs au sein d’associations rwandaises de défense des droits humains et ont participé à l’enquête CLADHO/Kanyarwanda sur le génocide de 1994. Lorsqu’ils ont commencé à enquêter sur les crimes du régime rwandais actuel, ils ont subi des menaces et ont été contraints de s’exiler à l’étranger où ils poursuivent leur engagement en faveur des droits humains.

Situation de quelques religieux et religieuses condamnés arbitrairement :

1) Sœur Marie-Théopista Mukarubibi est la première religieuse catholique condamnée par un tribunal rwandais pour avoir participé au génocide de 1994. Elle a été condamnée le 8 novembre 2006 à la peine maximale de 30 ans par le tribunal gacaca de Huye, dans le sud du pays, a-t-on ajouté de même source. Plus de 20 témoins, sollicités et manipulés par la DMI,  l’ont mise en cause durant le procès, qui a duré environ un an. "Mukarubibi a débranché les sérums vitaux de malades tutsis et a délibérément affamé des patients, dont des enfants et des femmes enceintes", à l’hôpital de l’université du Rwanda, a déclaré le juge-président du gacaca de Huye, Jean-Baptiste Ndahumba. La religieuse était également accusée d’avoir aidé les miliciens auteurs du génocide à localiser des centaines de Tutsis se cachant dans l’enceinte de l’hôpital, où elle était responsable des achats et des cuisines.

Parmi d’autres condamnations arbitraires par l’autorité politique rwandaise qui a institué le Tribunal populaire GACACA pour en finir avec les intellectuels hutu, on a assisté ce même 8 novembre 2006 vers 20 heures à Butare à quatre (4) cas de 2 couples hutus hués et empêchés de se défendre par un groupe de faux témoins préparé à l’avance par ladite autorité rwandaise : Bernard UZABAKILIHO et sa femme Antoinette NYIRABAKUNGU ainsi que Athanase HAKIZIMANA et sa femme Concensa NYIRABIZIMANA. Les deux maris ont été condamnés chacun à 30 ans de prison et les deux épouses à 25 ans de prison chacune. Ils étaient tous les 4 professeurs à Cyangugu.

2) Le 2 novembre 2006, l'Abbé Jean Damascène NIYIBAHO a été condamné à 26 ans de prison par un tribunal gacaca et il a tout de suite été arrêté et conduit à  la brigade de  Butare d'où il a sans doute été transféré déjà  à  la prison de Butare. Il est originaire de Higiro et était vicaire à  Cyahinda. Nous avons appris qu’il a été relâché quelques jours plus tard.
3) Un prêtre catholique rwandais, l’Abbé Jean Marie Vianney Uwizeyeyezu, en charge de la paroisse de Kaduha dans le district de Nyamagabe (Sud du Rwanda) a été condamné le 6 octobre 2006 à 12 ans de prison « pour avoir minimisé le génocide», a-t-on appris mercredi auprès de son avocat. 
Selon l’hebdomadaire gouvernemental Imvaho Nshya, publié en kinyarwanda, le prêtre aurait, lors d’une messe en avril 2006, pendant la commémoration du génocide, minimisé les massacres de Tutsis en 1994. Le journal affirme que le l’abbé a annoncé plusieurs proverbes rwandais qui ont été interprétés comme du négationnisme.
Le prêtre a été condamné en vertu de la loi du 6 septembre 2003 réprimant le négationnisme et le révisionnisme, selon l’hebdomadaire.

4) Deux sœurs pénitentes MUKARUSINE Bernadette et MUKANYANGEZI Bénédicte ont été transférées à la prison de BYUMBA en octobre 2006 pour être jugées devant les GACACA (nous avons appris qu’elles auraient été libérés en 2007):

               La congrégation des soeurs pénitentes a deux soeurs incarcérées dans la prison centrale de Kigali depuis septembre 1994.  Il s’agit des soeurs Mukarusine Bernadette et Mukanyangezi Bénédicte, Elles appartenaient toutes deux à la communauté de Shyorongi en préfecture de Kigali.  Elles sont accusées d’avoir participé aux massacres d’Avril 1994, elles ont été arrêtées alors qu’elles venaient de rentrer du Zaïre où elles s’étaient réfugiées, en compagnie de leurs consoeurs.  Elles étaient retournées au Rwanda pour répondre à appel des autorités de Kigali de rentrer pour participer à la reconstruction du pays.

