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Mémo-2005 : Etat belge prié de retrouver M. Juvénal UWILINGIYIMANA

La Société Civile Rwandaise en exil est toujours consternée par la disparition le 21/11/2005 de M. UWILINGIYIMANA J. suite aux méthodes terroristes de 2 enquêteurs du TPIR d’Arusha.

Mémorandum adressé le 21 décembre 2005 au Gouvernement et à la Justice Belges sur la disparition le 21/11/2005 de l’ancien ministre rwandais Juvénal UWILINGIYIMANA

Les associations membres actives de la Société Civile Rwandaise en exil continuent d’être consternées par la disparition de Monsieur Juvénal UWILINGIYIMANA suite aux méthodes terroristes de deux enquêteurs du Tribunal Pénal International pour le Rwanda. Messieurs Réjean TREMBLAY (canadien) et André DELVAUX (belge), qui lui ont fait subir des mauvais traitements pendant près de deux mois, se sont appliqués à le torturer pour le forcer à « valider leurs thèses sur la planification du génocide des tutsis par les Hutus ». Lorsqu’il refusa de se plier à leur manipulation et leurs manœuvres de corruption, il disparut le 21/11/2005.
A propos de cette planification, dans l’avant-propos de son livre enquête de 480 pages paru le 30/11/2005 aux éditions Duboiris à Paris et intitulé « Les secrets de la Justice internationale : enquêtes truquées sur le génocide rwandais », le journaliste d’investigation camerounais Charles ONANA rapporte un extrait du rapport d’enquête sur le génocide rwandais publié en juillet 2000 par l’Organisation de l’Unité Africaine (OUA) : « A notre connaissance, il n’existe aucun document, aucun procès verbal de réunion et aucune autre preuve qui mette le doigt sur un moment précis ou certains individus, dans le cadre d’un plan directeur, auraient décidé d’éliminer les Tutsi (…). Il est remarquable de constater qu’à peu près tous les experts deviennent vagues ou ambigus lorsqu’il s’agit de déterminer à quel moment l’organisation et la planification systématiques sont censées avoir été amorcées ».
Si des experts africains expriment de telles réserves sur un dossier aussi grave, on peut penser qu’il y a quelque chose de troublant dans cette tragédie rwandaise.
« Est-il possible que le monde entier ait été trompé ? Est-il vrai que le Tribunal Pénal International pour le Rwanda (TPIR) juge, depuis sa création le 8 novembre 1995, plusieurs accusés sans avoir entre les mains la moindre preuve de la « planification du génocide » par les Hutus ? Est-il possible que, plus de dix ans après les faits, la communauté internationale ait validé une planification de crimes par les Hutus qui n’aurait jamais eu lieu ? Comment peut-on admettre que d’innombrables livres, articles, documentaires aient été diffusés sur la « planification du génocide » alors que cette « planification » n’est pas avérée ? Comment un gouvernement aurait-il « planifié » des massacres qui ont commencé avant sa mise en placé ? ». Ce sont toutes ces questions qui ont provoqué cette enquête de Charles ONANA.
C’est probablement pour combler cette lacune et trouver à tout prix des « planificateurs du génocide des tutsis » parmi les anciens dignitaires Hutus que des enquêteurs terroristes et sans scrupules n’ont pas hésité à terroriser, torturer et se rendre coupables de la disparition de Monsieur Juvénal UWILINGIYIMANA. Cet ancien ministre du commerce et directeur de l’Office Rwandais du Tourisme et des Parcs Nationaux (ORTPN) a disparu à Bruxelles dans la matinée du lundi 21 novembre 2005 entre 5h30 et 6h30 du matin.
Deux présumés responsables de cette disparition sont mis en cause par l’épouse et les enfants du disparu qui ont constaté les résultats néfastes de méthodes terroristes utilisées par les enquêteurs tortionnaires. Il s’agit des enquêteurs du TPIR suivants : Monsieur Réjean TREMBLAY de nationalité canadienne et Monsieur André DELVAUX de nationalité belge.
Déjà dans une lettre datée du 5 novembre 2005 adressée au nouveau procureur du TPIR, le gambien Bubacar Hassan Jallow, qui l’avait rencontré peu avant sa disparition, Monsieur Juvénal Uwilingiyimana lui avait déjà lancé son cri de détresse dans ces termes : « Je ne veux pas mentir pour faire plaisir aux enquêteurs et donner du crédit à votre thèse selon laquelle le génocide rwandais a été planifié par le MRND et l’AKAZU restreint et élargi. Je suis prêt à supporter toutes les conséquences telles qu’elles m’ont été précisées par les enquêteurs TREMBLAY et DELVAUX : je serai lynché, écrasé, mon cadavre sera piétiné dans la rue et les chiens me pisseront dessus (propres termes des enquêteurs) ».
C’est probablement ce qui lui est arrivé si un article du journaliste Gilbert Dupont paru dans le quotidien belge la Dernière Heure du 18/12/2005 et intitulé «Le ministre Juvénal Uwilingiyimana aurait-il été retrouvé mort ? » se révèle vrai : « Cadavre repêché du canal. Impossible avant lundi de dire s’il s’agit de l’ancien ministre rwandais disparu depuis trois semaines. Bruxelles : un corps sans vie a été repêché hier à Bruxelles dans le canal de Charleroi. La découverte a été faite à la hauteur de la place Sainctelette. Le corps, très abîmé…flottait entre deux eaux… et a provisoirement été déposé à la morgue du cimetière de Bruxelles Une autopsie sera pratiquée… L’état avancé de décomposition trahit un long séjour dans le canal. Le corps est celui d’un adulte… Des policiers rappellent la disparition de l’ancien ministre rwandais Juvénal Uwilingiyimana…Le Rwandais âgé de 54 ans a disparu depuis le 21 novembre ». Soyons clair: hier soir, aucun élément précis ne permet d’affirmer qu’il s’agit ou non du ministre qui dirigea aussi les grands parcs nationaux rwandais entre 1990 et 1994. Mais on sait que l’avant-veille de sa disparition, Juvénal Uwilingiliyimana a marché seul le long du canal, mais dans l’autre sens, du côté d’Anderlecht où sa famille l’a finalement retrouvé à 2 h du matin. On le savait dépressif alors que des accusations tardives avaient été lancées en août pour son rôle dans le génocide et le massacre de 4.200 compatriotes. Il niait cependant. Mais le tribunal pénal international a lancé un mandat d’arrêt à son nom. Hier soir, le parquet de Bruxelles se refuse à tout commentaire ».
Chronologie des événements et rappel des faits :

  1. En août 2005, Juvénal est mis en contact avec les enquêteurs du TPIR par un certain Michel BAGARAGAZA (détenu en aveux à la prison du TPIY à La Haye en Hollande). Il a d’abord rencontré les enquêteurs à Bruxelles pour s’entendre sur le sens de la collaboration qu’ils lui demandaient. A cette époque les enquêteurs lui demandent de les aider à rechercher la vérité sur les massacres d’avril à juillet 1994 au Rwanda. Juvénal donne son accord pour aider à la découverte de la vérité et insiste sur le fait qu’il ne doit s’agir que de la VERITE.

  2. Les rencontres de travail commencent réellement mi-septembre 2005 et Juvénal prend un après midi ici et là pour rencontrer les enquêteurs à Bruxelles. Ils le contraignent à demander un congé sans solde pour la tranquillité et la discrétion de leur travail.

  3. Début octobre 2005, les rencontres se font cette fois-ci à LILLE en France et les enquêteurs lui donnent assez d’argent pour l’abonnement quotidien du train pour un mois. Juvénal se rend tous les jours à LILLE où il subit des interrogatoires de plus en plus violents et sans aucun témoin.

  4. Après une semaine d’interrogatoires, il commença à se rendre compte que les enquêteurs avaient un agenda caché. Celui de le contraindre, par des méthodes de terreur et de torture physique et morale, à VALIDER les théories sur la « planification du génocide par les Hutus » imposées par les deux enquêteurs du TPIR, Messieurs Rejean TREMBLAY et André DELVAUX. Les deux enquêteurs lui demandaient entre autres : a) d’avouer sans pouvoir s’expliquer d’avoir commis des actes criminels dont il n’avait pas connaissance ; b) d’accuser d’autres personnes pour des crimes dont il ignore les auteurs et les circonstances dans lesquelles ils ont été commis.

  5. Voyant qu’il refusait de valider leurs théories, les deux enquêteurs se sont livrés tout au long de ces interrogatoires à des manœuvres d’intimidation qu’ils alternaient avec des tentatives de corruption pour amener Juvénal à valider leurs thèses sur la planification du génocide par les Hutus. En guise de chantage, ils ont, tour à tour, utilisé les arguments suivants: a) L’acte d’accusation, dont la lecture lui a été faite au début des interrogatoires à Lille. b) Les avantages dont il pourrait bénéficier s’il acceptait de faire ce qu’ils lui demandaient : à savoir mettre sa famille à l’abri avec des avantages financiers et des mesures de sécurité nécessaires. c) Les conséquences en cas de refus de collaborer à leurs thèses : Il irait pourrir en prison au Rwanda avec son ami Nyagasaza (un commerçant Hutu qui résidait à Naïrobi et qui avait refusé de céder aux manipulations des enquêteurs du TPIR et qui est actuellement été emprisonné au Rwanda après avoir répondu à une invitation piège pour participer à une réunion de réconciliation à Kigali).