Nous avons approché les soeurs pénitentes qui étaient réfugiées dans la région du Sud-Kivu. Elles nous ont parlé de ce qu’elles pensent de l’accusation portée contre leurs deux, consoeurs et des femmes en général

Soeur Bernadette et soeur Bénédicte ont été arrêtées parce qu’elles sont accusées d’avoir tué des gens à Shyorongi. Or c’est faux d’après leurs explications ci-après : Pour nous cette accusation est fausse car  toute la congrégation a quitté Kigali pour Kabgayi en préfecture Gitarama, le 07/04/1994 soit le lendemain de l’assassinat du président HabyarimanaPar ailleurs, si les soeurs avaient eu des instincts criminels, elles auraient commencé par les soeurs tutsi, membres de leur communauté que d’aller s’attaquer à d’autres personnes de l’extérieur avec lesquelles elles n’avaient aucune relation.  Notre Congrégation comptait en tout 100 soeurs dont 55 tutsi et 45 hutu. Nous avons fait de notre possible pour protéger nos soeurs tutsi sur toutes les barrières jusqu’au Zaïre bien que nous savions que nous risquons nos vies et nous sommes arrivées à destination au grand complet.  Nous sommes parmi les rares congrégations qui n’ont pas perdu un membre au cours des massacres.

A un moment donné, les autorités de Kigali nous ont accusé d’avoir assassiné une de nos soeurs qui pourtant vivait avec nous ici à Bukavu. Cette soeur a été envoyée par la Congrégation pour travailler à Kigali et pour témoigner contre les accusations injustes portées contre nous.  Nous ne sommes pas les seules à être accusées injustement, c’est aussi le cas de deux soeurs bénédictines, une rwandaise et une indienne, qui ne sortaient jamais du couvant car elles sont des contemplatives, mais qui sont accusées d’être sorties pour aller tuer des gens à l’extérieur de leur communauté.

Après l’arrestation de nos deux soeurs, notre Congrégation, en collaboration avec l’Église, a demandé qu’une enquête soit menée pour prouver leur culpabilité.  L’enquête a prouvé leur innocence mais elles n’ont pas été relâchées pour autant.

Aux dernières nouvelles, elles étaient nourries par la Communauté des Soeurs Pénitentes de Kigali et elles avaient encore le droit de porter l’habit religieux, Mis à part ces quelques faveurs, elles partageaient les mêmes conditions que les autres prisonniers et elles essayaient de continuer leur apostolat dans la prison".

 

5) Condamnation à mort de deux prêtres NTULIYE et KAYIRANGA

Le 27 février 1998, la peine de mort avait été requise par la Chambre spécialisée du Tribunal de Première Instance de Kibuye en l’encontre des deux abbés Edouard NTULIYE et Jean François Emmanuel KAYIRANGA. Ils avaient été accusés d’avoir dirigé l’assassinat de 60 tutsi au Petit Séminaire de NYUNDO, commune Rubavu, préfecture Gisenyi (au nord-ouest du Rwanda). Le 17 avril 1998, leur jugement a été prononcé et une peine capitale leur fut infligée (voir AFP du 27/2/98). D’après notre communiqué n°41, ils ont disparu le 28 août 1998, alors qu’ils n’avaient pas encore épuisé toutes les voies de recours possibles comme le prévoit la loi sur le génocide. Ils furent libérés quelques années plus tard et Kayiranga fut envoyé à Rome tandis que l’Abbé Ntuliye se trouverait encore au Rwanda.

 


[1]              La DMI (Directorate of Military Intelligence) est une véritable « machine à tuer », une sorte de GESTAPO Tutsi créée et dirigée par le président rwandais et président du FPR (Front Patriotique Rwandais), le Général Paul KAGAME. La DMI a impunément assassiné, torturé, emprisonné et fait disparaître des milliers d’opposants politiques (réels ou supposés), des anciens dignitaires et intellectuels Hutu ainsi que de simples citoyens rwandais Hutu et Tutsi depuis plus de 12 ans.