  6. Fin octobre 2005, le cours des interrogatoires se poursuit et Juvénal subit des harcèlements quotidiens et des tortures morales intenses : insultes (imbécile, assassin, criminel) et menaces se succèdent. Juvénal rentre chaque jour d’avantage brisé et de plus en plus terrorisé. La plus grande difficulté résidant dans le fait qu’il devait faire en sorte de ne pas le montrer en public où il devait paraître normal. Il ne devait en parler ni à sa femme ni ses enfants (ce qu’il a pu faire jusqu’au moment il ne pouvait plus ignorer les questions de sa femme et ses enfants). En plus, comme il souffrait déjà d’hypertension, il passa de plus en plus de nuits blanches (insomnies) alors qu’il devait affronter le lendemain ces enquêteurs prêt à lui faire subir des traitements inhumains et dégradants: l’insulte préféré de Messieurs Delvaux et Tremblay étant « imbécile ».

  7. Mi-novembre, l’état de Juvénal était plus que inquiétant : chaque jour il rentrait de Lille (France) de plus en plus épuisé, physiquement et moralement car il n’était pas habitué à ces voyages quotidiens et encore moins à ces traitements inhumains et dégradants. Il répétait souvent à sa femme et à ses enfants qui tentaient de le consoler : "vous ne connaissez pas ce Tremblay, c’est un vrai tueur et il mettra ses menaces à exécution. Pourtant je suis incapable de faire ce qu’il me demande". Juvénal était réellement terrorisé.

  8. Début Novembre il demande et reçoit un répit pour qu’il puisse tenter de reprendre le travail et ceux qui le terrorisaient se disent qu’il valait mieux que tout paraisse normal car les absences fréquentes de Juvénal risquaient de paraître trop suspectes dans ce qu’ils appellent "le milieu rwandais". N’en pouvant plus avec ces traitements et constatant son incapacité à signer des aveux et des faux témoignages rédigés par les enquêteurs sans le consulter, Juvénal décida alors de signifier aux enquêteurs du TPIR l’arrêt de collaborer dans le sens de leurs thèse de « planification » et l’arrêt de ses interrogatoires terrorisantes à Lille. Juvénal préférait se faire arrêter officiellement pour qu’il puisse au moins bénéficier d’une assistance juridique car ses enquêteurs tortionnaires essayaient de lui extorquer de faux aveux par des méthodes terroristes en l’absence de tout cadre juridique ou assistance juridique. Il s’inquiétait du fait que la justice internationale que les enquêteurs du TPIR prétendaient représenter n’apparaissait nulle part dans leurs manières de faire.

  9. La semaine du 14 au 18 novembre était prévue pour la reprise des interrogatoires et Juvénal comptait rompre tout contact avec ces enquêteurs. Entre temps, il avait attendu en vain la réaction du procureur à sa lettre de détresse du 5 Novembre 2005. Le vendredi 18 Novembre les enquêteurs montent leur pression et empêchent Juvénal pour la première fois de prendre sa ration alimentaire de midi tout en sachant pourtant qu’il devait se nourrir pour prendre ses médicaments contre le diabète et l’hypertension. Ils lui disent que vu le nombre de gens dont il a causé la mort, il ne méritait pas de manger. Juvénal leur dit qu’il ne reviendra plus à ces interrogatoires et qu’ils n’ont qu’à demander aux autorités judiciaires belges de l’arrêter afin que ça se passe selon les règles. Les enquêteurs lui réitèrent leurs menaces et lui dirent qu’il a plutôt intérêt à coopérer à leurs thèses.

  10. Le soir du vendredi 18 novembre, à la gare de LILLE, lorsqu’ils attendent le train pour revenir à Bruxelles, les deux enquêteurs se livrent à un exercice qu’ils n’avaient pas encore exploité : l’humiliation en public. Monsieur Delvaux, l’enquêteur belge, se met à traiter Juvénal d’assassin, de sale criminel, de génocidaire et ce dans un bistrot de la gare de Lille ou des gens les entendaient. Malgré ces traitements et le fait qu’ils constataient le mauvais état dans lequel ils venaient de mettre Juvénal, les deux enquêteurs lui imposent quand même un nouveau rendez-vous le dimanche 20 Novembre à Bruxelles. Juvénal leur dit qu’il était inutile de lui fixer un autre rendez-vous qu’il ne respectera pas.

  11. Le dimanche 20 novembre 2005, JUVENAL ne s’est pas rendu au rendez-vous prévu. C’est le moment qu’a choisi Michel BAGARAGAZA (l’ancien directeur de l’Office du Thé qui a fait ses aveux et dont les enquêteurs du TPIR ne cessent de vanter la collaboration) pour l’appeler et lui demander de revenir sur sa décision et de renouer le contact avec les enquêteurs. Les deux rwandais ont alors eu une longue discussion au cours de laquelle Juvénal fait comprendre à Michel BAGARAGAZA qu’il ne marchait plus. Il en profita pour lui demander de le redire à ses amis enquêteurs du TPIR (ses tortionnaires). L’enquêteur TREMBLAY, le professionnel de trente ans, l’a aussi appelé ce dimanche pour l’intimider et l’inviter à continuer les interrogatoires. Juvénal a refusé à nouveau. Il s’ensuit un malaise brusque et inexpliqué chez Juvénal : il a de l’hypotension. Le lendemain matin il disparaît.

  12. Lundi 21 novembre 2005, jour de sa disparition, Monsieur UWILINGIYIMANA Juvénal, a quitté son domicile sis Rue Moretus, n°4 à 1070 à Anderlecht, Bruxelles vers 05h30 du matin. Il n’avait pas pu dormir de toute la nuit car sa santé s’était visiblement détériorée (vomissements, faiblesse, etc.). Sa femme, qui s’est rendormie entre temps, n’a pas su à quel moment son mari (qu’elle croyait assis dans la salle de séjour) a quitté son domicile. Les enquêteurs du TPIR ont prétendu qu’ils lui avaient fixé rendez-vous à 11h mais comment l’avaient-ils obtenu de la part de quelqu’un qui voulait couper tout contact ?

  13. Jeudi 15 décembre 2005, la police a mené quatre perquisitions au domicile du disparu à Bruxelles, chez son fils à Mons, chez un ami de la famille et chez son employeur où des ordinateurs et des documents ont été saisis. Par cette action, la police tentait de vérifier si Juvénal ne s’est pas caché quelque part pour échapper aux enquêteurs du TPIR.

CONCLUSION :
Il y a lieu de se demander pourquoi les enquêteurs du TPIR ont maltraité Juvénal sans en informer les autorités belges compétentes alors que par exemple le parquet a créé, en son sein, une Cellule Rwanda et nommé un juge d’instruction chargé des dossiers rwandais. Le personnel affecté à ces structures est justement chargé des relations avec le TPIR et les juridictions rwandaises.
Nous n’osons pas imaginer que les services belges aient été au courant, qu’ils aient laissé faire et qu’ils n’aient pas estimé nécessaire d’assurer la sécurité de Juvénal Uwilingiyimana.
RECOMMANDATIONS :
Face à cette situation, les associations membres de la Société civile Rwandaise demandent :
1. – Au Parquet de Bruxelles de sécuriser la famille du disparu en mettant tout en œuvre pour retrouver Juvénal Uwilingiyimana
2. – A la Belgique :
– d’assurer la protection nécessaire aux réfugiés et demandeurs d’asile rwandais résidant sur son territoire.
– de poursuivre Messieurs DELVAUX et TREMBLAY pour tortures et disparition de Monsieur UWILINGIYIMANA Juvénal.
3.- Au TPIR :
– de tenir les enquêteurs TREMBLAY et DELVAUX pour responsables de la disparition de Monsieur UWILINGIYIMANA Juvénal et d’assumer les conséquences qui en découlent.
– Cesser de recourir à des méthodes mafieuses, criminelles et terroristes visant à obtenir les faux témoignages à charge contre les accusés.
– De rendre justice au peuple Rwandais sans discrimination fondée sur l’identité des auteurs des crimes ou de leur appartenance ethnique.
4.- Aux USA, à la France et aux autres Pays membres permanents du Conseil de Sécurité :
– d’user de leur influence pour que le TPIR s’acquitte de sa mission de rendre Justice au peuple rwandais sans parti pris.
5.- Au Canada :
– De poursuivre Monsieur TREMBLAY pour tortures et disparition de Monsieur UWILINGIYIMANA Juvénal.
Fait à Bruxelles, le 21 décembre 2005.
Pour les associations organisatrices de la manifestation
MATATA Joseph,
Coordinateur du Centre de Lutte contre l’Impunité et l’Injustice au Rwanda
Tél/Fax : 32.81.60.11.13
GSM: 32.476.70.15.69
Email : cliir2004@yahoo.fr